Culture Les éditions de la Sorbonne et Barzakh lui ont consacré un ouvrage

Jules Molina, à cœur ouvert

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Yasmine AZZOUZ Publié 03 Août 2021 à 17:43

© D.R
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“Un communiste d'Algérie - Les vies de Jules Molina (1923-2009)” est un ouvrage qui retrace le parcours d'un Juste (…) “habité très tôt par ses convictions, marginalisé par l'Histoire”.

“Jules n’a jamais été un personnage particulièrement visible, encore moins médiatique, il ne le souhaitait pas du tout. C’était un homme très discret. J’espère qu’il aurait été favorable à ce que nous rendions ses mémoires publiques.” 

Cette phrase écrite par la petite-fille du militant algérien pro-indépendantiste Jules Molina résume à elle seule le parcours et la vie de cet homme engagé très tôt dans la lutte pour l’indépendance, et dont les convictions et les valeurs ne seront ébranlées ni par les hommes ni le contexte socio-historique. 

Paru il y a quelques mois aux édition de la Sorbonne en France et Barzakh en Algérie, Un communiste d'Algérie - Les vies de Jules Molina (1923-2009) regroupe les mémoires de cet homme “habité très tôt par ses convictions, marginalisé par l'Histoire”, et que l’historien Guillaume Blanc a eu pour tâche d’éditer et de commenter. Jules Molina, dit “Julot”, voit le jour en 1923 à Mohammadia, près de Mascara, dans une famille d’immigrés espagnols. Très tôt, il prend conscience des disparités sociales entre Algériens autochtones et d’origine européenne, et au sein même de la communauté européenne, entre les “colons affairistes” d’un côté et les “prolétaires” de l’autre. En 1943, il est affecté au 64e régiment d’artillerie basé à Meknès au Maroc. 

L’expérience de la Seconde Guerre mondiale, le monde professionnel et son adhésion au Parti communiste algérien marqueront toute la trajectoire de sa vie. 

En 1956, alors que Molina est à la tête de l’imprimerie du journal Liberté du PCA, il est arrêté. Si l’épisode est brièvement relaté par l’intéressé, l’impact de l’arrestation et du traitement de ses bourreaux sont là : menaces, tortures physiques et psychologiques… Les conséquences de sa prise de position en faveur de l’Algérie sont sobrement relatées. Ni effusion sentimentaliste ni envolées lyriques. Comme le fait remarquer Guillaume Blanc, “c’est peu de dire que ces mémoires ne font pas dans le sensationnel”. 

Or leur richesse réside précisément dans cette sobriété. Comme l’écrivait si finement Michel de Certeau, faire la lumière sur des histoires encore silencieuses nécessite de tourner le projecteur vers “l’homme ordinaire”. Malgré les risques, Molina choisit de rester en Algérie. Guillaume Blanc estime que Jules Molina était attaché à son pays et à son parti. Son souhait était de participer “à la construction du “socialisme” que “le FLN affirme vouloir mettre en œuvre à l’indépendance”, écrit-il. Et d’ajouter  : “Son témoignage apporte en ce sens des éléments originaux sur le fonctionnement de l’État et du secteur public algérien, depuis la période ‘’socialiste’’ jusqu’au tournant libéral des années 1980. Son expérience dans des entreprises nationales révèle les bricolages des régimes de Ben Bella (1962- 1965) et de Boumediene (1965-1978) pour l’application concrète des orientations économiques.”

Cet ouvrage raconte d'abord une histoire algérienne. Celle d'un homme fidèle à ses valeurs et principes. Molina, algérien, par droit du sol et surtout algérien de cœur, est une figure aussi captivante que complexe ; militant communiste, indépendantiste, humaniste, proche de quelques cercles du pouvoir après l’indépendance et en même temps très critique envers ceux-ci. Raconter Molina aujourd’hui, c’est rappeler combien son combat et celui de ses semblables a été essentiel pour l’avènement d’un monde plus humain.

Yasmine Azzouz

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