Des Gens et des Faits 19e partie

L’ éternelle blessure

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Taos M’HAND Publié 06 Janvier 2021 à 08:48

Résumé :  Anissa pense à abandonner, elle veut en parler à Nedjmeddine et espère qu’il comprendra ses peurs. Mais quand il l’appelle pour la prévenir que le poste était pour elle et qu’elle doit aller à l’académie, il lui rappelle que l’insécurité règne partout. Elle finit par se rendre à l’académie. L’ami la félicite, elle se confie à lui et il la rassure. Il n’y a pas d’attentats tous les soirs, et Nedjmeddine fera tout pour la protéger.

-Qu’Allah le protège, lui et ces semblables. Vous savez qu’il pourra être muté dans une autre région ?, lui rappelle Sid Ahmed. Là où il y a moins de danger. Il ne faut pas être pessimiste, et ce climat d’insécurité est temporaire. 
-Inchallah. Je n’arrive pas à positiver depuis hier. Merci de me rappeler que les choses peuvent évoluer… Merci.
-Alors ?, demande-t-il. Est-ce que vous avez pris une décision ? 
Anissa hésite encore un peu avant d’accepter de signer. Il la félicite et la rassure. Elle n’allait pas le regretter. Il lui remet l’affectation au collège.
-J’espère que vous allez vous y plaire. Nous a
urons l’occasion de nous revoir. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, vous savez où me trouver. Saluez Nedjmeddine pour moi.
-Je n’y manquerais pas. Encore une fois merci.
Anissa ne tarde pas à partir, avec le document. Hamid, l’agent civil, est encore là. Il la félicite. Elle en déduit que Nedjmeddine et lui sont proches s’il lui a confié pourquoi elle s’est rendue à l’académie. 
-Merci. 
-Ma grande sœur enseigne aussi, dit-il. Je vous la présenterais un jour. C’est un noble métier que vous allez faire. 
-Votre travail l’est aussi. Merci de m’avoir emmenée à mon rendez-vous. Nedjmeddine nous attend au commissariat ?
-Non, chez lui… Quand vous serez mariés et qu’il sera pris par son travail, je serais votre chauffeur. Je vous ferais les courses, mais un conseil… Mettez un foulard. Vous avez vu, ici, toutes celles qui sortent en portent. 
-Je ne peux pas, je n’en ai pas envie. Jamais je n’ai pensé à le porter. Si une femme le porte, ce doit être par conviction. Personne ne peut m’y obliger.
-C’est juste un conseil. Un jour, vous le porterez pour passer inaperçue. Vous êtes jeune et belle, il faudra être prudente. On a vu tant de femmes et de filles se faire agresser.
-Je verrais.
Il la dépose devant le bâtiment et elle monte rapidement. Nedjmeddine a les traits tirés. Il sourit, mais son regard est triste. 
-Tu es bien fatigué, remarque-t-elle. 
-Même toi, tu l’es, mais même comme ça, tu es belle. Ta présence me remonte le moral. On a passé une sale nuit, raconte-t-il. Demain, on enterre notre collègue.
-Qu’il repose en paix. J’ai mal pour toi Nedjmeddine, je n’ai pas fermé l’œil de toute la nuit. Quand j’ai entendu les coups de feu, au loin, j’ai eu peur pour toi. Mon amour, est-ce qu’on fait bien en acceptant de rester ici ? Pourquoi tu ne demandes pas à être muté ailleurs ? 
-C’est impossible. Je suis en poste ici depuis quelques mois. Peut-être dans deux ou trois ans. Enfin, je n’en sais rien, avoue-t-il. Le pays est instable.
-Pourquoi ne démissionnes-tu pas ?, propose-t-elle. Tu pourrais trouver un autre travail moins dangereux. On ira à Oran, c’est plus sécurisé qu’ici. Hier soir, c’était un cauchemar éveillé. Je ne crois pas que je pourrais supporter longtemps. J’ai beau être avec toi, j’ai peur. Et puis, figure-toi que ton ami m’a conseillé de porter un foulard, de me couvrir les bras, les jambes. J’ai l’habitude d’être coquette et là, je ne suis pas encore mariée et installée ici qu’on me dit quoi faire, quoi porter.
Nedjmeddine soupire et tente de la calmer. 
-De quoi il se mêle ? Il n’aurait pas dû t’en parler, mais ce sont des conseils, rien de plus. Ne le prends pas mal. J’avais l’intention de t’en toucher deux mots.

 


(À SUIVRE)
 T. M. 

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