Culture représentation d’“Aramel” au Festival national du théâtre professionnel

Une tragicomédie aux relents féministes

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Yasmine AZZOUZ Publié 13 Mars 2021 à 21:29

La pièce “Aramel” de Chahinaz Neghouache. © D. R.
La pièce “Aramel” de Chahinaz Neghouache. © D. R.

Pour cette première soirée de compétition au 14e FNTP, l’ombre de Jean Cocteau et son École des  veuves  planait au-dessus de l’ancien Opéra d’Alger.  La  metteuse  en  scène et scénographe, Chahinez Neghouache, la réadapte sous le titre  d’ Aramel  pour  en faire une tragicomédie aux accents féministes, portée par Mouni Boualem et Nedjla Tarli. 

La première représentation au Festival national  du  théâtre  professionnel a eu  lieu, vendredi  soir  au  TNA,  institution  qui abrite  traditionnellement  la manifestation depuis ses débuts. 

Ce   14e   rendez-vous   avec  les  planches  revient  après  deux   ans  d’absence, autant dire une éternité  pour  les  comédiens, notamment  ceux  des théâtres régionaux, pour qui le FNTP est un tremplin et une vitrine pour faire valoir leur talent. Pour cette première soirée, l’ombre  de Jean Cocteau et son École des veuves (une adaptation  de l’École des femmes de  Molière) planait au-dessus de l’ancien Opéra d’Alger.

À son tour, la metteuse en scène et scénographe, Chahinez Neghouache, le réadapte  à  la “sauce”  algérienne  sous  le  titre  d’Aramel  (Veuves) pour le compte du Théâtre régional de Constantine. 

À l’algérienne, ou à l’orientale serait plus juste, puisque le spectacle rend compte du sort réservé à la veuve dans les pays maghrébins et arabes affublées du détestable titre de “hajala” . Dans le rôle de la veuve éplorée : Mouni Boualem qui prend les traits d’Assia, la femme d’un notable qui vient de décéder.

Dans un cimetière lugubre, elle remonte le fil de son destin et l’histoire de son couple en s’accrochant au cadavre de son mari, sous l’assistance de sa servante “Ahlem” campée par l’excellente Nedjla Tarli.  L’atmosphère créée par Chahinez qui a eu la double casquette de metteuse en scène et scénographe, s’apprête au propos de son œuvre, lugubre, noire, qui prône toutefois un cynisme philosophique aux relents féministes.

Les deux personnages principaux, découvrent les non-dits et les secrets du couple, notamment ceux de ce mari, Nadjib, professeur bien –en apparence–sous tous rapports. Assia découvre un tout autre visage de son époux au fil des confessions de sa servante et d’une jeune étudiante de Nadjib.

Ce dernier, qui vivait aux crochets de son épouse, une bourgeoise influente, est un personnage sombre, misogyne, séducteur invétéré, pour qui seul comptait l’image qu’il donnait à la société. Le deuil d’Assia se fait peu à peu.

En l’espace d’une nuit passée dans ce sinistre endroit, elle se rend compte du mensonge qu’a été toute sa vie, sous l’influence, voire  l’endoctrinement d’un mari violent, opportuniste et hypocrite.  Le  tragique  n’est  pas  le  seul genre duquel a puisé Neghouache pour sa pièce.

Pour conjurer le mauvais sort, ses personnages recourent à la comédie, note-t-on, dans les moments les plus difficiles. Dédramatiser, relativiser et aller de l’avant   semble  d’ailleurs être  le leitmotiv  d’Assia, qui balaye d’un revers de main des décennies d’abus en tout genre.

Le côté comique apporte cependant son lot de clichés, concernant les deux sexes ; entre la femme fragile, la jeune pimbêche et la servante fureteuse, la pièce se perd dans des considérations superficielles. À noter que cette 14e édition se poursuit jusqu’au 21 mars au TNA. Aujourd’hui, la pièce Safqa du Théâtre régional de Tizi Ouzou sera représentée à 18h.

Elle sera suivie d’un débat avec les comédiens et le metteur en scène, Haïdar Benhassine, à la salle M’hamed-Benguettaf. 

 

Yasmine AZZOUZ

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