Des Gens et des Faits 60e partie

L’ éternelle blessure

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Taos M’HAND Publié 22 Février 2021 à 20:50

Résumé :  Anissa emmène sa belle-sœur en ville et lui offre tout ce dont elle aura besoin pour son mariage. Elle ne lésine pas sur les dépenses, elle fait plaisir à toute la famille.  Ils la remercient et admettent devant elle que Nedjmeddine avait choisi une femme au bon cœur. Anissa regrette de ne pas avoir profité de leur sortie pour appeler son mari.

-Qu’est ce qui se passe ? 
Anissa se rapproche d’eux. Fathma a pâli, elle est si déçue qu’elle en pleure presque. 
-Nedjmeddine ne viendra pas, il nous rejoindra quand il pourra. Il ignore quand il pourra venir, il lui a dit qu’on fasse la fête sans l’attendre.
-Oh non ! 
-Je n’arrive pas à imaginer la fête sans lui, mais nous n’avons pas le choix, regrette Fathma. Nous ne pouvons pas reporter la fête.
-Il n’a pas dit où il était retenu ?
-Non, ma fille… Peut-être que Brahem en saura plus ? Il ne devrait plus tarder.
La belle-famille de Warda ne tarde pas à venir. Ils ont apporté un beau mouton et tout ce dont ils auront besoin pour le dîner familial et une petite valise pleine de cadeaux pour la mariée en plus de la dot.  
Fathma les invite à prendre le café et à attendre le retour de Brahem. 
-Nous avons complètement oublié que vous veniez, nous lui avons demandé d’appeler Nedjmeddine.
-Nous resterons le temps de prendre le café, et partirons avant le couvre-feu. 
Nous ne pouvons pas prendre de risque. Incha Allah que Nedjmeddine pourra assister à la fête.
Toute la famille l’espère et voudrait qu’il ne rate pas le mariage de sa sœur. La belle-famille repart sans avoir vu Brahem. Ce dernier revient à la tombée de la nuit, il n’a pas pu parler avec Nedjmeddine. 
-Ils étaient sortis, j’ai laissé un message. Incha Allah, il pourra vite venir. Il a toujours été là pour les moments difficiles.
 Je voudrais qu’il partage notre joie et qu’il ne rate pas le mariage de sa sœur. 
Plus le temps passe, plus Anissa est convaincue qu’il n’y assistera pas. Elle ne voit pas d’un bon œil son absence et son silence. Personne n’a pu lui reparler.
La veille de la fête, elle demande à ce qu’on l’emmène en ville et elle appelle au commissariat. Son cœur bondit dans sa poitrine lorsque le secrétaire la met en attente quelques secondes avant de le lui passer. 
-Omri, je ne peux pas tarder, ça va ? Vous allez bien ? Warda se marie bien demain, n’est-ce pas ? Car, il ne faut pas m’attendre.
-Dis ? Tu ne me caches vraiment rien ?
Nedjmeddine a beau lui assurer que non, Anissa a la certitude qu’il lui ment. 
Et s’il le fait, il faut que cela soit grave.
-Nedjmeddine, je suis ta femme, tu as juré de toujours me dire la vérité, ajoute-t-elle d’une voix implorante. Peux-tu me dire maintenant ce qui t’empêche de nous rejoindre ? Pourquoi cette mission ne finit pas ? 
-Nous n’avons pas encore retrouvé les agents.
-Tu pourrais venir pour la fête et repartir après.
-Ce n’est pas possible, je serais sur les nerfs, j’aurais l’esprit ailleurs. Tous ces assassinats, ces incendies criminels m’inquiètent et m’empêchent même de dormir un quart d’heure. Nous sommes tous sur le pied de guerre. 
-Tu te sens menacé ?, demanda-t-elle, affolée à l’idée qu’il le soit directement au point de ne pas pouvoir sortir. 
-Non, mais personne n’est à l’abri, murmure-t-il. Il y a des jours où tout cela me pèse, je me sens à bout.
-Si tu l’es, pourquoi n’essaies-tu pas de prendre ton congé maintenant ? propose-t-elle.
-Tant qu’ils n’ont pas été retrouvés, tant que le calme ne sera pas revenu, ils ne me libèreront pas. 
-Fais ta demande. Appelle-les chaque jour, dit-elle. À force, ils finiront par te l’accorder.
Nedjmeddine fait comme le lui a suggéré sa femme même s’il sait que c’est perdu d’avance. Il est soulagé d’avoir une réponse négative. Il aurait eu mauvaise conscience.

 


(À SUIVRE)
 T. M. 


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