Des Gens et des Faits 56e partie

L’ éternelle blessure

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Taos M’HAND Publié 17 Février 2021 à 19:48

Résumé :  Nedjmeddine réveille Anissa, après s’être occupé des bébés. Il part avant l’heure, Anissa lui demande d’être prudent. Elle espère qu’il rentrera en fin de journée, mais il l’appelle pour lui dire qu’il doit rester avec le chef de la sûreté. Anissa ne se doute pas qu’il y a eu des enlèvements et qu’il y a un ratissage dans la région. Elle l’apprend auprès des voisines.

Anissa rentre chez elle, ferme à clef et reste adossée à la porte, horrifiée. Elle aurait dû se douter qu’il s’était passé quelque chose. Toutes les forces de sécurité sont mobilisées contre le terrorisme. Même son mari…
“Mon Dieu, protège-les !”
Ils sont venus ici pour offrir un meilleur cadre de vie à leurs enfants. Elle se rend compte que c’est comme à Chlef ou même pire. Hier soir, les cris qui ont résonné dans la nuit annonçaient le pire. Le groupe armé a enlevé des agents civils. Qui sait quel sort ils leur réservent ? Elle prie pour que leur vie soit épargnée.
Anissa pense à leurs familles et elle les plaint. Elle espère qu’ils ont de la famille et des amis pour les soutenir en ce moment de doutes et d’angoisses. Ils doivent se ronger les sangs. 
“Mon Dieu, Faites qu’ils reviennent sains et saufs, à leurs familles”.
Perdue dans ses pensées, elle n’entend pas tout de suite les bébés pleurer. Des coups à la porte la tirent de ses sombres pensées et la ramènent à la réalité. Elle regarde avant d’ouvrir. Ce sont les voisines, elle sort sur le palier, tirant la porte derrière elle. Elle garde la main sur la poignée.
-Oui ? 
-On s’inquiétait, ça va ? Tu es si pâle, est-ce que vous avez un lien de parenté avec eux ?
-Non, non, mais la nouvelle m’a sciée en deux, confie-t-elle. Je tremble pour eux, pour mon mari… Pour notre pays. Ces nouvelles ne vous ont pas effrayées ?
-Tu sais, on est habituées aux mauvaises nouvelles. Je crois qu’on n’aura plus jamais la paix, la malédiction s’acharne sur nous. 
Les pleurs des bébés leur parviennent. Anissa s’excuse.
-Mes bébés sont réveillés, au revoir.
Elle retourne à l’intérieur et ferme à clef. Elle a encore les avertissements de Nedjmeddine, de garder ses distances avec les voisines. 
-Oh, mes petits cœurs, pardonnez-moi. Vous avez faim, c’est ça ? 
Elle prépare rapidement les biberons, tout en leur parlant. Elle les a installés dans des poussettes. Leurs pleurs cessent dès qu’ils ont leurs biberons, elle les leur donne en même temps, tout en leur murmurant des mots doux.  
Si le calme est revenu dans le salon, ce n’est pas le cas dans son coeur. La jeune femme est inquiète et s’angoisse à la pensée que Nedjmeddine et ses collègues s’exposent au danger en recherchant le groupe armé qui a enlevé les agents. 
“Et s’ils ont miné les chemins en montagne ?”.
Anissa a envie de l’appeler pour lui dire d’être prudent, mais elle se rappelle qu’il ne sera pas au bureau de toute la journée. Lorsque le téléphone sonne, elle s’empresse d’aller répondre. Elle est heureuse d’entendre son oncle Hamid. Il prend de leurs nouvelles, elle le rassure. Les bébés vont bien, quant à elle, elle ne se sent bien que lorsque Nedjmeddine rentre à la maison. 
-Hier soir, il s’est passé des choses, lui confie-t-elle. Ils ratissent toute la région, des agents ont été enlevés, ils sont à leur recherche. Nedjmeddine ne me l’a pas dit, mais ils sont sur le terrain. Il faudra un miracle pour qu’ils reviennent sains et saufs.
-Qu’Allah les protège. Inchallah, ils vont rentrer sains et saufs, souhaite l’oncle Hamid. S’il te plaît, dès que tu as des nouvelles, tu m’appelles pour m’informer, la prie-t-il. Ne sors pas, reste à la maison.
-Je ne suis jamais sortie, le rassure-t-elle. Nedjmeddine se charge de tout. Tu sais, je pense prendre une année de disponibilité. Je ne me vois pas confier mes bébés à une inconnue.
-Tu devrais accepter la proposition de ta belle-mère et qu’une de tes belles-sœurs vienne t’aider. Elle te tiendra aussi compagnie. 
-J’en parlerai à Nedjmeddine quand il rentre. 
Mais il ne rentrera ni ce soir là ni le lendemain. Il ne sera pas joignable.
donnant la chair de poule à Anissa.

 


(À SUIVRE)
 T. M. 

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