La question de la parité hommes-femmes dans le monde du cinéma contemporain était la thématique abordée par la journaliste et critique suédoise Helena Lindblad, lors d’une rencontre virtuelle diffusée sur la page Facebook de l’Eunic Algeria (réseaux des instituts culturels européens en Algérie). Intitulée “L’avenir du cinéma et de la critique est une question d’égalité”, cette communication entre dans le cadre de l’événement “Jil Cilima”, premières rencontres de la critique de cinéma en Algérie (du 11 au 18 septembre), organisées par l’Eunic Algérie Cluster. Dans ce masterclass, la conférencière est revenue sur les changements opérés dans le 7e art mondial depuis ces dix dernières années, entre transformation technique (révolution numérique, explosion des plateformes de streaming…) et changement technique économique qui a totalement “modifié les règles du jeu”.
Ce dernier n’est autre que la lutte pour la parité et la diversité dans le cinéma mondial. “Le cinéma a toujours connu un système patriarcal et ce, depuis les frères Lumière. Cette dominance existe derrière la caméra (en référence aux réalisateurs, ndlr) et dans la hiérarchie du pouvoir”, a indiqué Helena Lindblad. Et l’ancienne présidente de l’Association suédoise des critiques de cinéma de souligner : “Les réalisatrices et critiques femmes ont toujours existé, mais elles travaillent dans l’inégalité et l’injustice.” Malgré l’émergence de ces cinéastes, ce secteur demeure sous la domination des hommes qui “règnent” dans les festivals et décrochent les prix les plus prestigieux. “L’univers cinématographique est inégal, et nous le constatons dans les festivals comme ceux de Cannes, de Berlin et de Venise, où les femmes sont absentes”, a-t-elle regretté. Alors que ces réalisatrices “peuvent faire des films du genre action, thriller, de guerre ou de science-fiction aussi bien que les hommes”.
Concernant la question de parité en Suède, la critique a raconté qu’en 2011 Anna Serner a été nommée directrice de l’Institut du film suédois, et immédiatement elle a commencé à évoquer la parité, car à cette période il existait seulement 10 à 20% de réalisatrices suédoises, et en 2016 le même institut a lancé l’initiative 50/50 by 2020. Une année après, Hollywood a essuyé un grand scandale de harcèlement sexuel lié au producteur Weinstein, qui a complètement modifié la donne. “Après l’explosion de Me too, les choses ont commencé à bouger.
Aujourd’hui, il y a moins de risque, moins de sexisme et de harcèlement. On constate des changements qui promettent un futur aux femmes dans le cinéma (…) D’ailleurs, beaucoup de festivals travaillent avec le 50-50 ; les cinémathèques exigent des classiques de femmes ; et il y a plus de visibilité.” À rappeler que “Jil Cilima” propose une formation en ligne destinée à une trentaine de jeunes amateurs, ainsi que des masterclass ouverts au grand public, qui seront animés tout au long de la semaine par des experts européens, qui représenteront l’ambassade du Danemark, l’ambassade de Suède, l’Institut suédois à Paris, le British Council, l’Institut Cervantes, l’Institut Goëthe et l’Institut culturel italien.
Hana M.
