Culture “Expertise, autopsie, malaise et espoir d’une jeunesse”, de Abdelkrim Abidat

L’avenir des jeunes désœuvrés en question

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Yasmine AZZOUZ Publié 09 Janvier 2022 à 10:08

© D.R
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Le militantisme de l’auteur à la faveur du bien-être de nos jeunes et ses actions sur le terrain contre des fléaux comme la toxicomanie et la drogue font de cet ouvrage un précieux sésame pour les jeunes qui veulent s’en sortir et l’entourage qui les accompagne sur ce chemin sinueux.

C’est fort d’une quarantaine d’années au service de la jeunesse que le professeur et président de la confédération nationale de consultation et de coordination du mouvement associatif, Abdelkrim Abidat, publie l’ouvrage Expertise, autopsie, malaise et espoir d’une jeunesse. Le militantisme de l’auteur à la faveur du bien-être de nos jeunes et ses actions sur le terrain contre des fléaux comme la toxicomanie et la drogue font de cet ouvrage un précieux sésame pour les jeunes qui veulent s’en sortir et l’entourage qui les accompagne sur ce chemin sinueux. Outre l’expertise de Abidat, c’est avec le concours de 1920 jeunes que l’ouvrage a par ailleurs pu se faire. Des jeunes de l’Algérie profonde, à raison de 40 par wilaya, âgés entre 18 et 25 ans, “qui ont bien voulu contribuer à la réalisation du contenu de l’ouvrage par leurs points de vue”. Donner la parole à cette frange de la société, c’est aussi dire l’Algérie actuelle, avec ses “mutations politiques, économiques, sociales, culturelles et éducatives”. Et cette recomposition “a eu un impact profond sur la nature des relations et les comportements sociaux, un impact aussi sur les besoins et les préoccupations exprimés”.

Et à l’auteur d’insister sur le fait que les jeunes de moins de trente ans représentent 70% de la population algérienne. “Ils ont subi les effets induits par la crise multiple. Il est important aujourd’hui de s’interroger sur les voies et moyens de renouer le dialogue avec notre jeunesse pour empêcher les dérives graves et partager leurs préoccupations.” “Le premier des dangers qui guette, et qui se nourrit de la détresse de nos jeunes” est bel et bien la harga, ou émigration clandestine.

Plusieurs facteurs contribuent à ce fléau, écrit Abidat. Le premier constat est la rupture avec l’ordre social, dont les causes peuvent être liées à la déperdition scolaire, la démission parentale, dans un second temps le chômage, “les fréquentations douteuses” entre autres, et enfin la désillusion d’un avenir meilleur ailleurs, où le “désespoir devient mobilisateur”. Les autres dangers sont bien entendu la drogue, la violence et la criminalité, qui ont pour cause également “la mal-vie”, “la pauvreté”, “l’absence de l’autorité parentale” ou encore “l’absence de communication”. Il en résulte alors, souligne Abidat, “des jeunes qui échappent à toute intervention éducative, ils vont grossir les rangs des désœuvrés qui tenteront ensemble d’exprimer leurs réactions de vengeance contre la société qui reste à leurs yeux la seule responsable de leurs destins. Ces jeunes deviennent des acteurs déterminants dans le développement des vols, drogues, violence et criminalité”. L’éducateur en appelle alors au concours des pouvoirs publics et de tout un chacun pour aider au mieux ces jeunes.

Il propose ainsi “l’affermissement de l’autorité de l’État qui devra se traduire par une présence des services de sécurité à proximité (tels que la Sûreté et la Gendarmerie nationales), la réhabilitation des valeurs morales et des traditions et coutumes, l’amélioration du cadre et des conditions de vie dans les quartiers en difficulté, par des actions concrètes de mise à niveau”, outre “la conduite d’actions de protection sociale des différentes catégories de jeunes en difficulté”. Le chômage, source de mal-être pour beaucoup de jeunes, est des plus préoccupants. Une nouvelle politique doit être mise en œuvre, quand on constate que les “jeunes de 15-24 ans représentent 24,3% de l’ensemble des chômeurs”. Les mesures à entreprendre seraient, encore selon Abidat, “le renforcement des structures et la densification des réseaux de lutte contre le chômage”, “l’insertion des diplômés au chômage”, “le renforcement des mécanismes de financement des dispositifs d’emploi” ou encore “l’amélioration du climat de l’investissement national et l’allègement des procédures de création d’entreprises”. 

Même si la tâche s’avère ardue, il y va de l’avenir de nos jeunes et du pays de s’intéresser sérieusement aux conditions de vie de cette frange de la société. Le mouvement associatif, dont Abdelkrim Abidat est un acteur-clé, est l’une des solutions pour faire face à la situation de plus en plus inquiétante à laquelle les 15-30 ans font face. À noter enfin que les recettes de la vente de cet ouvrage serviront à financer les activités du Centre de prévention et de lutte anti-drogue de Bouchaoui. 

 


Yasmine Azzouz

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