Culture Générale de la pièce “Memory-Kelthoum” au Théâtre National Algérien

La marginalisation de l’artiste, entre hier et aujourd’hui

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Yasmine AZZOUZ Publié 11 Janvier 2021 à 23:53

La pièce “Memory-Kelthoum”, représentée au Théâtre national algérien. © D. R.
La pièce “Memory-Kelthoum”, représentée au Théâtre national algérien. © D. R.

L’œuvre de Djamila Zeggaï survole les épisodes-clé de la carrière de Kelthoum, ses succès, sa gloire et sa renommée pour se concentrer sur le sort qui a été le sien vers la dernière partie de sa vie. La colère de la comédienne est exacerbée par la marginalisation qu’elle connaîtra après toute une vie dédiée à l’art. 

L’icône du 4e art Kelthoum est l’objet d’une pièce théâtrale mise en scène par Tounes Ait Ali, écrite par Djamila Zeggaï et produite par la coopérative artistique pour le théâtre “Port- Saïd”. La générale du spectacle qui s’est tenue uniquement en présence d’étudiants de l’ISMAS –après signature d’une convention entre les deux établissements– et de la presse était l’occasion de revenir sur les dernières années de vie de la doyenne du quatrième art algérien, qui a tiré sa révérence, il y plus de dix ans déjà, un certain 11 novembre 2010 à l’âge de 94 ans. 

D’emblée, la scénographique donne un avant-goût du déroulé de l’œuvre. Une salle de séjour plongée presque entièrement dans l’obscurité. Au centre de la pièce, deux personnages, Kelthoum, assise sur une chaise à bascule et son serviteur, affable, quoiqu’un tantinet caricatural.

La relation entre ce dernier et l’actrice, au crépuscule de sa vie sert de substrat au long récit de vie, gloire et déchéance de celle qui a affronté sa famille et ses proches pour poursuivre ses rêves.

Des rêves qui l’ont menée, avec la troupe de Mahieddine Bachtarzi dès les années 1930 aux quatre coins de la planète. Égypte, Belgique, Tunisie, France, Maroc, des spectacles à succès et une renommée internationale avec sa participation dans quelques films de réalisateurs européens.

Mais l’œuvre de Zeggaï survole ces épisodes-clé de sa carrière, pour se concentrer sur le sort qui a été le sien vers la dernière partie de sa vie. La colère de Kelthoum, ici campée par la comédienne Daikha Yousra est exacerbée par la marginalisation qu’elle connaîtra après plus de 70 ans de bons et loyaux services.

Le portrait fait de la comédienne est celui d’une femme aigrie, furieuse contre son monde, contre ceux qui l’ont délaissée et l’ont poussée à la retraite. Par moments aussi, la nostalgie reprend le dessus.

Elle resurgit au travers de dialogues entre son homme à tout faire, surnommé “Nounou”, inspiré de la vie de Sarah Bernhardt et que la metteure en scène explique avoir choisi pour “équilibrer la présence des deux sexes”.

Mais l’amertume finit par reprendre encore et toujours le dessus. Zeggaï y mêle les drames de sa vie comme le rejet de la famille de Kelthoum de son art, son combat en pleine guerre d’indépendance. Montrer une femme en colère qui s’exile et s’isole du reste du monde, c’est aussi un combat mené dans le but de montrer une réalité crue, que l’on veut souvent cacher ; celle du sort réservé aux artistes.

“Je ne voulais pas la montrer autrement, parce qu’il faut dire les choses, elle a été mise en retraire alors qu’elle pouvait encore donner et je trouve ça inadmissible”, dira en substance Ait Ali, qui ajoute : “Peut-être elle, elle n’a pas pu l’exprimer, mais en tant que nouvelle génération et militantes engagées, il est de notre devoir de dénoncer cette gent féminine qui est marginalisée”. 
 

Yasmine AZZOUZ

 

 

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