L’Actualité ÉLECTIONS LOCALES DU 27 NOVEMBRE

Vers la reconfiguration de la scène politique en Kabylie

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Samir LESLOUS Publié 10 Octobre 2021 à 23:33

© D. R.
© D. R.

Les listes déposées auprès de la représentation de wilaya de l’Anie à Tizi Ouzou en vue de la participation à l’élection locale du 27 novembre prochain sont, on ne peut plus clairement, annonciatrices d’une reconfiguration sans précédent de la scène politique locale, du moins pour les cinq années à venir.

À la clôture, jeudi dernier à minuit, de l’opération de dépôt des candidatures, il ressort que, sauf dans le cas de rejet de certaines d’entre elles, 141 listes électorales seront en compétition pour les Assemblées populaires communales (APC), et cinq autres pour les Assemblées populaires de wilaya (APW). 

Vu un tel engouement, du moins en apparence, le spectre du rejet et d’un taux de participation frôlant le zéro comme c’était le cas lors de l’élection présidentielle du 12 décembre 2019, puis du référendum sur la révision de la Constitution, le 1er novembre 2020, puis encore lors des législatives du 12 juin dernier, est désormais écarté.

Certaines voix vont même jusqu’à dire que l’on peut désormais parler d’un retour à la situation d’avant la révolte populaire du 22 Février 2019. En effet, dans la forme, les élections locales — à l’exception, cette fois, de cinq communes, à savoir Tadmaït, Tizi Rached, Aïn El-Hammam, Illilten et Aït Mahmoud — ne présentent pas de grandes différences comparativement à celles de 2017 ou encore celles qui les ont précédées.

Dans le fond, en revanche, cette élection du 27 novembre prochain présage déjà un remodelage profond du paysage politique local.   Le premier fait saillant de cette élection à venir n’est autre que la fin de la mainmise sur les assemblées locales par le FFS et le RCD qui avaient pour habitude de se partager le pouvoir local. 

Ayant décidé de poursuivre sa démarche de rejet de la feuille de route du pouvoir jusqu’au bout, le RCD est allé jusqu’à sacrifier sa participation à la gestion locale pour, ainsi, évoluer désormais carrément en marge des institutions élues. Le FFS qui, lui, a fait “le choix stratégique”, dit-il, de participer à cette élection, n’a réussi à entrer en compétition que dans 38 communes sur les 67 que compte la wilaya de Tizi Ouzou.

Le plus vieux parti d’opposition qui couvrait jusque-là la quasi-totalité des municipalités de Tizi Ouzou et qui remportait à chaque fois plus de la moitié d’entre elles, voit déjà son influence s’éroder durant la mandature à venir. 

Outre cette fin de la bipolarité locale des deux partis d’opposition, le paysage politique local sera également marqué au lendemain de cette élection par la disparition de la scène des partis du pouvoir.

Dénoncés, critiqués et sévèrement malmenés par la rue depuis le début de la révolte populaire du 22 Février 2019, le FLN et le RND qui servaient de béquilles au pouvoir lorsqu’ils ne jouaient pas simplement les trouble-fêtes, ne trouvent même plus de candidats à présenter en Kabylie en général et à Tizi Ouzou en particulier.

Avec une liste pour le premier et deux pour le second aux APC et une liste chacun à l’APW, le FLN et le RND sont désormais réduits à raser les murs. Il en est de même pour le MPA et tous les autres ovni politiques du pouvoir dont l’on ne retrouve plus de traces sur le terrain. Mais pas seulement. Les partis islamistes n’ont, eux aussi, pas échappé à ce grand balayage.

Bien que n’ayant jamais réussi à mettre la main sur une assemblée locale dans cette wilaya, les partis islamistes parvenaient tout de même à engranger des sièges de plus en plus nombreux au fil des échéances électorales. Curieusement, leur percée est stoppée net cette fois tant ils n’ont même plus réussi à présenter de listes. 

La classe politique étant ainsi affaiblie dans la région, ce seront désormais — fait inédit — les indépendants qui s’apprêtent à prendre le relais tant 96 listes ont été déposées sous le sceau “indépendant”.

Une situation qui laisse déjà entrevoir un pouvoir local sans couleur et sans odeur, sinon neutre. Mais les indépendants ne sont pas aussi indépendants que l’on peut l’imaginer puisque derrière cette neutralité se cache de nouvelles formations politiques en gestation qui peuvent justement se révéler au grand jour au lendemain de cette échéance.  
 

Samir LESLOUS

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