Culture PLUS DE 25 000 migrants Y VIVENT

TAMANRASSET, l'Eldorado des subsahariens

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Hana MENASRIA Publié 13 Avril 2021 à 00:09

© Archives Liberté
© Archives Liberté

On  y  croise  presque  toutes  les  nationalités  du  continent, Tamanrasset est la région la plus ouverte sur l’Afrique. Porte d’entrée, point de passage mais aussi lieu de vie pour des milliers de migrants.

Elle constitue le principal point d’entrée de l’Algérie depuis sa frontière Sud. Grande comme la France, Tamanrasset est un véritable havre de paix. Ses paysages paradisiaques et ses habitants, connus pour leur générosité et leur hospitalité, suscitent l’émerveillement et ensorcèlent tous ceux qui posent le pied sur le sol de la capitale du Hoggar. 

Sa richesse économique et culturelle n’attise pas seulement la curiosité des touristes friands d’aventures, mais également ceux qui aspirent à se construire un avenir, comme ces migrants en provenance des pays limitrophes. Carrefour important avec les pays du Sahel — à 400 km du Mali et à 950 km du Niger —, ville cosmopolite, Tamanrasset devient, au fil des années, le lieu de prédilection et de refuge pour de nombreux migrants subsahariens qui fuient leur pays pour maintes raisons (pauvreté, guerre, climat…).

En raison des nombreuses opportunités qu’elle offre et de l’environnement culturel, elle est en passe de devenir une espèce d’eldorado à l’algérienne. Selon une étude qualitative sur la situation des migrants subsahariens en Algérie, réalisée en 2018 par l’association Green Tea, “pas moins de 25 000 migrants résident à Tamanrasset”.

“Malgré la pandémie de Covid-19, l’immigration n’a nullement cessé et nous enregistrons en moyenne entre 100 à 150 entrées par mois”, a indiqué à Liberté Saïda Benmessaoud, médecin vétérinaire et directrice exécutive de l’association. La responsable a, entre autres, expliqué : “Cela nous a pris une année entière pour la réalisation de cette étude. Prochainement, celle de 2020 sera finalisée, et nous avons constaté que les chiffres ont nettement augmenté.”

L’équipe dynamique de Green Tea, dévouée pour la promotion de la santé et les aides humanitaires, a entrepris ce projet dans l’objectif de “réaliser une analyse fiable sur la problématique de la migration et contribuer ainsi à l’amélioration des politiques et au renforcement des capacités institutionnelles et associatives fondées sur une meilleure connaissance de ces flux et de leurs caractéristiques”, est-il précisé. Car, la migration constitue une “question sensible” de par sa dimension politique, économique, culturelle et sociale.

À cet effet, pour sa réalisation, les bénévoles et membres de l’association ont rencontré pas moins de 6 280 personnes et ont réalisé un total de 3 722 entretiens avec des migrants, et ce, en leur soumettant un questionnaire portant sur plusieurs informations (âge, sexe, nationalité, conditions de voyage, lieu de regroupement, profession, raisons de migration...).

D’après le Dr Saïda Benmessaoud, une communauté composée d’une vingtaine de nationalités — 83% d’hommes et 17% de femmes  du Niger, du Mali, du Sénégal, du Bénin, de Côte d’Ivoire, du Ghana, de Guinée — a élu domicile dans la capitale de l’Ahaggar. “Ils habitent dans des foyers dont les chambres sont louées par les habitants de la région à 200 DA par jour.

Depuis des années, ils ont formé dans ces quartiers, se situant au centre-ville ou à Tihegouine, leurs propres communautés, c’est-à-dire dans chaque maison cohabitent des personnes de même nationalité, elles ne se mélangent pas.” Majoritairement âgés entre 20 et 30 ans, ces migrants ont quitté leur pays d’origine par manque de travail (60%), la pauvreté (9%), insécurité (7%), violence (2%), ainsi que pour d’autres raisons (sans précision) qui, eux, sont estimés à 15%.

“Même si 63% des migrants passent par l’Algérie pour partir en Europe, un pourcentage de 7% décide de rester à Tamanrasset pour des raisons sociales et culturelles — proximité, style vestimentaire, couleur de peau, tradition culinaire — et ils se sont bien intégrés”, affirme le Dr Benmessaoud. 

À rappeler que l’Algérie est, entre autres, une destination prisée, car elle offre plusieurs avantages, notamment la sécurité, le marché de travail et l’accès gratuit à la santé. À ce propos, la directrice exécutive de Green Tea informe que les migrants “travaillent dans de nombreux secteurs comme le bâtiment, le commerce, l’agriculture, la mécanique, l’informatique ou encore dans la restauration.

Même pour nos mariages, nous faisons appel à eux pour la cuisine et la confection de robes traditionnelles”. Très intégrés dans leur pays d’accueil, malgré leur situation et leur statut de sans-papiers, ces hommes et ces femmes ont construit leur vie dignement.
 

De notre envoyée spéciale : HANA MENASRIA

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