Culture LA CRISE SANITAIRE A LOURDEMENT IMPACTÉ LE SECTEUR DU LIVRE

Libraire en Algérie, un combat au quotidien

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Hana MENASRIA Publié 25 Septembre 2021 à 18:17

© D. R.
© D. R.

Par : HANA MENASRIA

La crise sanitaire que vit le monde depuis deux ans a lourdement impacté le secteur culturel. Et en Algérie, c’est la chaîne du livre qui en pâtit le plus, notamment les librairies, qui ne cessent de baisser rideau faute de moyens financiers.

Depuis leur réouverture, après le premier confinement instauré en mars 2020, les librairies sont quasi vides ; les étals sont moins achalandés et les livres se vendent très peu. Trois libraires reconnus à Alger pour la qualité des ouvrages proposés et leur implication dans la question littéraire, à savoir l’organisation de rencontres et de ventes-dédicaces régulières, se sont confiés à Liberté sur cette situation accablante. 

Pour Abderrahmane Ali-Bey, de la librairie du Tiers-Monde (place Émir-Abdelkader), contrairement à l’année dernière, les choses commencent à s’améliorer, car les lecteurs sont de retour. Mais “le problème qui se pose est celui de l’importation. Tous les pays du monde importent des livres. Je ne comprends pas pourquoi l’Algérie n’en importe pas ? La production algérienne ne peut pas remplir toute la demande, et depuis la Covid-19 cela s’est accentué”, a-t-il regretté.

À ce propos, Ali-Bey a souligné qu’“il y a deux ans, de nouvelles lois ont été votées, sans l’implication des professionnels du métier. Pour celle relative à l’importation, le libraire doit soumettre la liste de livres au ministère. Si un titre ou un terme concerne par exemple l’islam ou la guerre d’Algérie, l’ouvrage est soumis au ministère concerné, à l’exemple de celui des Moudjahidine”.

Et de marteler : “Logiquement, ces œuvres doivent être seulement soumises à la direction du livre qui relève du ministère de la Culture.” Très inquiet quant au sort réservé au livre en Algérie, Abderrahmane Ali-Bey a “peur pour la plupart des libraires locataires, qui risquent de fermer d’ici à la fin de l’année. Il faut que les autorités prennent conscience de tout cela et tentent de trouver des solutions pour les aider”, a-t-il conclu, tout en souhaitant que la ministre de la Culture et des Arts consacre une rencontre avec les concernés pour aborder ces problèmes et trouver une alternative à la loi portant sur l’importation.

Dans le même sillage, l’éditrice et libraire Dalila Nadjem indique que la fréquentation de Point-Virgule (Chéraga) a repris timidement. Ainsi, comme son confrère du Tiers-Monde, elle connaît le même souci lié à l’importation : une situation inconfortable et compliquée pour les lecteurs “à la recherche de nouveautés. D’ailleurs, les bandes dessinées sont en rupture de stock”, a-t-elle informé.

Néanmoins, Mme Nadjem est plutôt satisfaite par la production algérienne. “Les œuvres algériennes ont très bien marché, à l’instar de Zelda de Meriem Guemache, les ouvrages sur le Hirak ou encore sur l’histoire. Il y a aussi un bon retour des classiques”, a-t-elle rassuré. Concernant le retour des ouvrages scolaires et parascolaires en librairie, cela est une “bonne chose”, même si “la marge est de 8%” et “le libraire ne gagne pas grand-chose”. “C’est intéressant car cela attire les parents dans les librairies et cela leur permet de découvrir d’autres livres pour leurs enfants.” 

Selon la responsable de la maison d’édition Dalimen, si les conditions actuelles ne s’améliorent pas, beaucoup de libraires risquent la fermeture.

À cet effet, l’État devrait reprendre “les commandes publiques pour remonter le niveau et autoriser, entre autres, l’importation des livres étrangers”, a-t-elle suggéré. Pour sa part, Skander Boucharef, gérant de L’Arbre à dires (Sidi Yahia), est plutôt enthousiaste, car la librairie était animée durant la saison estivale. “Tout au long de l’été, nous avons enregistré des ventes. Et nous avons enchaîné avec les livres scolaires et parascolaires pour la rentrée des classes”, a-t-il confié.

Malgré cette “renaissance”, Skander Boucharef évoque également l’absence d’importation. “Avant la Covid, l’importation des livres était limitée à quelques éditions connues. La hausse des prix et la chute du dinar ont accentué les choses ; les livres ont augmenté de 200 à 300 DA”, a-t-il signalé. Le métier de libraire est devenu un combat au quotidien qui rime avec “sacrifice” et “acharnement” pour la survie de ces librairies. 

Et “une aide de l’État ne serait pas de refus”, comme l’ont souligné Skander Boucharef et tous ces professionnels qui aspirent à semer le savoir et leur passion pour la littérature. 

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