Culture Adila Bendimerad, scénariste et comédienne

“La Fourmi marque une nouvelle époque pour le théâtre”

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Said OUSSAD Publié 12 Mars 2021 à 19:56

© D. R.
© D. R.

Rencontrée à la fin de la représentation de la pièce ‘Elhakni li jibal el wakwak’ qu’elle a jouée les 8, 9 et 10 mars sur la scène de La Fourmi, premier théâtre indépendant inauguré à Oran, Adila Bendimerad, comédienne, metteuse en scène et productrice revient sur ce spectacle monté avec Tarek Bouarara, l’impact de la Covid-19 sur les artistes et les échecs d’une sortie de crise engendrés par ‘un manque de communication’.

Liberté :  Vous avez donné une série de spectacles pour l’inauguration du théâtre La Fourmi. Que représente pour vous la naissance d’un tel espace artistique ?

Adila Bendimerad : Pour moi, le théâtre de La Fourmi est la preuve de la résilience, c'est-à-dire qu’il arrive au moment de la Covid-19, un moment où je n’étais plus remontée sur scène parce que ça devenait compliqué. 
Cette ouverture est arrivée comme un encouragement et, pour moi, il signe mon retour sur scène.

Quelle était la durée de cette absence de la scène ?

Six ans, en tout cas au théâtre. Mais j'ai dansé, il y a deux ans en France. Même si je mets en scène du théâtre de rue régulièrement, j’ai arrêté de jouer depuis des années. Quand j’étais plus jeune, j’avais créé un espace qui s’appelait “Le théâtre du printemps”, c’était un espace éphémère, mais à 23 ans, c’était un rêve d’avoir un espace privé qu’on peut gérer librement, sans l’aspect administratif. Pour moi, La Fourmi marque une nouvelle époque pour le théâtre, une expérience à suivre pour que les théâtres se multiplient et qu’on puisse libérer les énergies créatrices et le public qui a envie de renouer avec le 4e art.  

Parlez-nous de la pièce Elhakni li jijbal el wakwak que vous venez de jouer. J’avais écrit la première partie du spectacle avant de réécrire le texte avec Tarek Bouarara. C’est un spectacle qui était plus court et que j’avais mis en scène pour le théâtre de rue. Je l’ai réadapté au féminin sur scène. La pièce est inspirée de Sinbad le Marin, de Hassan El-Basri, Badr El Boudour et Kamar Ezzamane, la femme qui se travestit. C’est parti de Sinbad, et je me suis toujours dit que c’est dommage de ne pas pouvoir jouer le personnage parce que c’est un homme, mais dans les Milles et une Nuit, on a toujours ces femmes qui qui partent à la guerre en se déguisant comme Boudour. On a donc mélangé tous ces contes et on a réalisé Elhakni li jibal el wakwak.

La Fourmi est le premier théâtre privé en Algérie. Quand on investit dans un tel projet, attend-on à un retour économique ?

Économiquement, c’est plus intéressant, puisque le théâtre s’ancre traditionnellement dans la ville, la cité, la culture, ici et maintenant. Il doit raconter des choses aux gens et les gens le vivent, le consomment, veulent le voir. Je pense que plus le théâtre est vivant et connecté à sa société, plus il marche et attire les gens. Ça fait également travailler des lieux, des artistes, des techniciens. Je pense que c’est vraiment intéressant économiquement. En plus, le public algérien n’a jamais coupé avec le théâtre. On a beau sortir de grosses coupures ou voir des théâtres fermer, le public est toujours là. On a un public en bonne santé avide de culture.

L’année a été difficile pour les artistes au vu du contexte sanitaire. Comment évaluez-vous leur situation ?

Ce que je trouve dommage, c’est qu’on ne continue à consulter majoritairement que des administrateurs. Par exemple, on n’a pas toujours consulté les artistes pour le théâtre ou le cinéma et c’est très important. On fait comme si tout le monde était le tuteur de l’artiste et ça fait faire des erreurs et prendre du retard. Et pour nous, c’est particulier. Il y a eu une année de Hirak, puis la crise sanitaire, donc ce sont des moments de remise en question et des moments où on devrait travailler ensemble cette situation. Je pense que ça n’a pas donné les résultats escomptés parce qu’on n’a pas communiqué ensemble comme il le fallait.          

Où en est votre actualité ?

J’ai un film en cours qui est à l’arrêt puisqu’on a commencé à tourner juste avant la Covid et on a dû arrêter. On attend de reprendre. Le film parle de la dernière reine d’Alger, le tournage a lieu à Tlemcen et à Alger avec des acteurs de différents pays.
 

Entretien réalisé par : Said OUSSAD

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