Culture Alain Gresh à l’Institut français d’Alger

“Ce n’est pas en tapant sur les musulmans qu’on réglera les problèmes”

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Hana MENASRIA Publié 15 Mars 2021 à 22:18

Alain Gresh. © D. R.
Alain Gresh. © D. R.

Invité dans  le  cadre  des “Rencontres  Ibn Khaldoun”, le  journaliste et spécialiste du  Proche-Orient  a  animé  une  conférence  dimanche portant sur “L’islam, la République et le monde”.

Alain Gresh, spécialiste du Proche-Orient, ancien rédacteur en chef du Monde diplomatique et fondateur du site “Orient XXI”, était l’invité, dimanche dernier, de l’Institut français d’Alger (IFA) où il a animé en visioconférence une rencontre ayant pour thème “L’islam, la République et le monde”.

Organisée dans le cadre de la deuxième édition du cycle de débats d’idées en langue arabe ou bilingue “Rencontres Ibn Khaldoun”, l’auteur est revenu durant son intervention sur la question de l’islam en France et tous les débats qu’elle suscite, sur “le choc des civilisations” et “la guerre contre le terrorisme”.

Il a d’emblée rappelé que l’islam a toujours été une question importante en France, car “la France   coloniale a été une puissance musulmane avec des dizaines de millions de sujets”.

Tout en revenant sur plusieurs pans de la présence de la communauté musulmane (après la Première Guerre mondiale, l’arrivée des travailleurs, la création de la Grande Mosquée de Paris et sa croissance à partir de 1945…).

Concernant notre  époque, Alain Gresh  a  fait  une  petite  présentation des musulmans de France qui sont 4 millions de personnes qui “regroupent des gens très différents”.

“Nous assistons au même phénomène qu’ont connu les juifs en France, c’est-à-dire que les gens se déclarent musulmans, alors que leur relation avec la religion est assez faible”, a-t-il indiqué. Et de poursuivre : “Ils ont l’impression d’être attaqués et se sentent alors solidaires de leurs concitoyens.”

Selon le conférencier, ces personnes sont issues de nationalités et situation sociale différentes, même “si la grande majorité vit dans des conditions plutôt difficiles, nous assistons à l’émergence d’une classe moyenne et intellectuelle musulmane”, a-t-il assuré.

À ce propos, il a insisté sur le fait qu’il n’y a aucun “risque” que ces gens soient “porteurs” d’un projet de séparatisme. Sur ce dernier qui est au centre des débats à l’Hexagone, Alain Gresh a souligné que ce qui “fait le séparatisme est ce séparatisme social qui existe dans des quartiers et des villes où ils vivent en dehors de l’espace français, car l’État les a abandonnés, les services sociaux sont abandonnés…”.

Et cette situation donne l’impression aux musulmans d’être “rejetés” par l’État français. Sans oublier le climat de “peur” installé au sein de cette communauté, qui se retrouve au cœur des débats dans les médias qui véhiculent l’idée que “les musulmans ne sont pas comme nous !”. 

Le journaliste a, entre autres, mis l’accent sur le rôle du gouvernement dans la question de l’islam en signalant : “À la veille de l’élection présidentielle, nous sommes dans un climat très malsain parce qu’il y a une force politique qui a décidé de faire de cette question de l’islam une question centrale de cette élection.”

Et de marteler : “C’est dangereux, car cela peut renforcer les divisions dans la société  française”  et,  quelque  part, “ c’est  dérisoire,  car  l’essentiel  des problèmes que rencontre notre pays n’a rien à voir avec l’islam !”.

En  effet, ce pays  est  traversé  par  la  crise  sanitaire  due  au  Covid-19, le chômage, la pauvreté… “ce  n’est  pas  en  tapant  sur les musulmans qu’on réglera ces problèmes”, a-t-il précisé.  
 

Hana M.

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