
En marge de la 1re édition du festival d’Annaba du film méditerranéen, il a été animé une conférence sur la migration clandestine. Cette rencontre s’est tenue, dimanche, à l’hôtel Sabri, où se sont rencontrés des sociologues, le collectif des parents d’enfants disparus en mer et des cinéastes pour débattre sur ce phénomène. Le réalisateur et chercheur Mohamed Bensalah, dans son intervention sur “l’image et l’émigration clandestine” a soutenu que “le discours mené à l’encontre des passeurs est restrictif, c’est un discours européen. Les principaux responsables sont les dirigeants de l’État.” Ce fléau, qui existe depuis des années, persiste en Algérie ; aujourd’hui, “nous avons reçu des migrants de Palestine, Syrie, Mali… alors que les nôtres fuient le pays”, a-t-il précisé. Pour sa part, le sociologue Fouad Bouguetta a apporté des chiffres alarmants sur le nombre de migrants en Europe. “Selon l’Organisation internationale des migrations, en 2014, il a été enregistré pas moins de 274 000 émigrés clandestins en Europe. Alors qu’en 2013, ils étaient à 100 000 personnes.” Les trois routes de passage pour ces clandestins sont la Roumanie, Chypre, la Bulgarie. “En Grèce, il y a eu au moins 3 millions de personnes. Sans oublier, la Libye qui est devenue depuis sa déstructuration un grand point de passage pour l’Europe.” Concernant la harga en Algérie, les conférenciers ont jugé que cette situation est due à plusieurs facteurs, notamment économique, social, politique et culturel. À ce propos, ils ont proposé d’ouvrir le système démocratique, encourager la libre entreprise, réaliser un espace où il fait bon vivre et travailler et encourager chacun à devenir “soi”. Outre les chiffres annoncés et les éventuelles solutions, Kamel Belabed, représentant du Collectif des parents d’enfants disparus en mer, a confié avec beaucoup d’émotion : “Ces harragas sont des personnes, ce sont nos enfants. Il faut arrêter de parler d’eux comme si c’était seulement des chiffres.” Et de renchérir : “Ces jeunes n’ont pas de problèmes avec la justice, ce sont des clichés. Ces jeunes souffrent de la mal-vie. Dans ce pays la précarité est devenue légitime.” En parlant de ces jeunes, Kamel Belabed a affiché des photos de ces haragas en insistant : “Ce sont nos enfants et non pas de simples dossiers.” Et de conclure : “Nous ne pouvons pas planifier une économie pour garder nos enfants ici. Contrairement aux enfants ‘de’, nos enfants ne pèsent pas en bourse !”
H. M.