Des Gens et des Faits 53e partie

L’ éternelle blessure

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Taos M’HAND Publié 14 Février 2021 à 20:37

Résumé :  Anissa est très éprouvée par les nuits blanches, ses bébés ne lui laissent aucun répit. Lorsque Nedjmeddine lui apprend qu’il a été muté à Blida, elle n’a pas le temps de rendre visite à sa famille. Ils quittent Chlef comme des voleurs. Ils ne seront en sécurité nulle part. Nedjmeddine promet de les protéger coûte que coûte.

-Anissa, tu ne peux pas savoir combien tu me manques. Vous avez quitté la région, m’a dit ton oncle, je n’ai pas pu voir tes bébés.
-Sarah, je m’excuse, je n’ai pas eu une minute, j’étais tout le temps accaparée. Quand Mahmoud et Zoubida dorment, j’en profite pour ranger un peu et cuisiner, je n’ai même pas le temps de récupérer. Nedjmeddine rentre à des heures tardives et il ne mange rien dehors. 
-Ça chauffe de partout. Dis-lui d’être prudent. Je ne voudrais pas qu’il finisse comme son ami, murmure l’amie, très triste, en évoquant le souvenir de Djalil. Rappelle-lui comment il l’a perdu à chaque fois que c’est nécessaire. Je ne voudrais pas qu’il lui arrive malheur en allant jouer la carte de la bravoure. 
-Tu as raison mon amie, ma sœur. Je te demande pardon si je n’ai pas été présente pour toi ces dernières semaines, la prie Anissa. Est-ce que tu as reçu les résultats de la biopsie ?
-C’est le professeur qui devait recevoir les résultats, je n’avais pas envie d’aller à son contrôle, je me sens bien…
-Mais qu’est-ce qui te prend ? Il faut que tu ailles voir. Je ne te le souhaite pas, mais imagine que tu devrais être soignée ? Promets-moi d’aller le voir, insiste Anissa, fâchée. Tu me recommandes de rappeler mon mari pour qu’il ne se mette pas en danger, mais toi, n’est-ce pas ce que tu fais ? 
-Qui te dit que j’ai envie de vivre ? Plus rien n’a d’attrait, confie Sarah. Je me demande ce que je fais encore sur ce bas monde sans lui…
-Arrête de dire des bêtises... Arrête de penser et de croire que ce serait mieux si tu mourrais. C’est vrai qu’il est parti parce que c’était écrit, mais toi, tu es en vie, tu as ta famille, pense à moi, à mes bébés. Tu ne voudrais pas les connaître ? T’occuper d’eux ?
-Si, si…
-Alors, arrête de penser à la mort. Va voir le professeur et tiens-moi au courant, la prie Anissa. Pense à prendre quelques jours pour venir ici. Nous serons très heureux de t’accueillir. Tu ne peux pas savoir combien tu me manques.
-Tu dis toutes ces choses pour me faire plaisir.
-Nous sommes des sœurs de cœur. Allez ! Promets-moi de faire tout ce que je t’ai dit.
-Promis.
Les pleurs des bébés les interrompent. Anissa va s’occuper d’eux, mais elle est encore toute émue. Elle a senti que Sarah a encore des idées suicidaires. Elle espère qu’elle ira à son contrôle et qu’après, elle viendra les voir. Comme ils ont une chambre d’amis, Sarah sera à l’aise et pourra rester aussi longtemps qu’elle le voudra. 
Anissa suit le conseil qu’elle lui a donné. Elle appelle Nedjmeddine pour lui dire qu’ils l’attendent.
-Essaie de rentrer tôt, il y a longtemps que nous  ne dînons plus ensemble.
-Si mes petits cœurs le veulent bien. Sinon on mangera à tour de rôle. Avec eux, nous avons de l’amour en double, mais plus une seconde à nous ! 
-Alors, essaie de rentrer tôt. Tu nous manques. Laisse les autres s’occuper des voleurs, des criminels, des terroristes et viens nous tenir compagnie, le prie-t-elle. 
Un peu comme pour lui rappeler l’importance du travail que son mari fait, dehors, on crie des “Allah Akbar ! Allah Akbar !” qui lui donnent la chair de poule. Même lui les a entendus.
-N’aie pas peur ! Leurs voix portent loin, car il fait nuit et il y a le couvre-feu. Reste près de mes cœurs, j’arrive tout de suite.
-Non, non reste là-bas. Reste en ligne avec moi, le prie-t-elle, tout en éteignant la lumière du salon. Elle s’approche de la fenêtre dont les volets sont fermés. Elle tente de regarder entre les interstices des volets fermés. Mais elle ne voit rien. Elle entend juste des cris et des bruits de pas dans la rue.

 

(À SUIVRE)
 T. M. 

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