Culture Khaled Rochedi Bessaih, artiste-plasticien autodidacte

“En peinture, il faut parfois éviter de se plier aux règles”

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Yasmine AZZOUZ Publié 15 Janvier 2021 à 20:19

© D.R
© D.R

Dans sa dernière exposition Âmes et fenêtres, Bessaih porte une attention particulière aux expressions visuelles et émotions de ses personnages. Pour lui, “peindre un regard et non juste des yeux est un challenge”.  Inspiré du maître italien, Amadeo Modigliani, son art transcende l’ordinaire pour puiser du mysticisme et du rêve.  Dans cet entretien, l’artiste revient sur sa création, ses inspirations et son autodidactie, qui l’a aidé “à découvrir une nouvelle partie de lui-même.”

Liberté : Votre dernière exposition, Âmes et fenêtres puise grandement dans l’univers spirituel, représenté par le regard et ses expressions. L’acte de peindre tient-il du mysticisme pour vous ?
Khaled Rochedi Bessaih :
L'acte de peindre reste à mes yeux un ensemble d'énergies puisant leur source du rêve, de l’envie, de nos peines et déboires et parfois d'une sorte d'énergie mystique qu'on ne peut expliquer. Comme une sorte d'appel à la création afin de se libérer du poids impalpable de notre subconscient. C'est comme une sorte d’exorcisme, mais pictural, servant à exorciser tout ce qui hante nos pensées et réflexions.

Une dimension métaphysique transparaît dans vos œuvres. Vous arrivez à transcrire une abstraction à travers un travail méticuleux sur le regard. L’exercice est-il difficile ?
L'expression qui se dégage d'un regard reste sans aucun doute l'élément clé de mes toiles. Peindre un regard et non juste des yeux tel est le challenge que j'aime relever à chaque fois. Faire transparaître les tourments d'une âme torturée à travers les fenêtres de l'âme d'où le titre de l'exposition. Concernant l'exercice, je ne dirai pas que c'est difficile, mais que c'est plutôt un élan de sincérité. Il s'agit surtout de se mettre dans la peau du personnage qu'on est en train de peindre et tenter d'exprimer ses sentiments par-delà son regard et son attitude et posture.

Vous vous inspirez également de Modigliani, ses visages et cous allongés. Qu’apporte cette référence du maître italien à votre peinture ?
J’ai passé mon enfance à dessiner, mais grâce au film Modigliani, j’ai compris ce qui me manquait. En clair, j’ai considéré sa vie comme un appel, et la peinture est devenue, d’un coup, une sorte d’évidence. Une certitude. Modigliani reste à mes yeux l’un des plus grands maîtres dans son domaine : sa peinture me parle complètement. Ceci-dit, il réalisait des portraits dont les personnages ont vraiment existé. Cet artiste les déformait à sa manière. En revanche, mes personnages sont imaginaires. Je n’ai jamais pris de modèle. 
Bien entendu, c’est un grand honneur pour moi de voir les autres comparer mon travail à celui du grand Modigliani, mais ce sont deux styles très distincts pour les connaisseurs.

Vous êtes un peintre autodidacte et n’avez commencé à exposé qu’en 2015. Pensez-vous que cette création qui se fait hors du circuit conventionnel vous permet d’être plus libre artistiquement ?
Je pense qu'il est important de faire une école d'art pour apprendre les différentes techniques et gagner du temps pour aller plus vite vers l'essentiel qui, à mes yeux, est celui d'assouvir le besoin de partager notre univers et donc une part intime de nous-même. 
Ceci-dit, il faut savoir mettre les études au service de son imaginaire. Le rêve n'appartient à aucune école et n'a point d'identité. Donc parfois, il peut être intéressant d’éviter de se plier aux règles et bases. 
Car, l'art reste à mon humble avis un acte libérateur. Une révolution, mais celle du cœur. La liberté dans tout travail ne peut être que bénéfique. Dans mon cas, je dirai que ça m'a aidé à découvrir et dévoiler une nouvelle partie de moi-même.

La femme aussi est très présente dans vos œuvres. Vous la peignez à différentes époques (années folles et présent) et différents stades de sa vie qu’elle soit jeune, mère, Occidentale, Algérienne…
Complètement, elle est un être magnifique et complexe, elle est l’espérance et l’abnégation, l’amour et la tendresse, celle qui nous a enfantés et aimés d’un amour sans faille, sans retour. Elle assume à la fois plusieurs rôles : mère, épouse et fille. Elle couve nos rêves, celle qui fait de nous des hommes heureux ou malheureux. Elle est cet ensemble de courbes et de formes sur lesquelles surfent nos émotions. Cette précieuse beauté qui me donne envie de prendre mes pinceaux et de caresser la toile qui la porte.

Par ailleurs, la musique, votre passion première, est le point de départ de toutes les autres formes artistiques que vous pratiquez. À quel point influe-t-elle sur votre art et votre vie quotidienne ?
Disons que la musique représente des poses entre mes peintures et sculptures qui me permettent de laisser venir l’inspiration en douceur. Une mélodie parfois vient dessiner un visage, un regard ou une posture. C’est le son qui accompagne le silence de mes personnages. Et fait chanter parfois certains textes et poèmes. 

Propos recueillis par : Yasmine Azzouz 

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