Des Gens et des Faits 76e partie

L’ éternelle blessure

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Taos M’HAND Publié 13 Mars 2021 à 20:46

RésuméAnissa n’a plus le temps de s’épancher avec sa propre peine. Les défis de la vie la poussent à aller de l’avant. Elle puise sa force dans l’amour de ses enfants. Prise entre eux, le travail et la famille, elle n’a pas vu le temps passer. Lila qui vit avec eux a été d’une aide précieuse. Elle est devenue une belle jeune fille et va bientôt se marier. Les beaux-parents leur rendent visite un jour surprenant Anissa. Ils n’ont pas l’habitude de venir.

-Enfin ! Je ne l’espérais plus. Les enfants ! crie-t-elle, venez voir qui nous rend visite. Soyez les bienvenus.
Anissa les accueille chaleureusement. Lila est heureuse de revoir ses parents. Elle les soulage de leurs affaires. Anissa est émue en voyant ses enfants crier de joie et de courir vers leurs grands-parents. Ils se font des câlins. Comme toujours, sa belle-mère a un petit cadeau pour Mahmoud qui reste son préféré. Lorsqu’ils allaient les voir, ses beaux-parents avaient toujours quelque chose à leur offrir. Mahmoud a souvent gardé les brebis avec son grand-père. En voyant leurs affaires, il leur demande.
-Vous allez rester avec nous ? 
-Oui.
-Pour toujours ?, espère l’enfant. 
-On verra.
-Tata va se marier, glisse Zoubida. Maman m’a acheté une robe blanche. Je serais la plus belle.
-Ta tante et toi serez les plus belles.
Anissa leur prête des pantoufles avant de les inviter à passer au salon. 
-Allez, ramassez vos puzzles, vous jouerez plus tard.
-Grand-père, moi, je l’ai fini.
Toute fière, Zoubida le prend dans sa boîte pour le lui montrer. Brahem la félicite. 
-C’est bien ! Maintenant, va aider tes frères à ranger. 
-D’accord, mais seulement aujourd’hui.
Brahem en rit avant de faire une remarque à Anissa.
-Elle en a du caractère. Elle ne se laissera pas faire. Je crois qu’elle va te donner du fil à retordre, dit-il sans plaisanter. Ces tantes sont plus dociles.
-Alors, elle tient de qui ?, demande Anissa.
-Un peu de toi, un peu de son père. Nedjmeddine, Allah yarahmo, n’avait pas froid aux yeux. Il aurait été fier d’elle.
Zoubida qui a tout entendu vient prendre la main de son grand-père et le prie de se lever. 
-Viens voir. Viens dans ma chambre. 
Elle l’y emmène en le tirant pour lui montrer de belles photos de Nedjmeddine avec sa petite famille. 
-Tu vois, le bébé en rose ? C’est moi ! Papa me laissait dormir sur son épaule. Il m’aimait plus que Mahmoud.
Elle tire la langue vers son frère.
-Il vous adorait tous les deux. Il a bien profité avant de partir.
-Il n’est pas parti. Il est mort, rectifie Zoubida. 
-Il n’est pas mort, crie Mahmoud. Nous ne le voyons pas, mais il est là, crie-t-il en tapant sur son cœur. Ne dis plus qu’il est mort.
-Mais s’il est vivant, pourquoi il n’apparaît pas ? Comme dans les dessins animés. Il est mort ! 
-Tu es bête. 
Les enfants en viennent aux mains. Le grand-père a bien du mal à les séparer. Anissa accourt, elle les gronde.
-Mais qu’est-ce qui vous arrive ? Il y a deux minutes, vous étiez comme des anges. Quelle mouche vous a piqués ?
-Elle dit que papa est mort. C’est faux, hein ? N’est-ce pas qu’il est vivant, Maman ? Maman...
-Oui, même s’il n’est pas là physiquement,  dans notre cœur, il continue de vivre, affirme Anissa, bouleversée. Moi, je sens sa présence. Et quand je vous regarde, quand je vous prends dans mes bras, je sens qu’il le fait aussi. C’est un ange maintenant. Il est au Paradis. Le jour où nous cesserons de parler de lui, de prier pour lui, de ne pas regarder ses photos avec amour, alors c’est ce jour-là, vraiment qu’il mourra !
 

(À SUIVRE)
T. M.

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