Des Gens et des Faits 81e partie et fin

L’ éternelle blessure

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Taos M’HAND Publié 19 Mars 2021 à 18:53

Résumé : Mahmoud, ingénieur en informatique, s’engagera dans la brigade de recherche et d’investigation. À défaut de pouvoir arrêter ceux qui ont tué son père, il tente de mettre des criminels derrière les barreaux. Naïm très proche de sa mère, l’accompagne au cimetière quand elle le veut. Il lui propose de l’accompagner dans un voyage. Anissa l’encourage à partir avec une amie.

-Elle n’est pas encore née celle qui me détournera de toi et de ma famille, dit Naïm, très sérieux. Le jour où elle osera me parler de ma famille, qu’elle abordera des sujets épineux ou elle tentera de se prouver qu’elle a plus de valeur que vous, ce jour-là, ce sera fini entre nous. 
-Mais si tu en as une et que vous vous aimez mon fils, ne gâche pas cette occasion d’être heureux, lui conseille Anissa. Moi, je suis encore jeune et en bonne santé. Je peux vivre seule. Mais sérieusement, as-tu quelqu’un dans ta vie ?
-Qui te dit que je suis seul ? En fait, je veux faire ce voyage avec toi, avant de me marier, dit-il avant d’ajouter, sur le ton de la plaisanterie. Il est temps que quelqu’un prenne soin de toi, te fasse plaisir. Qui de mieux que moi ? Je voudrais pour une fois, te montrer ma gratitude.  
-Mais tu le fais tous les jours. Vis ta vie, ce que j’ai dit sur ta sœur est aussi valable pour toi. Et puis, ne t’inquiète pas pour moi. Moi, je ne vis que pour vous et je rêve de partager votre bonheur... Même de loin, le rassure-t-elle. Après la mort de ton père, la vie a continué parce que je vous avais vous et j’espérais vous voir grandir et réussir. Louanges à Dieu, vous m’avez apporté tant de joies et de bonheur que j’ai oublié ma peine. Fais-moi plaisir, si tu as une amie présente la moi. Sais-tu si ton frère en a une ? 
-Ce n’est pas pour jouer les commères, mais il a bien quelqu’un dans sa vie. Ils travaillent ensemble, je crois. S’il le veut bien, nous nous marierons le même jour. D’une pierre deux coups. Tu n’auras pas une belle-fille, mais deux. 
-Incha Allah. Je serais la plus heureuse des mères. Ce sera le plus beau cadeau que vous puissiez me faire.
Quelques jours après, Naïm lui présente Dalila, la tante d’un élève qu’il a l’habitude d’aider à l’association. Anissa la trouve d’emblée sympathique. Ils sont en train de prendre un goûter, ensemble quand Mahmoud arrive. Étant en mission sur le terrain, il n’est pas rentré pendant 10 jours. Ils n’ont pas pu lui parler de sa visite. Naïm fait les présentations, puis lui demande de se joindre à eux. 
-Je vois que vous êtes en bonne compagnie. Alors comme ça, le fils à maman est devenu grand, plaisante-t-il. Alors, qui l’a choisie ? Maman ou toi ?
-Moi, répond Naïm en posant la main sur le bras de Dalila. Nous nous connaissons depuis des mois. J’ai trouvé qu’il était temps qu’elle rencontre ma famille et qu’on passe aux choses sérieuses.
-Tu es devenu un homme. Félicitations à vous deux.
-Merci.
Anissa, tout en lui servant du café, en profite pour l’interroger et même le provoquer.
-Et toi, n’es-tu pas devenu un homme accompli ? Quand nous présenteras-tu ton amie ? Quand nous feras-tu ce plaisir ? 
Pour ne pas être en reste, Mahmoud les invite à le retrouver au restaurant, le lendemain, pour leur présenter Nora. Anissa leur donne sa bénédiction. Il ne passe pas un mois qu’ils organisent la fête. Zoubida, Sarah, ses belles-sœurs et leurs familles, proches et éloignées, y assistent. 
Anissa est heureuse comme jamais. Il lui semble renaître à la vie. Elle espère avoir bientôt des petits-enfants et pouvoir en prendre soin quand elle sera à la retraite. “Nedjmeddine, c’était le plus beau jour de ma vie !” Elle pose les photos des mariés près de la leur. “Louanges à Dieu, j’ai pu y assister. Je regrette seulement que les crimes commis durant la décennie noire soient restés impunis. J’aurais voulu une justice à la hauteur de leurs crimes. J’ai de la peine en pensant aux autres familles de victimes, aux disparus dont les familles n’ont pas pu faire le deuil et qui espèrent aujourd’hui encore, retrouver leurs enfants, leurs maris ou leurs mères. Moi, je peux me recueillir sur ta tombe, mais les autres ne le peuvent pas. Je porte une blessure qui guérit à chaque fois que je suis avec nos enfants. La leur est éternelle.” Merci à Anissa pour les confidences. Je rappelle que pour respecter l’anonymat des familles, les lieux, les professions et les noms des villes on été modifiés, mais les faits tragiques sont authentiques. La nouvelle est un hommage à toutes les victimes du terrorisme. Contre l’oubli.   

(fin)
T. M. 

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