Des Gens et des Faits 7e partie

“LE SERMENT”

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Taos M’HAND Publié 27 Mars 2021 à 22:12

Résumé : Depuis que  Djamel  était tombé  amoureux, il était  plus serein. Il ne pensait plus à prendre la place de son frère. Il voyait Djamila souvent et les fois où ce n’était pas possible, ils s’échangeaient des lettres. Ils parlaient de l’avenir. Ils espéraient  aller  à  la fac ensemble.  Djamila  lui  rappela  qu’ils  doivent  se préparer  aux  examens  du  bac.  Après, cela  dépendra  de  sa  famille  s’ils accepteraient qu’elle aille à la fac. Ce n’était pas gagné d’avance.

-Nous sommes encore trop jeunes pour parler mariage. Si ma famille apprenait que j’ai quelqu’un dans ma vie, elle me retirerait du lycée.
Djamel la rassura. Il prendra les choses en main dès qu’ils auront passé leur bac. 
-Je te demanderais en mariage durant les vacances. Nous serons fiancés avant la rentrée universitaire, lui promit-il. Je vais travailler, je ne veux rien demander à mon père. Je lui prouverais que je suis capable d’assumer mes dépenses. Tu seras fière de moi.
-Tu n’as rien à prouver. Nous devons rester discrets. Ce n’est pas le moment d’avoir des problèmes avec nos familles. Arrêtons de nous voir quelque temps.
Djamel acceptait de renoncer à leur rencontre. Il se contenterait des courriers qu’elle remettrait à sa camarade Louiza. Elle l’avait présentée à Zaher. Ces derniers avaient sympathisé. Ils assistaient au début d’une histoire d’amour. Djamel charriait son ami lorsqu’il l’entendait soupirer. 
-Qu’est-ce qui m’a pris de parler avec elle ? Je ne suis plus concentré sur les cours, se plaignait Zaher. Mes notes vont chuter par ta faute.
-Rien n’empêche l’autre, dit Djamel. Moi, je suis à fond dans les révisions. Djamila est bonne élève, je tiens à partir à la fac avec elle. En fait, elle a donné un sens à ma vie depuis notre première rencontre. 
-C’est vrai que tu as mûri. Tu ne jalouses plus ton frère. 
-Ce n’était pas de la jalousie, se défendit Djamel. Il faut le vivre pour me comprendre. Cela fait des mois qu’il est parti et je crois qu’il n’y a pas un moment de la journée où ils ne parlent pas de lui. On se rappelle tout ce qu’il aime manger, regarder, écouter… Tout ! Parfois ma mère pose une assiette en plus. Tu te rends compte ? Comme s’il allait débarquer d’un instant à l’autre. Parfois, je me demande si elle n’est pas en train de devenir folle.
-Ne dis pas ça. Ma grand-mère le fait aussi, au cas où quelqu’un s’invite. Seules les personnes généreuses le font.
-Avant, nous étions riches et je peux te jurer qu’il y avait à boire et à manger pour toute la famille et les amis, dit Djamel, avec des regrets dans la voix. Mon père s’est lancé dans une affaire, il a emprunté beaucoup d’argent. Si l’affaire tourne mal, tu peux être sûr qu’on risque de se retrouver SDF, à mendier.
-Qu’Allah lui vienne en aide. Inchalla Allah qu’il réussira. Qui ne tente rien, n’a rien ! Si ça se trouve, vous deviendrez encore plus riches qu’avant. Promets de lui parler de moi, j’aurais besoin d’un boulot bien payé. Je peux être son homme de main. 
-Mon père est un homme honnête, il ne magouille pas. Il n’a pas besoin d’hommes qui nettoient des scènes de crime, comme dans les films, dit Djamel. Réussis tes études et après, on verra. Sache que si ça tourne bien, je te donnerais un coup de main. Nous sommes des frères de cœur.
Zaher le remercia, non sans se rappeler que les vêtements qu’il portait lui appartenaient et qu’il en prenait grand soin. Il savait que son ami tiendrait parole. Ils s’échangèrent une accolade. 
-Qu’Allah te garde et fasse que Djamila et toi soyez unis plus tard.
-Incha Allah. Tu sais, je crois que je n’ai jamais été aussi heureux de toute ma vie. Je rêve du jour où nous serons ensemble officiellement. 
En attendant, le temps s’écoulait doucement, marqué par leurs brèves rencontres, par les examens où ils obtenaient de bonnes notes et leurs courriers de cœur. Ils avaient des projets et rêvaient de les réaliser. Mais c’était sans compter sur le malheur qui allait tomber sur sa famille au moment où il ne s’y attendait pas.

 

(À SUIVRE)
T. M.

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