Culture L’AVENTURE AVAIT COMMENCÉ EN 1989

QUE RESTE-T-IL DE L’ESPRIT DES POÉSIADES DE BÉJAÏA ?

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M. OUYOUGOUTE Publié 24 Août 2021 à 19:10

Le regretté Smaïl Oulebsir, ancien président de l’association Soummam. © D. R.
Le regretté Smaïl Oulebsir, ancien président de l’association Soummam. © D. R.

Les Poésiades étaient le seul espace d’expression à travers tout le pays dans les années 90 où poètes et poétesses mais aussi divers artistes et journalistes  pouvaient  s’y  retrouver.  Que  reste-t-il  de l’esprit de ces rencontres dans la tête des Béjaouis et des Algériens ? 

Après  huit  années  de  “bons  et  loyaux  services”, clap  de fin  sur les Poésiades de Béjaïa. Le 1er festival  national  de  poésie  avait  lieu la deuxième semaine de juillet 1989. Depuis, à la même date, les membres de l’association Soummam faisaient en sorte de maintenir le rendez-vous.

La seule entorse à la règle avait eu lieu en 1991 lorsqu’il a fallu organiser la 3e édition – pour des enjeux de la pérennité de l’activité – en décembre, comme on le verra ci-dessous. Plusieurs semaines avant le rendez-vous, les membres de l’association se démènent pour aller déposer dans les délais les dossiers de subvention auprès de la Direction de la jeunesse et des sports (DJS) de Béjaïa ou de l’APW de Béjaïa.

Le plus souvent les factures des fournisseurs, des hôteliers, des restaurateurs, des maisons de jeunes ou des dortoirs des lycées, ne sont réglées que plusieurs mois après. “Il ne manquait que les huissiers. Heureusement que nos créanciers étaient compréhensifs. Mais ce n’est pas toujours le cas”, s’était remémoré quelques mois avant son décès, Rabah Derrahi, le trésorier de l’association.

Mais avec le temps, on a assisté à un retrait progressif des anciens membres de l’association culturelle Soummam, démotivés. Et cela a fini par déteindre sur la dernière équipe encore aux commandes, qui a décidé de jeter l’éponge à son tour. Le rendez-vous était pourtant demeuré incontournable durant les années 1990.

Les Poésiades étaient quasiment le seul espace d’expression à travers tout le pays où poètes et poétesses mais aussi divers artistes et journalistes pouvaient s’y retrouver. Que reste-t-il de l’esprit de ces rencontres dans la tête des Béjaouis mais pas seulement puisque les citoyens venaient de toutes les wilayas ?

Ils se rencontraient l’espace d’une semaine dans le théâtre de la ville de Béjaïa où se déroulait l’essentiel de l’activité : un concours de poésie dans les trois langues : tamazight, arabe ou derdja et en français.

De la poésie a été déclamée même en espagnol en 1992 lorsqu’un groupe d’artistes est venu spécialement des Îles Canaries pour prendre part à ce festival national de poésie. On venait même de France, tient-on à rappeler.

Bien que la politique ait repris ses droits en cette fin des années 1980 avec le multipartisme et l’explosion des journaux privés, beaucoup d’Algériens continuaient, néanmoins, à s’intéresser à la culture.

Le meilleur exemple avait été donné en 1991 où la nouvelle équipe ayant pris les rênes de l’association après le départ en France du poète et écrivain, Abdelaziz Yessad. Autour des défunts Smaïl Oulebsir et Rabah Derrahi, les 3es Poésiades ont été organisées – cela ne s’invente pas – dans les locaux du FLN, mitoyen du siège de l’association. Le théâtre étant occupé par les partis politiques lors de la campagne électorale pour les législatives avortées de décembre 1991.

Mais les habitués des Poésiades, le défunt Tahar Djaout, l’animateur de la chaîne Ii Ahmed Oumaziz, le journaliste et chroniqueur du Matin et d’Afrique Asie, Samy Abtroun, Abdelhamid Lagouati, qui vient de nous quitter, ont tenu à y être et à marquer de leur présence ces rencontres pour leur pérennité.

Beaucoup avaient  tenu  à  faire acte  de  présence.  Et  ils avaient raison car, depuis, l’association est devenue un lieu de rendez-vous pour tous les acteurs sociopolitiques et institutionnels. On venait des Aurès, de l’ouest algérien, mais aussi de Tunisie, de Libye...

C’est d’ailleurs grâce aux membres de l’association que le festival de Baloul sur les hauteurs d’Arris à Batna avait pu avoir lieu. Ils avaient réussi à faire gagner à leur cause l’ancien ministre de la Culture, le défunt Abou Bakr Belkaïd, qui n’a pas hésité à engager le gouvernement dans cette action : sortir de l’oubli les fameuses citadelles de Baloul de quelque 14 étages, érigées sur une falaise haute de 150 mètres.
 

M. OUYOUGOUTE

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