Des Gens et des Faits 43e partie

LA BOURGEOISE

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Yasmina HANANE Publié 23 Janvier 2022 à 08:39

Résumé : Samir demande à sa mère de ne pas aborder le sujet de sa fiancée Ilhem devant sa femme. Tout comme lui, Mordjana est une victime. Hasna est de plus en plus intriguée par l’attachement de son fils à cette femme, qui n’est chez eux que depuis une semaine. De son côté, Chahine veut opérer Mordjana dans les jours qui suivent.

Mordjana s’insurge. 
-Non. Non. Ne me comprenez pas mal, docteur. J’ai juste un peu peur. 
-Je sais. C’est tout à fait légitime. La peur est un réflexe de défense. 
-Je te fais confiance. Je suis prête à tout maintenant que je me suis engagée. 
-Très bien. Alors donnons-nous rendez-vous dans quelques jours. Tout se passera bien. Ne vous inquiétez pas.
-Merci docteur. 
-Tu me remercieras plus tard, lorsqu’un matin tu constateras dans une glace que ton angiome n’est plus qu’un mauvais souvenir.
Mordjana déglutit. Elle n’arrivait pas encore à croire que le mal qui la rongeait moralement et physiquement depuis sa venue au monde allait disparaître aussi facilement, et grâce à un concours de circonstances qu’elle n’aurait jamais imaginé il y a à peine quelques mois.
-Encore hésitante ?
-Non. Cela ira, lance Samir qui tenait toujours la main de sa femme. Mordjana est d’accord. Nous allons revenir sous huitaine. 
-Je serais heureux de l’avoir dans cette clinique pour quelques jours. Je ne sais pas si elle appréciera nos prestations, mais je ferai de mon mieux pour que son séjour soit des plus agréables.
-Merci Chahine. Je sais que ma femme sera entre de bonnes mains.
Ils se serrèrent la main, et Samir entraîna sa femme vers la sortie. Pour la distraire, il l’emmena dans un restaurant où ils déjeunèrent et ensuite ils allèrent assister à un concert de chants andalous.
La semaine passa, et Mordjana revint à la clinique. Elle est vite prise en charge par une équipe de professionnels en paramédical. Quelques examens et analyses médicales supplémentaires sont nécessaires, avant que la jeune femme ne reçoive la visite d’un jeune psychologue. Ce dernier la mettra tout de suite à l’aise. Il était tout désigné pour la préparer à son intervention prévue pour le lendemain. En fin de journée, c’est Chahine lui-même qui vint la voir dans sa chambre. Elle profitera de sa présence pour lui poser toutes les questions qui lui passaient par la tête, notamment celles qui hantaient son esprit.
Va-t-elle retrouver un aspect normal après l’opération ?
Cette question, elle l’avait déjà formulée maintes fois, mais le chirurgien ne semblait pas en être gêné. Il répondra calmement et aussi clairement que possible à toutes ses interrogations, tout en évitant d’utiliser les termes techniques qui, en pareilles circonstances, peuvent plutôt prêter à confusion ou choquer. Alors qu’il s’apprêtait à la quitter, Samir ouvrit toute grande la porte de la chambre et se heurta à son ami. 
-Ah ! Tu es là Chahine ?
-Oui mon ami. Il le faut bien d’ailleurs. J’aime toujours faire un brin de causette avec mes patients avant le grand jour. Ta femme me semble plus détendue et prête à tenter la grande aventure. N’est-ce pas Mordjana ?
Elle hocha la tête. 
-Tout à fait. Je ne pourrai d’ailleurs plus reculer. 
-Qui parle de reculer ? Tu es bien partie pour ne quitter cette clinique qu’après avoir subi cette intervention qui te permettra de vivre plus normalement et sans complexe.
C’était Samir qui venait de parler. Elle leva les yeux vers lui et remarqua son air soucieux. 
-Quelque chose ne va pas, Samir ?
Il vint s’asseoir à son chevet et lui prit la main. 
-Tout va bien. Ne t’inquiète donc pas pour moi. Je suis un grand garçon. 
Chahine lui donne une tape dans le dos. 
-Nous sommes tous un peu perdus à une certaine phase de notre vie. Mais cela se passe plutôt bien pour ceux qui savent résister. 
Puis il remarque l’air contrarié de sa patiente et poursuit : 
-Tout ira bien, Mordjana. Repose-toi. Nous nous reverrons demain après l’opération.
Il quitta les lieux, et le couple se retrouva seul.
-Alors qu’est-ce qui ne va pas Samir ?
Il soupire. 
-Tout va bien. Je t’assure.
-Ton air préoccupé ne me plaît pas. C’est encore ton père ?

 


à suivre

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