Des Gens et des Faits 80e partie

L’ éternelle blessure

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Taos M’HAND Publié 17 Mars 2021 à 20:43

RésuméVingt ans ont passé. Les enfants sont devenus grands. Naïm, devenu psychologue, active au sein d’une association. C’est aussi un fils bien attentionné au point où Mahmoud le charrie souvent. Il n’a pas approuvé que leur sœur aille vivre à l’étranger. Anissa a tenu à ce qu’elle puisse faire ce qu’elle veut de sa vie sous des cieux plus cléments pour la femme en général.

-Gloire aux martyrs !, s’écrient Mahmoud et Naïm. 
-Qu’Allah vous protège. Surtout toi, Mahmoud. Comme ton père, tu as l’Algérie dans le sang, dans les tripes. Je suis sûre qu’il doit être fier de toi, tout comme nous.
Mahmoud le souhaite de tout cœur. Il se rappelle avec un pincement au cœur qu’elle a pleuré en apprenant qu’il s’est engagé dans la Brigade de recherche et d’investigation. Ingénieur en informatique, il a découvert que le travail de bureau n’est pas pour lui. Il aime être sur le terrain et se dire qu’à chaque arrestation, il y a un criminel mis derrière les barreaux. Il espère mettre la main sur ceux qui l’ont privé de la présence de son père et de son affection. Il porte en lui une blessure que le temps ne peut même pas guérir. 
Tout comme sa mère. Même si elle sourit et ne vit que pour eux. Lorsqu’elle se rend sur les tombes de ses beaux-parents que le chagrin a fini par emporter, enterrés près de leur fils, elle parle à Nedjmeddine comme s’il pouvait l’entendre. Elle lui rappelle les mauvais moments et le bonheur qu’ils ont vécus. Dans le silence, il lui semble entendre sa voix. Il ne manque que la chaleur de ses bras pour se convaincre de sa présence. 
“Même s’ils ont brisé notre vie et que nos rêves sont restés inachevés, le Tout-Puissant m’a dotée de courage, de patience, j’aime croire qu’un jour, je te retrouverais. Que tu me réserves une place au Paradis”.
Les épreuves traversées ont fait d’elle et de ses enfants, une famille aimante et soudée, portant la même blessure, mais debout et plein d’espoirs quant à l’avenir. 
-Maman, tu ne t’en rends pas compte, mais nous sommes là depuis une demi-heure, lui dit Naïm en tendant la main pour l’aider à se relever. Dis leur au revoir. 
-Je pourrais passer la journée ici, je ne vois pas le temps passer en sa compagnie.
-Prions une dernière fois pour leur repos. Après, nous rentrons, l’avertit Naïm. Pas une minute de plus.
-La prochaine fois, je viendrais seule. Tu es tout le temps pressé.
Après avoir récité une prière, il la prend par le bras et ils quittent le cimetière du village. Naïm se serait contenté de les visiter une fois de temps à autre, mais il est inquiet pour elle depuis qu’il a remarqué qu’elle parlait aux photos de son père, il l’accompagne. Il a compris qu’elle a tenu le coup, tout ce temps, en communiquant avec son défunt père. Ils rentrent en voiture. Comme d’habitude, elle est silencieuse. 
-Maman, j’ai envie de partir en voyage avec toi, dit-il. Ça te dirait d’aller en Tunisie ? Ou au Maroc ? Ou en France ?
Il lui donne un coup de coude pour la tirer de ses pensées.
-Hé ! Doucement. Tu disais ?
-Un petit voyage, d’une semaine ou deux ? En compagnie de ton fils préféré, ajoute-t-il en riant. Allez, dis oui.
-Tu confirmes ce qu’a toujours dit Mahmoud, tu es un fils à maman. 
-Et alors ? Suis-je mauvais ? Tu regrettes de m’avoir eu.
-Non, non... Mais ce voyage, tu peux le faire seul ou avec une amie, réplique-t-elle avant de l’interroger. Moi, j’adore profiter des vacances, pour voir ma famille à Oran. Mais comment ça se fait que tu sois encore seul ? Pourquoi je ne t’ai jamais vu amoureux ? Ou en train de vivre un chagrin d’amour ? N’y a-t-il pas sur Terre une fille capable de te détourner du droit chemin ? Et de ta famille ?
 

(À SUIVRE)
T. M.

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