Culture L’une de ses missions serait le combat contre “le racisme, les préjugés et l’ignorance”

Projet de création d’un musée de la colonisation en France

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Ali BEDRICI Publié 04 Mai 2021 à 20:19

© D.R.
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L’initiative lancée par des intellectuels, historiens et anthropologues algéro-français s’appuie sur un constat : “La France possède près de 12 000 musées d’histoire, mais pas un seul ne traite exclusivement de l’histoire de la colonisation.”

Dans le sillage des débats sur le rapport Stora relatif à “l’apaisement des mémoires”, des intellectuels, historiens et hommes politiques français appellent à la création d’un musée national entièrement dédié à l’histoire coloniale de la France. L’initiative s’appuie sur un constat : “La France possède près de 12 000 musées d’histoire, mais pas un seul ne traite exclusivement de l’histoire de la colonisation, qui est pourtant partie intégrante de l’histoire de France.”

Des personnalités de tous bords politiques – les initiateurs sont à majorité de gauche – dont des historiens et anthropologues algéro-français, soutiennent la proposition qui a d’ailleurs fait l’objet d’appels par le passé et pour laquelle la mairie de Paris a voté “un vœu”, équivalent à un accord de principe pour un tel lieu de culture. Un rapport parlementaire a également proposé la création de ce musée qui concernerait naturellement toutes les parties du monde où la colonisation française s’est déployée depuis le 16e siècle. “Il permettrait de donner du sens à cette partie de l’histoire de France, aux Français de toutes générations et de toutes origines.” 
Les acteurs encore vivants ou les descendants de cette histoire y trouveraient une reconnaissance. Les initiateurs de la proposition rappellent que des musées similaires existent déjà dans quelques pays comme l’Angleterre, la Belgique et l’Allemagne. 

D’aucuns trouveront que le Musée de l’histoire de l’immigration, situé dans le 12e arrondissement de Paris, traite déjà de ces questions. Il est vrai qu’à l’origine, il s’appelait “musée des colonies” pour devenir, après plusieurs changements de noms et de vocations, l’actuel Musée de l’histoire de l’immigration depuis 2007, qui abrite d’ailleurs régulièrement des expositions, films et autres événements culturels algériens que nous avons eu à rapporter. Selon ses statuts, ce musée “a pour mission de rassembler, sauvegarder, mettre en valeur et rendre accessibles les éléments relatifs à l’histoire de l’immigration en France, notamment depuis le 19e siècle”. Ce lieu où se déroulent régulièrement des événements culturels et artistiques (mais uniquement en ligne durant cette période d’épidémie de Covid-19) veut “contribuer à la reconnaissance des parcours d’intégration des populations immigrées dans la société française et faire évoluer les regards et les mentalités sur l’immigration en France”.

Les initiateurs du projet du musée de la colonisation soutiennent que son champ de compétence serait plus large que celui du musée de l’immigration de la Porte Dorée dont il serait toutefois complémentaire. “Il est urgent de construire en France ce lieu d’histoire, de savoir, de pédagogie, de transmission, de culture et de débat.” C’est le message délivré par les auteurs de la proposition qui englobe la nécessité de “combattre le racisme, les préjugés et l’ignorance”, condition sine qua non “pour vivre ensemble de manière sereine et apaisée”.

En effet, des députés ayant relevé dans un rapport “un niveau de racisme extrêmement préoccupant dans le pays” soutiennent que “les histoires qui font polémique pourraient être regroupées dans un musée afin qu’elles puissent trouver un peu de sérénité”. Ce musée, à créer dans une grande ville de France, serait à la fois numérique et itinérant pour permettre son accès au plus grand nombre. Dans cette logique, les mêmes députés appellent à “ériger dans l’espace public des stèles en hommage aux héros qui ont pu lutter contre l’esclavage et la colonisation”. La volonté de création d’un musée de la colonisation se pose comme l’une des réponses aux positions de l’extrême droite dont le discours à sens unique veut charger l’immigration (qui est une partie de l’histoire coloniale) de tous les maux de la société, ignorant son apport à la prospérité de la France. 

ALI BEDRICI 

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