Des Gens et des Faits 24e partie

L’ éternelle blessure

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Taos M’HAND Publié 11 Janvier 2021 à 20:48

RésuméLe matin, Anissa est la première levée, elle prépare le petit-déjeuner pour tous. Elle a passé une nuit blanche. Elle espère que Nedjmeddine allait se manifester. Elle tente de convaincre Djalil d’abandonner ce métier risqué. Il refuse, car il compte aussi reprendre. Il lui dit que s’ils s’aimaient vraiment, ils dépasseraient tout ça. La voisine lui rappelle que c’est à la femme de suivre son mari où qu’il décide de s’installer.

Anissa n’a pas tardé et elle est allée faire les achats que sa tante a demandés. Sur le chemin du retour, elle s’arrête pour regarder les robes de mariée, exposées dans une vitrine. C’est tout ce qui lui aurait manqué si elle n’avait pas tout remis en question. Elle a le cœur en peine bien plus qu’elle ne laisse paraître. Une fois rentrée à la maison, elle dépose les achats sur la table de la cuisine et s’en va interroger sa tante si Nedjmeddine n’avait pas appelé durant son absence. 
-Non, aucun coup de fil. Djalil est sorti avec le frère de Sarah. Il semble aller mieux. Hier soir, il n’a pas crié.
-Ou peut-être qu’il n’a pas dormi ? Si tu le permets, je vais à l’aéroport voir Sarah, laisse les chambres, je les ferai à mon retour. 
-Alors, ne tarde pas, la prie sa tante. 
Anissa l’embrasse sur la joue, puis sort. Elle prend un taxi pour gagner du temps. Sarah est à son poste. Elle l’accueille avec un petit sourire. Elle est curieuse de connaître la raison de son retour précipité. 
-Alors, que te dire ? Il règne une de ces tensions, là-bas. Tu sens la peur, même la mort, confie Anissa. Je te le dis sans honte, je me  découvre trouillarde. J’ignore comment ils font pour mettre l’uniforme et sortir dans les rues.
-Ils ont du courage, le sens du devoir et du sacrifice. Tu devrais être fière de ton mari, il est beau, grand, plein de principes et de bravoure.
-Si tu savais comme je l’aime, soupire Anissa. 
-Cela ne t’a pas empêché de prendre tes jambes à ton cou, comme si tu les avais à tes trousses, remarque Sarah. Tu lui as donné l’illusion du bonheur. Vous deviez vous marier. Tout est tombé à l’eau... Le pauvre. Il ne mérite pas que tu joues avec son cœur, tu ne trouves pas que la vie ne le malmène pas assez. 
-J’ai peur de ce qui pourrait arriver à lui et à moi. Figure-toi qu’on m’a gentiment conseillé de porter le foulard, de cacher mes bras et mes jambes. Dans quel monde on vit ? 
-La situation sécuritaire force les femmes de certaines régions à porter le hidjab. Elles ne vont pas se mettre en danger juste pour leur tenir tête. Elles risquent leur vie.
-Moi, je ne supporterais pas, je n’accepterais jamais, tu entends ?
Sarah lui fait signe de se calmer. 
-Baisse la voix. On nous regarde. 
Anissa soupire, puis change de sujet.
-Et toi ? Votre sortie s’est bien passée ?
-Oui, il est adorable. Parfois, il a des absences et des soupirs qui me fendent l’âme. 
-Tu as pitié de lui ou il te plaît ?
-Les deux, je crois. Franchement, je me vois bien avec lui, confie Sarah. J’irais où il voudra. On restera ensemble, c’est tout ce qui compte. Aucun homme ne mettrait sa famille en danger. Contrairement à toi, je resterais à ses côtés, et ne m’engagerais pas pour quelques semaines, mais pour la vie.
-Pourquoi personne ne me comprend ? 
-En l’espace de quelques semaines, vous vous êtes fiancés, vous êtes passés à la mairie, et il a réussi à te trouver un poste d’enseignante. Il ne reste qu’à fêter votre union. Ma chère, il n’a pas changé de métier et de région. Il est là où tu l’as connu. S’il pouvait partir ailleurs, il le ferait pour sa sécurité et la tienne. Mais en attendant, ta place est près de lui, si tu l’aimes vraiment. Car, si tu tiens vraiment à lui, tu feras des sacrifices.
Sarah écarquille les yeux, puis lui prend les mains.
-Ne te tourne pas, lui murmure-t-elle. Tu as gagné. Il est venu... Un conseil d’amie, réfléchis à deux fois avant de rompre. 

(À SUIVRE)
T. M.

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