Culture NOUVEL ESSAI DE BENALI SACI

Qu’est-ce que le Hirak du point de vue officiel ?

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M. OUYOUGOUTE Publié 14 Janvier 2022 à 18:11

© D. R.
© D. R.

■ L’essai de Benali Saci, Le Hirak et les armes silencieuses, paru aux éditions ANEP en septembre 2021, gagnerait à être lu. L’auteur, diplômé de l’Ecole nationale d’administration (ENA) et titulaire d’un doctorat en sciences politiques et relations internationales, aborde le Hirak, authentique, du point de vue officiel.

C’est en ce sens qu’il est important de s’y intéresser. Il tranche avec ce qui a été écrit jusqu’à maintenant sur le mouvement populaire du 22 Février.

L’essayiste écrit : “La rue algérienne, qui est devenue un acteur incontournable, a rejeté la confiscation du pouvoir par un cénacle mafieux politico-financier.”

Aussi, la population n’avait d’autre choix que de “recourir à des contestations pacifiques pour mettre fin à une oligarchie mafieuse, dénommée 3issaba, dont l’appellation exacte est kleptocratie” (gouvernement de voleurs, ndlr). Les Algériens ont appelé, écrit-il en page 95, à “l’arrêt du processus électoral pour un 5e mandat” et à “l’application des articles 7, 8 et 102 de la Constitution de mars 2016”.

Toutefois, explique-t-il, « si l’oligarchie financière, qui s’est imposée comme tutrice, a été balayée par le Hirak, certains figurants surfeurs, que la presse d’outre-mer désigne comme de “grandes figures du Hirak”, ne cachent pas “leurs intentions de faire autant que la 3issaba”. Comment ?

En usant et abusant des armes silencieuses, que sont “les médias, les réseaux sociaux et les méthodes de renversement de situation, dont la non-violence, concoctées dans les laboratoires occidentaux”, que l’auteur traite en première partie. Il enchaine, en deuxième partie en développant la sémiologie des contestations populaires. Une discipline qui étudie les signes et les systèmes de signes qui ont été scandés par la rue.

La troisième partie porte sur l’application de la triangulation dans le domaine politique. La triangulation est aussi une arme silencieuse pour l’auteur, car elle traite “des jeux et manœuvres triangulaires des médias, des parties étrangères et algériennes, qui essaient de travestir la réalité et d’envenimer la situation”.

La quatrième partie traite de ce que Benali Saci qualifie de “dérive du Hirak” et qu’il traite de “néo-hirakistes”. Et dans la cinquième partie, Benali Saci aborde “la démocratisation de la démocratie”. Il s’agit en l’occurrence de remettre en cause la démocratie représentative au profit de la démocratie participative. Le seul régime politique qui permet une forte participation de la société civile.

Si l’auteur est dans son droit de défendre le point de vue officiel – à savoir que le Hirak a opté pour “la voie de la raison en allant à l'élection présidentielle du 12 décembre 2019” et “n'a pas écouté le chant des sirènes qui le poussaient à aller vers une période transitoire et dix millions d'Algériens sont allés voter”, pour reprendre les mots du chef de l’Etat dans l’entretien qu’il avait accordé à Le Point – il s’interroge avec insistance pourquoi aller vers une période de transition (page 82) alors qu’il n’a cessé, durant tout son argumentaire, de démonter en pièces les partisans d’une période de transition.

Autre critique : Benali Saci ne devait pas être sélectif en évoquant les mouvements sociopolitiques qu’a connu l’Algérie depuis son indépendance. Il a omis, consciemment ou inconsciemment, de citer le Printemps berbère d’avril 1980, les émeutes de 1982 et 1986 et enfin le Printemps noir de 2001.

Et il a dénié à ceux qui mettent en avant la marche du 16 février dans la ville historique de Kherrata – qu’il ne cite pas dans le texte – en les accusant (page 85) de vouloir “falsifier l’histoire du mouvement de contestation”.
 

M. OUYOUGOUTE 

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