Des Gens et des Faits 78e partie

L’ éternelle blessure

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Taos M’HAND Publié 15 Mars 2021 à 20:44

RésuméAnissa se demande si elle a bien fait de leur parler de leur père et si ses souvenirs ne sont pas trop lourds à porter. Zoubida a du caractère et s’impose à la maison ainsi qu’à l’école. Anissa a été souvent convoquée. Son beau-père voudrait qu’elle retire les portraits. Fathma leur demande de prier pour lui. Anissa reçoit un appel de Sarah, elle pense encore à Djalil.

-Tu es la seule à qui je peux en parler. Hier, c’était son anniversaire, j’ai failli l’oublier. Tu te rends compte ? 
Anissa, le cœur serré, ne supporte pas de l’entendre pleurer. 
-Ce sont des choses qui arrivent, dit-elle pour la réconforter. Sûrement que tu étais occupée ou que tu avais d’autres soucis au point de l’oublier, mais aujourd’hui, tu t’es rappelée. Qu’il repose en paix. J’espère qu’ils sont ensemble au Paradis. 
-Incha Allah.
Anissa entend quelqu’un l’appeler et lui dire de se presser. 
-Qui est-ce ? Où es-tu ? Où vas-tu ? Qui te parle ?
-Mon amie, ma sœur… Je n’en peux plus, lui confie-t-elle. On ne s’est pas vues depuis des mois et des mois. Il s’est passé beaucoup de choses et je ne t’en ai pas parlé. 
-Qu’est-ce qui se passe ? Tu m’inquiètes. Pourquoi tu ne m’as rien dit ?
-Tu travailles, tu as tes enfants dont tu dois t’occuper. À chaque fois que j’appelais, je savais que je te dérangeais, dit Sarah. Et puis, je ne pouvais pas t’en parler avant d’être sûre.
-Mais sûre de quoi ? De quoi parles-tu ?
Sarah lui apprend qu’elle a obtenu un visa. 
-Je n’ai plus rien qui me retient ici. Je ne supporte plus de vivre ici, j’ai besoin de partir loin. 
-Tu as ta famille, tes amis, moi, lui rappelle Anissa. Comment peux-tu penser à partir alors que tu comptes pour nous tous ? Tu ne peux pas partir.
-Non, c’est vital pour moi. Ma famille ignore que je projette de ne plus revenir. Je t’appelais pour te dire au revoir.
-Sarah, tu ne peux pas partir comme une voleuse. Viens passer quelques jours chez moi. Lila se marie bientôt, tu es d’ores et déjà invitée. Cela te changera les idées, ne pars pas. Enfin, reporte ton départ. Ton visa ne va pas expirer. Ne pars pas tout de suite, la prie Anissa. Nous devons nous revoir avant.
-C’est trop dur pour moi. Toi, tu as trouvé du réconfort dans l’amour de tes enfants. Moi, je suis brisée de l’intérieur. Je travaille comme une automate. Pour dormir, je prends des antidépresseurs, sinon bonjour les cauchemars et les idées noires. Je n’en peux plus, mais je ne pouvais pas partir sans te dire au revoir. Prends soin de toi et de tes enfants.
-Non ! Non… Sarah, je t’en prie, écoute-moi. Je ne peux pas t’empêcher de partir, mais tu as mon adresse et mon numéro. Appelle-moi de temps à autre. Même ta famille, sinon elle va se faire un sang d’encre. 
-Je vous appellerais, promet-elle avant de raccrocher sans laisser le temps à Anissa de dire quoi que ce soit pour la dissuader de partir. 
“Qu’Allah te protège et te guide mon amie, ma sœur !”
Elle pense à la mère de Sarah. Son départ allait briser son cœur. Même si elles n’ont jamais été proches, une mère ne reste pas indifférente au triste sort de sa progéniture. Elle les a toujours encouragées à se rapprocher, mais Sarah n’a jamais pu se confier à elle. Elle a souffert de la mort de Djalil seule. Anissa regrette de ne pas avoir été plus disponible pour son amie. Elle se culpabilise même. 
“Sarah, pourras-tu me pardonner un jour de ne pas avoir été là quand tu en avais le plus besoin ?”.
Le cœur en peine, elle s’en va prendre sa fille, dans ses bras et la serre jusqu’à l’étouffer. Elle ne veut pas que Zoubida affronte la vie sans son soutien. Elle jure en son for intérieur d’être à son écoute comme une amie, sa confidente en plus d’être sa mère. Elle ne supporterait pas de la voir s’éloigner d’elle comme le fait Sarah avec sa famille, partant sans laisser d’adresse ni de numéro où la joindre... Pour changer de vie et oublier.
 

(À SUIVRE)
T. M.

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