Des Gens et des Faits 55e partie

L’ éternelle blessure

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Taos M’HAND Publié 16 Février 2021 à 20:29

Résumé :  Anissa lui conseille d’attendre que ça se calme. Il est bien tard quand Nedjmeddine rentre. Ils dînent après s’être occupés des bébés, tout en gardant un œil sur eux. Comme d’habitude, les bébés réclament leur attention une grande partie de la nuit. Anissa rêve de dormir un peu, elle n’en peut plus.

-Omri, bonjour.  -Bonjour, c’est déjà le matin, regrette Anissa. Combien de temps elle a dormi, elle l’ignore. Il fait jour, les bébés sont réveillés. Elle se lève et se penche vers eux leur caressant les joues. Elle constate qu’ils ont été changés.
-Ce sont de vrais petits soldats, dit-il. Ils se sont réveillés, il y a un bon moment. Je leur ai donné un bain et ils ont eu leurs biberons. 
-Tu es un amour ! Je ne les ai pas entendus pleurer. La prochaine fois, réveille-moi, toi aussi, tu as besoin de repos. Chacun s’occupera de son préféré, plaisante-t-elle. Merci mon amour, franchement, vivement le jour où ils doriront toute la nuit. 
-Patience, ça viendra. Le café est prêt, je dois partir.
-Si vite ? Reste le prendre avec moi, le prie-t-elle. Il n’est pas encore 8 h. 
-La nuit a été longue et éprouvante pour certaines équipes. Ne t’inquiète pas si tu ne me trouves pas au bureau, la prévient-il. Il se peut que sortions sur le terrain.
-Sois prudent, le prie-t-elle. Nous t’attendrons, tu vas nous manquer, surtout à Zoubida.
Nedjmeddine hoche la tête. Il s’en va les câliner une dernière fois, et leur donne rendez-vous en fin de journée ou en début de soirée. Avant de partir, il embrasse rapidement Anissa. 
Elle profite de l’accalmie pour prendre une douche, puis son café, en regardant le journal télévisé. Elle apprend qu’un groupe armé s’en était pris à des civils. Il y a eu plusieurs morts. 
-Ce n’est pas vrai !
Anissa ne sent plus son cœur battre, elle sursaute lorsque le téléphone sonne, elle s’empresse d’aller répondre. 
-Omri, ça va ?
-Oui, oui… Et toi ?
Nedjmeddine la rassure, il va bien. 
Il l’appelle pour la prévenir qu’il ne rentrera pas le soir. 
-Pourquoi ?
-Le chef de la sûreté va passer et il n’a pas donné d’heure, dit-il. Je dois l’accompagner à ses visites d’inspection. 
-C’est sûr ? Il n’y a que ça ? 
-Oui, je te rappellerai, promet-il. Prends soin de toi et de mes petits cœurs. 
Anissa le lui promet. Elle ne le lui dit pas, mais elle ne le croit pas. Il s’est passé quelque chose de grave pour qu’il soit contraint à rester au commissariat. Depuis son arrivée, elle est rarement sortie. Elle ne connaît pas les voisins. Même s’ils sont tous de la police, Nedjmeddine lui a demandé de garder ses distances. Il ne fait confiance à personne. 
Elle se rapproche des berceaux et constate qu’ils dorment. Elle soupire et espère qu’ils finiront par faire leur nuit, elle est en manque de sommeil. Elle est tentée de retourner au lit, mais elle est trop inquiète pour trouver le repos. Elle ouvre le tiroir de sa table de nuit et cherche de la vitamine C. Elle n’en a plus. Elle a bu assez de café, elle n’en veut plus. 
Pour changer, elle pense à prendre une citronnade, mais elle n’a plus de citrons ni d’oranges à la maison. Elle serait bien sortie faire quelques achats, si elle avait quelqu’un pour lui garder Mahmoud et Zoubida. Elle commence à regretter de ne pas avoir gardé une de ses belles-sœurs.  
Elle met un foulard et un gilet. Elle sort silencieusement de l’appartement, un billet en main, espérant trouver des enfants, dans la cage d’escalier. Elle est surprise d’entendre les voisines du dessous parler d’enlèvement. 
-Bonjour, leur dit-elle. Qui a été enlevé ?
-Bonjour la nouvelle, hier soir, des  agents civils ont été enlevés, pas loin d’ici. La gendarmerie a lancé une opération de ratissage dans la région.
-Inchallah qu’ils les retrouveront vivants, souhaite l’une d’elles. 
-Il faudrait un miracle, dit une autre. En général, ils retrouvent…
Elle a un geste de la main, mimant l’égorgement, donnant la chair de poule à Anissa.

 


(À SUIVRE)
 T. M. 

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