Des Gens et des Faits 42e partie

LA BOURGEOISE

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Yasmina HANANE Publié 21 Janvier 2022 à 19:10

Résumé : Hasna parle à Samir de sa précédente fiancée Ilhem et lui reproche de l’avoir déjà oubliée. Le jeune homme rétorque qu’il ne l’a pas oubliée, mais que dans son cas il ne pouvait rien faire de mieux. Ils auraient pu rester amis si elle le voulait. Il lui parle de Mordjana et lui dévoile qu’il a l’intention de lui faire suivre une formation.

La vieille femme regarde son fils dans les yeux et lance à voix basse :
- Tu es fou, mon fils. Cette femme est déjà assez complexée ainsi par cette... cette calamité sur sa joue. Ne crois-tu pas que cela va lui créer plutôt des ennuis ? Elle aura à affronter d’autres femmes plus belles et plus élégantes et aura vite fait de battre en retraite pour revenir à la maison et devenir un fardeau pour nous tous.
- Pourquoi dis-tu cela ? Mordjana est d’accord pour suivre une formation. Quant à sa tache de vin, Chahine aura vite fait de la traiter.
- Chahine ? 
- Oui, Chahine. Mon ami le chirurgien.
Hasna se laisse tomber sur une chaise.
- Bravo ! Tu as pris le train en marche, Samir. Tu as pensé à tout.
- Mais maman, c’est de ma femme qu’il s’agit. Qui d’autre pourra s’occuper d’elle si ce n’est son mari ?
Elle hoche la tête.
- On peut dire qu’elle a de la chance, ta Mordjana.
Il lui tend son assiette en souriant.
- Allez, maman, sers-moi donc un peu de ta succulente chorba. Heu… encore une chose : il ne faut pas que Mordjana apprenne quoi que ce soit sur mon ancienne relation avec Ilhem.
- De mieux en mieux.
Elle prend la louche et le sert, avant de poursuivre :
- Cela fait à peine une semaine depuis que cette femme est chez nous, et on peut dire qu’elle t’a déjà ensorcelé.
Il hausse les épaules.
- Si c’est la sorcellerie qui permet à un couple de bien s’entendre, je n’y vois pas d’inconvénient.
Il prend une cuillère et la plonge dans son assiette.
- Tu as peut-être oublié que Mordjana appréhendait ce mariage autant que moi. Maintenant qu’elle est parmi nous, ne penses-tu pas qu’on ferait mieux de trouver un terrain d’entente ?
Hasna allait répondre, lorsque sa bru fait irruption dans la cuisine. Samir lève les yeux et lui sourit.
- Tu t’es enfin décidée à revenir ?
- J’ai reçu un appel de Maroua. Elle vous passe le bonjour.
Hasna lui indique une chaise.
- Viens t’asseoir. Tu veux commencer par la chorba ?
- Heu… oui…
- Tends ton assiette, et surtout nourris-toi comme il se doit, sinon ton mari va nous réclamer des comptes.
Ne comprenant rien à ses paroles, Mordjana interroge son mari des yeux. Ce dernier secoue la tête et se remet à manger sans demander son reste.
Chahine ouvre un dossier et dépose les résultats d’analyses et les radios que venait de lui remettre Samir. Il semble content de pouvoir enfin passer à l’action. Un peu intimidée par son air professionnel, Mordjana serre la main de son mari, assis à côté d’elle, et entend une voix lointaine annoncer :
- C’est bon. Nous allons programmer une première opération pour la semaine prochaine.
- Déjà ! s’écrie-t-elle.
Il sourit.
- Pourquoi attendre ? Tu vois un inconvénient à ce qu’on procède rapidement à l’élimination de cette tache qui te rend la vie infernale ?
- Non, mais…
- Je sais, l’interrompt-il. Je sais. Tu as peur de l’intervention. Ne t’inquiète pas. Tout se passera bien. Une petite injection, et tu sombreras dans un sommeil profond. Le reste viendra tout seul. Fais-moi donc confiance.
Pour rassurer sa femme, Samir juge opportun de lancer :
- Tu es un chirurgien hors pair, Chahine. Je sais que si tu n’étais pas sûr du résultat, tu ne te serais pas aventuré. 
- Absolument (il sourit). Mais je crois que madame ne voit pas les choses de la même façon que nous. Cela se comprend aussi. Elle ne me connaît pas encore et n’a peut-être jamais rêvé de se débarrasser définitivement et efficacement de son mal.

 


à suivre

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