Culture Il était journaliste, auteur et figure de proue du mouvement associatif

Abdelhakim Meziani, l’insatiable passionné

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Yasmine AZZOUZ Publié 23 Juillet 2021 à 18:57

© D.R
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Le parcours de Meziani est typique d’un passionné, qui ne connaissait aucune limite pour faire valoir les nobles causes qu’il défendait : l’art, la culture et le patrimoine, un patrimoine abandonné, déliquescent… Au fil d’un parcours entamé alors qu’il n’avait que vingt ans, il était devenu une figure incontournable de la scène médiatique et culturelle.

Le journaliste, chroniqueur et écrivain Abdelhakim Meziani tire sa révérence à l’âge 72 ans, des suites d’un cancer, a annoncé sa fille Isma avant-hier soir sur les réseaux sociaux. Critique de cinéma, journaliste chevronné, spécialiste du patrimoine et doté d’une sensibilité à tout ce qui a trait à la culture et aux arts, il était une figure incontournable de la scène médiatique et culturelle. Cinéma, musique, notamment andalouse, littérature, théâtre, étaient devenus une cause qu’il défendit dès sa prime jeunesse à travers sa plume et sa voix. 

Le parcours de Meziani est typique d’un boulimique du travail et d’un homme jaloux de sa culture, d’un patrimoine qui se retrouve depuis plusieurs décennies abandonné, déliquescent… Il n’était pas étonnant dès lors de le voir, lui l’enfant de La Casbah, s’investir dans le mouvement associatif. Il a été à cet effet membre actif dans de nombreuses associations de préservation de la vieille médina d’Alger et avait également mené le projet de création d’une association nommée “La Casbah autrement” pour la réhabilitation du patrimoine matériel et immatériel d’El-Mahroussa, autre nom populaire de La Casbah d’Alger, avec son initiatrice, la moudjahida Djamila Bouhired. Passionné par l’histoire de la capitale, sa musique et ses traditions, Abdelhakim Meziani était très actif au sein des associations de musique andalouse auprès de grandes figures comme Sid Ahmed Serri (1926-2015) et membre fondateur en 1981 avec le maître Smaïn Hini, de l’association El-Fakhardjia. Au début des années 1970, la vingtaine à peine entamée, il se passionne pour le cinéma, alors en pleine effervescence, et devient le secrétaire général de la Fédération algérienne des cinéclubs. Son travail était parmi les premiers, après l’indépendance, à asseoir les bases et stratégies de développement des cinéclubs à travers l’Algérie et le Maghreb. 

Côté médias audiovisuels, il animait de nombreux cinéclubs et émissions sur l’histoire et le patrimoine culturel algérien, où il invitait des artistes d’horizons divers. Dans le monde de la presse, il était chroniqueur pour plusieurs journaux, comme Liberté, El Watan, Algérie Actualités, El Moudjahid et tant d’autres. À la librairie Media-Book de l’Enag, il modérait ces dernières années des rencontres littéraires à l’“Agora du livre” où il invitait auteurs, artistes ou journalistes pour échanger et débattre autour de la chose culturelle, n’omettant jamais, à chaque prise de parole, d’apporter une précision par-ci, un complément d’information par-là ou une critique constructive pour enrichir le débat. Le défunt a aussi été membre du jury de plusieurs manifestations cinématographiques nationales et internationales dont les Journées cinématographiques de Carthage, en plus d’avoir souvent animé des ateliers de formation sur les cinéclubs.

À l’annonce de son décès, plusieurs personnalités du monde des médias et de la culture lui ont rendu hommage, évoquant un homme intègre, d’une grande culture, chevronné. Le pédagogue et auteur Ahmed Tessa a écrit : “Abattu et triste. Tour à tour, journaliste spécialisé dans les rubriques culturelles (dans El Watan, notamment), présentateur d’émissions culturelles dans diverses chaînes TV, grand mélomane de la musique andalouse, modérateur de rencontres littéraires et fou amoureux de La Casbah. Mon cher ami Abdelhakim Meziani s’en est allé vers le Paradis des Justes. Une pensée pleine de compassion à sa famille, à son épouse et à ses deux enfants.” 

L’écrivain et homme politique Kamel Bouchama a posté pour sa part un long hommage, dont nous reproduisons ici un passage : “Il y a quelques jours seulement, tu étais rayonnant de joie et d’espoir, malgré le poids de cette pénible maladie qui te consummait. Tu m’avais appelé pour un service qui t’honorait et te remettait dans ton ambiance de culture, en ces temps où les impénitents affairistes courent derrière la matière. Tu m’avais appelé, en me demandant, avec ton langage plein d’avenance et d’amabilité des gens de la cité, de te procurer si possible la photo, que dis-je, une des belles photos, de l’ancien militant et ambassadeur au Sénégal, notre ami Hadj Ali. C’était pour le besoin d’un ouvrage qui le raconte et qui serait en cours de préparation.”

Yasmine Azzouz/APS

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