Des Gens et des Faits 79e partie

L’ éternelle blessure

  • Placeholder

Taos M’HAND Publié 17 Mars 2021 à 08:33

Résumé :  Sarah est bouleversée, elle a oublié l’anniversaire de Djalil qu’elle continue de pleurer malgré les années. Elle apprend à son amie son intention d’aller vivre loin du pays. Anissa, prise entre sa famille et son travail, regrette de ne pas avoir été plus présente pour elle. Rien de ce qu’elle dit ne dissuade Sarah de partir. Anissa s’en va prendre Zoubida dans ses bras la serrant à l’étouffer. Elle ne voudrait pas être à la place de la mère de Sarah.

Vingt ans plus tard. Anissa soupire, perdue dans ses lointaines pensées. Le temps a filé sans qu’elle ne l’ait senti. Elle voudrait pouvoir remonter le temps, revenir en arrière au temps où ils étaient enfants, pour les garder près d’elle. Elle voudrait encore les protéger, les suivre comme une ombre ou même les précéder aux endroits où ils veulent aller sans elle.
Car, maintenant, ce sont de jeunes adultes. La vie est en train de les séparer qu’ils le veuillent ou non. Ils ont grandi et réussi leurs études. Anissa est très fière d’eux. Zoubida est devenue une belle jeune fille ambitieuse. Elle a pris son destin en main, et est allée étudier à Paris. 
Elle a aussi choisi de porter le prénom que son défunt père lui avait choisi. Son cadet Naïm est devenu psychologue et travaille dans une polyclinique du village. Il active aussi dans une association qui aide les enfants en difficulté scolaire ou qui ont des problèmes familiaux. Il vit avec elle, c’est un fils aimant et si attentionné que Mahmoud profite de la moindre occasion pour le charrier. 
-Je crois que maman désirait une fille et elle t’a eu toi.
-Maman n’en a jamais parlé. Mais tu sais, je voudrais être son fils et son ami, son soutien. Après la mort tragique de notre père, elle n’a pas eu la vie facile, mais elle s’est accrochée. Elle a fait de nous des Hommes.
-Tu oublies Zoubida ! Elle a abandonné maman, lui rappelle Mahmoud qui n’a jamais approuvé qu’elle parte vivre à l’étranger. Maman ne voulait pas la retenir ici. Avec son franc-parler et son caractère, elle aurait eu des problèmes avec tout le monde. 
-Elle est née avec l’envie de vivre sa vie sans contrainte. Elle ne fait rien de mal. Elle étudie le droit et travaille en fin de journée. Tu sembles oublier qu’elle vit chez l’amie de maman. Elle réussira sa vie. Nous serons fiers d’elle, promet Naïm. Dans quelques mois, elle finit et d’après Sarah, il y a une amie avocate qui veut lui donner sa chance. J’espère qu’elle réalisera ses rêves.  
-Tu ferais moins le fier si elle rentrais avec un petit ami et un bébé sur les bras.
-Elle se mariera lorsqu’elle tombera sur celui qui l’aimera et la respectera, dit Anissa qui les a rejoints au salon. Je prie pour qu’elle connaisse le vrai amour et qu’elle ait une belle vie. Qu’elle puisse porter un décolleté, une jupe courte sans qu’elle soit agressée ou insultée dans la rue. Je la veux libre de choisir, selon ses envies du moment, sans qu’on l’intimide. Je voudrais qu’elle vive dans un pays où on respecte la femme et où celui qui ose porter la main sur elle soit puni. Ici, la femme est coupable et responsable de tous les maux de la Terre. Est-ce que nous sommes maudites ? Non, je ne veux pas m’inquiéter pour elle. Je voudrais la voir heureuse et épanouie. Et si pour cela, elle doit vivre sous d’autres cieux, elle a ma bénédiction. 
-Je savais bien que tu l’aimes plus que nous.
-Non, je vous aime tous très fort. Je donnerais ma vie pour vous, mais je voudrais qu’elle ait la chance que je n’ai pas eue... Que vous n’avez pas eue. Certes, je me suis occupée de vous du mieux que j’ai pu, mais vous n’avez pas connu votre père et son amour pour vous, pour la vie et pour la patrie. Il est mort pour que le pays ne tombe pas entre les mains de sanguinaires. Il ne voulait que le meilleur pour vous, pour le pays. Oublier, c’est comme trahir les martyrs de la révolution et tous ceux qui ont voulu protéger le pays et œuvrer pour un changement positif pour une Algérie nouvelle et meilleure.

 


(À SUIVRE)
 T. M. 

[email protected]
Vos réactions et vos témoignages sont les bienvenus.

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

    • Placeholder

    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00

  • Chroniques DROIT DE REGARD Trajectoire d’un chroniqueur en… Liberté

    Pour cette édition de clôture, il m’a été demandé de revenir sur ma carrière de chroniqueur dans ce quotidien.

    • Placeholder

    Mustapha HAMMOUCHE Publié 14 Avril 2022 à 12:00