Culture Sandrine-Malika Charlemagne, autrice de l’ouvrage "Sarah et Nour"

"L'Algérie fait partie de moi"

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Ali BEDRICI Publié 11 Juin 2021 à 20:18

Lecture de texte au CCA de Paris.© /Liberté
Lecture de texte au CCA de Paris.© /Liberté

De Paris : Ali Bedrici

Dans la soirée de jeudi, le Centre culturel algérien de Paris a abrité une lecture de texte de cette pièce, effectuée par le réalisateur Jean Asselmeyer, la comédienne Elodi Fischlenski et l’autrice Sandrine-Malika Charlemagne.

Le Centre culturel algérien (CCA) de Paris a abrité jeudi dernier une conférence-débat autour de l’ouvrage Sarah et Nour (L’ Harmattan-2019) de Sandrine-Malika Charlemagne. L’ouvrage est une pièce de théâtre où l’auteure “oppose deux sœurs, Sarah et Nour, issues de l’immigration maghrébine. L’une, caissière plutôt soumise, suit les préceptes de l’islam sans se poser de questions”. 

L’autre, Nour, étudiante en sociologie “et affranchie, est lancée dans une quête intellectuelle”. Après la mort de leur père, les deux sœurs “cherchent à avancer chacune à sa manière et aspirent à une certaine liberté”. Comme si le face-à-face entre les deux sœurs ne suffisait pas, l’arrivée d’Idriss, le petit ami de Nour, “catalyse et exorcise la colère qu’elles ont en elles, qui se déverse dans leur appartement HLM et les submerge”. 

Pendant une heure, l’autrice, une comédienne (Elodi Fischlenski) et un réalisateur (Jean Asselmeyer) se donneront la réplique sur des scènes choisies, mais, fait original, tout est lu au lieu d’être joué. Cependant, la force des mots transporte les spectateurs dans l’univers intérieur des deux femmes. Au fil des pages, on découvre une succession de thématiques : exploitation des salariés, esclavage, questions métaphysiques et existentielles, inégalités hommes-femmes… Cela donne l’impression que c’est un condensé de toutes les contradictions sociales et de toutes les souffrances humaines. À ce propos, l’autrice avoue : “C’est vrai et on pourrait d’ailleurs peut-être me reprocher ce foisonnement de sujets, peut-être que je voulais trop en dire.” 

Tout en ajoutant : “Mais en même temps, j’ai évoqué tous ces thèmes parce que Nour est étudiante en sociologie et elle se pose beaucoup de questions sur le monde, donc au travers de ses études en sociologie, je me suis permis d’évoquer certains thèmes liés à la société.” 

Le spectateur (ou le lecteur) pouvait logiquement s’attendre à une “lueur d’espoir” qui ne vient pas. Mais ce n’est qu’apparence, se défend S.-M. Charlemagne : “Il est vrai que la fin de la pièce n’est pas forcément lumineuse, mais on a l’espoir qui est très incarné par Nour qui veut dire d’ailleurs la lumière. Et puis, nous n’avons présenté que des extraits du livre.” 

Il faut donc se donner la peine de le lire entièrement pour en appréhender la dialectique. Écrivaine, animatrice d’ateliers d’écriture dans divers établissements et parfois comédienne de théâtre (c’est plus compliqué, précise-t-elle), S.-M. Charlemagne a plusieurs ouvrages à son actif, dont on peut citer Mon pays étranger (La Différence-2012, Sauver la beauté, poésie (éditions Transit-2018), La Voix du Moloch (éditions Velvet-2020)… D’origine algérienne par son père – né en 1944 à Makouda, où il repose depuis sa mort à 49 ans –, l’autrice trouverait “du bonheur à présenter son œuvre en Algérie” dès que ce serait possible. “L’Algérie est une partie de moi-même, même si je n’y suis allée que six fois entre 1999 et 2018 et que je vois très peu la famille, mais il y a d’abord le lien que j’avais à travers mon père.  J’ai éprouvé le besoin de découvrir d’où je viens par mon père.” 

Cette rencontre s’inscrit dans le programme des activités culturelles initié par le Centre culturel algérien de Paris et qui durera une bonne partie de l’été. Les prochains événements seront les soirées musicales qu’animera l’artiste Hamidou les 11 et 12 juin à 20h30.

A. B.

 

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