Contribution

Zoom sur la pharmacie industrielle et non l’industrie pharmaceutique !

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Yahia DELLAOUI Publié 16 Août 2021 à 09:01

Par : Pr Yahia Dellaoui 
Chef du département de pharmacie Faculté de médecine d’Oran Professeur hospitalo-universitaire CHU Oran Professeur en journalisme

La production médicamenteuse nationale économise 300 millions de dollars par an en Algérie. Il est impératif de mettre en place un règlement adéquat, notamment pour l’introduction des molécules biosimilaires. La priorité pour une industrie pharmaceutique est la transformation des matières premières en produits finis.”

Une industrie pharmaceutique de pointe est le fleuron de l’industrie chimique d’une nation. Les pays maîtrisant les techniques de la chimie thérapeutique et de la synthèse organique médicamenteuse possèdent l’industrie pharmaceutique la plus avancée. Ma conception du développement de notre industrie pharmaceutique est essentiellement fondée sur un travail collégial et participatif où tous les composants seront sollicités en fonction de leurs compétences. La production médicamenteuse nationale économise 300 millions de dollars par an en Algérie. Il est impératif de mettre en place un règlement adéquat, notamment pour l’introduction des molécules biosimilaires. La priorité pour une industrie pharmaceutique est la transformation des matières premières en produits finis.

Cette production en chimie médicamenteuse doit répondre à des normes de qualités nationales, européennes et internationales très strictes en pharmacie industrielle. Les acteurs de la pharmacie industrielle et non de l’industrie pharmaceutique font généralement silence sur les instruments, tels que les systèmes de maîtrise de processus et de contrôle de qualité des molécules à intérêt thérapeutique, parce que l’industrie pharmaceutique est une affaire de pharmacie industrielle, ce qui justifie et rend obligatoire l’ouverture de cette spécialité (pharmacie industrielle) en post-graduation dans nos facultés de médecine.

Plus de 15 000 molécules thérapeutiques génériques sont commercialisées à travers le monde. Un grand sujet de discussion a fait l’objet de nombreux débats sur le contrôle de qualité des médicaments en Algérie. Des interrogations et des réflexions ont été relevées dernièrement à Alger, durant une journée pharmaceutique organisée par le LNCPP (Laboratoire national de contrôle des produits pharmaceutiques).

La profession de pharmacien s’est transformée comme beaucoup d’autres : d’artisanale, elle est devenue pour ce qui est de la fabrication industrielle. Forcément, le contrôle des médicaments a dû s’y adapter.  Dans cette prospection, quelques concepts issus de cette inspection seront dégagés. En effet, à l’origine, le pharmacien fabriquait lui-même ses médicaments ; le contrôle se résumait à ses propres gestes. Aujourd’hui, il le fabrique toujours mais par machines et personnes interposées. Dans la phase artisanale, le contrôle avait sur le plan législatif un caractère purement répressif intervenant pour sanctionner les délits. L’industrialisation de la pharmacie par la fabrication en série nécessitant la surveillance d’une chaîne de fabrication a insufflé au contrôle un esprit de prévention.

I- NAISSANCE DU CONCEPT (EFFICACITÉ-SÉCURITÉ)
Des molécules chimiquement proches peuvent conduire à des propriétés pharmacologiques fortement apparentées ou au contraire fortement éloignées. Aussi, il apparaît que la spécificité d’action biologique d’une molécule est liée non seulement à la composition chimique, mais aussi à la configuration spatiale de la molécule : la pharmacologie moléculaire ayant contribué à l’expliquer largement. L’attention du service du contrôle des médicaments a été attirée sur la signification biologique suite à la présence dans un médicament de molécules voisines du principe actif, produites au cours de la synthèse et de la biosynthèse ou résultant d’une altération ou d’une contamination. La toxicité tout autant que l’activité d’un médicament pouvant être en effet fort différentes. Dès lors, il ne faut pas s’étonner de voir s’installer les préoccupations sur le contrôle de l’innocuité-efficacité des substances à tous les niveaux. La recherche d’éventuelles impuretés de la DL 50 liée à la fabrication industrielle ou à une altération sera une tâche compliquée.
Devant les variétés des produits pharmaceutiques, la multiplicité des mécanismes et des réactifs mis en jeu dans les procédés de synthèse, il est pratiquement impossible de prévoir tous les corps toxiques qui pourraient être produits ou introduits aux différents stades et en cours de conservation. C’est pourquoi, surtout pour des produits dont la marge thérapeutique est faible, la détermination de la constance de la toxicité intrinsèque d’un lot à un autre (exprimée par la DL 50) sur une espèce animale bien définie devient une donnée analytique indispensable. Elle doit prendre place à côté des données physicochimiques tant pour les matières premières que pour les produits finis.

II- L’ADAPTATION DU CONTRÔLE SUITE AU DÉVELOPPEMENT DE LA TECHNOLOGIE PHARMACEUTIQUE : ÉVALUATION DE LA BIODISPONIBILITÉ
La production pharmaceutique riche en innovation dans les années soixante et protégée par les brevets s’est convertie par la suite dans la réplication d’un nombre considérable de substances aux propriétés analogues.
Ensuite, l’arrivée à terme des brevets a laissé le champ libre à la fabrication de génériques ou copies de médicaments.
Cette situation a entraîné sur le plan de la standardisation et de la qualité une plus grande dispersion des normes du médicament malgré la parution des pratiques de bonne fabrication.
Or, précisément, depuis quelques années, de nombreuses observations ont montré que les préparations pharmaceutiques chimiquement équivalentes, c’est-à-dire renfermant une même quantité d’un principe actif, n’entraînaient pas une réponse thérapeutique identique.
La stratégie adoptée par les services de contrôle pour expliquer et prévenir ces inéquivalentes thérapeutiques a été d’abolir le concept solidement établi pendant longtemps, admettant que la totalité d’un principe actif renfermé dans une forme pharmaceutique est totalement disponible à l’absorption. La possibilité d’apprécier la résorption comparée d’un médicament étudié par rapport à un médicament référence ayant fait ses preuves.
Ainsi est né un nouveau paramètre du contrôle des médicaments, c’est l’évaluation de la bioéquivalence des médicaments obtenue par des études de biodisponibilités comparées. Dans le même contexte, il est possible aussi de procéder à l’évaluation de l’équivalence thérapeutique. Les deux paramètres bioéquivalence et équivalence thérapeutiques ont le même but mais empruntent, quant à leur évaluation, deux méthodologies différentes :
- Pour la bioéquivalence, on compare les paramètres pharmacocinétiques de la biodisponibilité du médicament sur la base de tests statistiques.
- Pour l’équivalence thérapeutique, on procède à la comparaison de tests biologiques ou de signes cliniques après administration du médicament étudié et de référence.
Dans cet essai thérapeutique, l’une et l’autre méthodologie nécessitent l’homme, néanmoins des méthodes de corrélation avec des études menées chez l’animal sont quelquefois réalisables.

CONCLUSION
Aujourd’hui la diffusion de médicaments concerne des lots successifs qui atteignent de larges couches de la population ; elle dépasse les frontières du pays producteur. Aussi, les bénéfices comme les risques des médicaments sont devenus collectifs.
Dans le contexte scientifique actuel des sciences pharmaceutiques, le contrôle de la qualité des médicaments doit porter sur :
- La conformité du principe actif par rapport aux exigences des pharmacopées.
- Les exigences en matière d’innocuité-efficacité.
La conformité de la forme pharmaceutique en regard des exigences de la biodisponibilité qui écarte l’échec thérapeutique, la toxicité ou les effets secondaires ayant pour origine l’inéquivalente des médicaments.
De ce fait, aujourd’hui le contrôle des médicaments contribue au progrès thérapeutique, grâce à l’utilisation à bon escient d’une large gamme de produits présentant une puissance et une spécificité d’action reconnues.                                  
Le corps médical a-t-il un projet sérieux pour la pharmacie industrielle et non pour l’industrie pharmaceutique ? Ou ce n’est qu’une promotion pour ses dérives impardonnables, comme la location des diplômes de docteur en pharmacie (six ans de sacrifice en sciences ardu). Sans oublier la pénurie des préparateurs en pharmacie (paramédicaux), dans la délivrance et la dispensation des médicaments dans nos officines ! 
Et les exemples sont nombreux. Qu’importe qu’un chat soit gris ou noir, pourvu qu’il attrape des souris.                                                           

Va-t-on laisser pérenniser cette situation ou, pour parodier un film westren, Sartana !, si ton bras gauche te gêne, coupe-le ! Il n’y a rien à raconter, car, aux dires des confrères qui ont vu le film, il ne se passe strictement rien à l’écran, et c’est absolument sans intérêt ! Il ne nous reste plus qu’à remercier le corps hospitalo-universitaire de nous avoir puissamment aidés pour mettre sur pied un nouveau ministère de la chimie de synthèse médicamenteuse !
Je finirai par une remarque qui doit nous faire réfléchir : les meilleurs poisons depuis l’Antiquité sont ceux qui sont dissous, discrètement, dans une soupe ou dans une boisson.

 

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