Des Gens et des Faits 15e partie

L’ éternelle blessure

  • Placeholder

Taos M’HAND Publié 01 Janvier 2021 à 19:54

Résumé : Anissa a la chance d’avoir un oncle aussi ouvert d’esprit que tolérant. Il lui fait confiance. Elle ne le trahira pas. Elle fera tout pour qu’il soit fier d’elle. Lorsqu’ils arrivent à Chlef, après avoir déposé leurs affaires, ils se rendent à l’académie où son ami les reçoit et prend le dossier. Il espère avoir une réponse, pour le lendemain. Nedjmeddine l’emmène faire connaissance avec sa future colocataire.

Durant l’après-midi, ils se sont rendus dans la ferme d’un ami pour y passer du temps en toute quiétude. L’ami en question a des employés tous armés. Ils se promènent à travers les champs avant de faire une pause dans le jardin d’orangers. Ils prennent des photos souvenirs. 
-Je crois que je n’ai jamais été aussi heureux et serein de toute ma vie.
-Ce sera toujours comme ça, promet Anissa, en se blottissant dans ces bras. Si j’obtiens le poste, nous serons contraints d’avancer la date du mariage. Je ne nous imagine pas ensemble tous les jours et lutter contre l’envie et le désir d’aller plus loin.
-Tu as raison. C’est dur de maîtriser ses émotions.
-On ferait mieux de rentrer, dit Anissa. Je n’ai pas encore parlé à mon oncle. Il va se faire du souci.
Nedjmeddine ramasse leurs affaires, puis retournent à la ferme. Son ami et sa famille les invitent à rester dîner. 
-Une autre fois, promet Nedjmeddine. Je dois la déposer à sa pension avant d’aller au commissariat. Merci de nous avoir permis de nous souffler un peu.
-Vous serez toujours les bienvenus. Soyez prudents sur la route.
Nedjmeddine et Anissa ne traînent pas et reprennent la route avant la tombée de la nuit. Ils passent chez lui pour qu’elle récupère ses affaires. Anissa est toute triste quand il la dépose chez Nadia. 
-Appelle-moi ce soir. 
-Promis, à ce soir.
Nedjmeddine ne part pas avant qu’elle ait frappé et qu’elle soit entrée. Il entend les jeunes femmes l’accueillir chaleureusement. 
Anissa qui connaît déjà Nadia, est présentée aux deux autres enseignantes Zina et Samia. Elles sont plus âgées qu’elle et viennent de villages reculés. Elles sont soutien de famille. 
-On leur rend visite que durant les vacances. C’est trop risqué de partir.
-Inchallah qu’un jour le pays retrouvera la paix et qu’on pourra circuler sans craindre d’y laisser sa vie. Avant, on avait peur des accidents de la route ou de tomber sur un psychopathe, maintenant, il y a ces groupes armés. Ils mettent leurs menaces à exécution dès que l’occasion se présente à eux. 
-Les enseignants de français et d’anglais sont aussi menacés que la police, les soldats et les intellectuels. Qu’Allah nous protège.
-Inchallah.
-Tes parents ont accepté facilement que tu viennes ici, ou tu as eu des difficultés à les convaincre ?
-J’ai perdu mes parents quand j’étais enfant. Depuis, j’ai vécu chez mon oncle, leur raconte-t-elle avant de se rappeler. Est-ce que je peux lui donner un coup de fil ? Je ne tarderais pas, promet-elle. Est-ce que je peux avoir votre numéro pour que ma famille puisse m’appeler ?
-Bien sûr…
Nadia l’écrit sur une feuille et le lui remet. Elle l’invite à la suivre à sa chambre et la laisse appeler son oncle. Il est encore à la tour de contrôle. Il lui demande d’appeler à la maison et de laisser son numéro, chose qu’elle fait après avoir raccroché avec lui. Sa tante prend son appel et lui reproche de ne pas les avoir joints avant. Anissa s’excuse.
-Ton oncle était malheureux à ton départ. Je ne l’avais pas vu pleurer depuis la mort de tes parents. S’il m’avait écouté, il n’aurait pas travaillé aujourd’hui. Je ne crois pas qu’il ait pu se concentrer comme avant.
-Tu t’inquiètes pour rien, je viens de lui parler. Il était concentré sur son écran. Je lui parlerai demain. Je ne peux pas tarder, mais vous pouvez m’appeler au numéro…
Anissa le lui donne avant de raccrocher. Elle appelle ensuite Nedjmeddine. Elle le trouve dans tous ses états. Il raccroche rapidement, sans avoir pu lui donner le numéro. Elle sursaute en entendant des coups de feu au loin, et ne peut s’empêcher d’avoir peur pour lui…

 


(À SUIVRE)
 T. M. 

[email protected]
Vos réactions et vos témoignages sont les bienvenus.

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

    • Placeholder

    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00

  • Chroniques DROIT DE REGARD Trajectoire d’un chroniqueur en… Liberté

    Pour cette édition de clôture, il m’a été demandé de revenir sur ma carrière de chroniqueur dans ce quotidien.

    • Placeholder

    Mustapha HAMMOUCHE Publié 14 Avril 2022 à 12:00