Des Gens et des Faits 16e partie

L’ éternelle blessure

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Taos M’HAND Publié 02 Janvier 2021 à 19:43

Résumé : Nedjmeddine et Anissa se rendent à la ferme d’un ami. Ils passent l’après-midi à se promener à travers les champs et la plantation d’orangers. En fin de journée, ils retournent à Chlef. Nedjmeddine la dépose avec ses affaires chez Nadia. Anissa appelle son oncle, mais ne peut pas lui parler. Sa tante lui confie qu’il est malheureux depuis son départ.

-Qu’est ce qui se passe ?, demande Anissa en rejoignant ses hôtes. Qui tire ?
Elle veut regarder par la fenêtre et se rend compte que tous les volets sont fermés. Nadia la prend par le bras, l’invite à s’asseoir dans le salon avant que Zina ne baisse la lumière du lampadaire.
-Allah yestar, c’est tout ce qu’on peut dire. Anissa, il ne faut jamais rester près des fenêtres, il peut y avoir des balles perdues. Ne va pas risquer ta vie pour rien.
-On ne peut pas savoir de ce qui se passe vraiment ? 
-Ça peut être les bons ou les méchants, plaisante Zina sans rire. Mais demain, on en saura plus.
-Ma chérie, il faudra t’y habituer. Les coups de feu et les cris dans la nuit, pour nous, ce n’est pas nouveau, dit Samia. On est ici, depuis quelques mois et…
Anissa a la chair de poule. Elle se ronge les ongles.
-Oh mon Dieu ! Je ne pourrais jamais supporter ça !, s’écrie-t-elle. Comment vous faites ?
-L’habitude, répond Nadia. Tout ce qu’on souhaite, c’est de ne jamais tomber sur eux. Ma chérie, je te souhaite bien du courage. Tu es fiancée à un commissaire, il est en train de voir des collègues mourir. C’est atroce, même s’il est courageux, il doit avoir peur de connaître le même sort.
-Arrête ! J’étais en train de lui parler quand il y a eu les tirs. Nedjmeddine a coupé…
-C’est rassurant, il n’était pas dehors. Ma chérie, un conseil d’amie, convaincs-le de changer de métier. Là, il risque sa peau, tu es trop jeune pour devenir veuve.
-Arrête de parler de mort, tu vas nous porter malheur. 
-Il ne lui arrivera rien, affirme Nadia. Il va redoubler de prudence pour être avec toi. Mais si tu as un peu de pouvoir sur lui, il faut que tu le persuades de quitter la police. Ce  n’est pas pour t’angoisser, mais c’est un métier risqué où ils sont rares ceux qui y feront de vieux os.
Dehors, le silence est revenu. Anissa a l’estomac noué. Après le bel après-midi passé en compagnie de son fiancé, elle qui aspirait à rêver de leur avenir est si angoissée qu’elle ne peut rien avaler au dîner qu’elles ont préparé.
-Est-ce que je peux utiliser le téléphone ?, demande-t-elle à Nadia, juste pour m’assurer qu’il va bien.
-Vas-y ! Fais comme chez toi.
Anissa la remercie, et s’en va dans la chambre pour l’appeler, mais il n’est plus au bureau. Elle raccroche en soupirant. Nadia la rejoint, elle a apporté des draps et une couverture.  
-Ce soir, on partage la chambre, tu ne dormiras pas seule. Tu sais, on ne voulait pas t’effrayer et t’angoisser. On a l’habitude de parler de ces choses parce qu’on les vit depuis notre installation ici. Là d’où tu viens, c’est calme, n’est-ce pas ?
-Oui, répond Anissa. Notre quartier résidentiel est calme. On est au courant des attentats, des embuscades, des kidnappings, à travers la presse, la radio… Dieu soit loué, on n’a jamais été confrontés à eux.
-Vous en avez eu de la chance, prie pour qu’elle dure.
-Inchallah ya Rabi. Nadia, je mourrais s’il lui arrivait malheur. Personne ne mérite de mourir par balles.
 

(À SUIVRE)
T. M.

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