Culture Hosni Kitouni, auteur et historien

“L’histoire officielle est devenue obsolète”

  • Placeholder

Amor ZOUIKRI Publié 05 Avril 2021 à 22:22

© Liberté
© Liberté

L’auteur et chercheur en histoire s’est penché, lors de sa conférence, sur la question mémorielle entre l’Algérie et la France, à la lumière du rapport de Benjamin Stora, ainsi que sur le discours historique officiel en Algérie, qui est devenu selon lui “obsolète”.

Invité, samedi dernier, au forum culturel de la direction de la culture de la wilaya de Jijel, Hosni Kitouni a d’emblée averti que sa conférence n’est pas académique avant de faire le tour d’horizon de plusieurs thèmes liés les uns aux autres.

L’auteur et chercheur en histoire, s’est penché, dans un premier temps sur l’Islam en France, soulevant le fait, à la lumière des  débats qui animent la scène  politique outre-Méditerranée,  que  ce  pays est  le  seul  dans  toute l’Europe et  le  monde  à  avoir un  problème  avec cette religion. Pour le conférencier, ce conflit trouve ses racines dans le passé colonial de la France, qui reste, a-t-il encore souligné, “le seul pays colonisateur dans le monde avec Israël”.

L’historien a également fait un tour “des conflits communautaires” que vit la France, insistant qu’ils sont liés à son passé d’empire colonial. Le rappel de ces faits l’a ensuite conduit à aborder le sujet polémique du contentieux historique qui oppose l’Algérie à la France. C’est dans cette optique qu’il a noté qu’à chaque débat sur ce sujet, il y a un contre débat en Algérie ou en France, non sans prendre l’exemple du rapport de Benjamin Stora sur la mémoire.

Cependant, c’est l’Algérie qui subit, selon lui, ce débat de par la faiblesse de ses productions culturelles et historiques sur le sujet, qui ne trouvent pas écho en France. Et de noter que “le débat sur la mémoire se répercute sur nous et pas le contraire”. Il estime que notre crise mémorielle “profite à la France, à ses politiques et ses médias”, tout en soulignant qu’il n’y a pas une élite, des revues ou des conférenciers algériens pouvant débattre de notre histoire.

Selon lui, cette crise est la conséquence de celle vécue par l’université algérienne. “Notre histoire on la voit à travers les yeux français, par des livres et des académiciens français”, a-t-il regretté. Et de trancher qu’il “n’y a pas d’écriture d’histoire sans une liberté d’expression permettant aux historiens et aux chercheurs de s’exprimer en toute liberté”.

Pour Kitouni, l’histoire de la culture nationale “a été constituée au 19e siècle par le retour à l’identité nationale qui s’est bâtie sur l’opposition à l’histoire que veut nous imposer la France coloniale”. Fut un temps où “notre discours nationaliste a été le ciment national pour lutter contre l’idéologie coloniale”, mais cette “unicité a volé en éclat à la faveur de la crise des années 1990”. Il a aussi constaté que “l’histoire officielle est devenue obsolète”, affirmant qu’on “ne peut plus convaincre par le discours officiel”.
 

Amor Z.

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

    • Placeholder

    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00

  • Chroniques DROIT DE REGARD Trajectoire d’un chroniqueur en… Liberté

    Pour cette édition de clôture, il m’a été demandé de revenir sur ma carrière de chroniqueur dans ce quotidien.

    • Placeholder

    Mustapha HAMMOUCHE Publié 14 Avril 2022 à 12:00