Des Gens et des Faits 8e partie

“LE SERMENT”

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Taos M’HAND Publié 29 Mars 2021 à 08:53

Résumé : Plus rien n’avait d’importance pour Djamel. Il était amoureux et avait des projets plein la tête. Ils ne se voyaient plus autant qu’avant, se contentant d’échanger des lettres. Zaher ne cessait de se moquer de son ami et frère de cœur. Djamel était satisfait de leurs résultats, voulant aller à la fac en même temps qu’elle. Mais le malheur allait frapper à leur porte au moment où il ne s’y attendait pas.

La nouvelle était tombée un jour de semaine alors qu’il rentrait du lycée. Il avait l’habitude de manger au réfectoire, mais ce jour-là, il avait oublié son cahier d’anglais. Parti pour le chercher, il fut surpris par la présence de sa famille et des amis chez lui. Il ne comprenait pas. Il n’était pas au courant, il savait seulement que l’heure était grave. Il était choqué de voir sa mère et ses sœurs pleurer. Même ses tantes étaient inconsolables. Djamel pensa à son frère qui donnait rarement de ses nouvelles dernièrement. 
-Il est arrivé malheur à Norredine ? C’est ça ? demanda-t-il en prenant sa mère dans ses bras. A-t-il fait un accident ? A-t-il été agressé ? Il n’est pas mort, rassure-moi !
Sa mère secoua la tête négativement. Elle ouvrit la bouche, mais aucun son ne sortit. Les larmes coulaient. Secouée par les sanglots, elle s’appuya sur son épaule. Djamel pensa à son père qu’il chercha des yeux.
-Où est-il ? Qu’est-il arrivé ?
Son oncle maternel Amar le prit par le bras et le força presque à s’asseoir. 
-Écoute mon grand, ton père est à l’hôpital, son état n’est pas grave, le rassura-t-il. Il est seulement blessé.
-Il a fait un accident ? Où ? 
-Écoute, il a été pris pour cible, le chauffeur est aussi blessé, mais ils sont en vie. C’est tout ce qui compte, vraiment. Le reste…
-De quoi tu parles ? 
-L’hangar des marchandises a été incendié. Les vignes, les oliviers… tout a brûlé. C’est un miracle que ton père et son chauffeur s’en soient sortis.
-On n’en a rien à faire de la marchandise, dit Djamel, l’essentiel, ils sont sains et saufs. Est-ce que les blessures sont graves ?
-Non, non, leur vie n’est pas en danger, le rassura l’oncle. Ta mère et tes sœurs ont besoin de soutien.
-Ne t’en fais pas. Je suis là, mon père est à quel hôpital ?
-Ils sont à l’EPH de Thénia. Je vous y emmènerais plus tard. 
Une voisine apporta à manger, mais personne n’y toucha. La gorge nouée, il maudit les terroristes qui s’en étaient pris à son père et à leur commerce. Bien des fois, il avait entendu des histoires où on menaçait les riches de la région et qui étaient souvent rackettés. Djamel se demandait s’ils avaient menacé son père avant de s’en prendre à lui. 
-Maman, prépare-toi, on va y aller ensemble. 
-Et tes cours ?
-Je m’en fiche ! Tu crois vraiment que j’ai la tête à étudier ! Nous avons failli perdre papa. Je pense à mon oncle Rahim, il aurait pu mourir. Est-ce que sa famille est au courant ?
-Oui, oui…
Le temps que Meriem mette son hidjab, son oncle sortit la voiture du garage. Il les emmena à l’hôpital de Thenia. À l’accueil, on les envoya aux urgences, mais aucune trace de son père ni de son chauffeur. Ils interrogèrent à droite, à gauche toute personne portant une blouse blanche, même les agents de sécurité. Enfin, un infirmier sortant du bloc opératoire des urgences finit par les renseigner. 
-Ils sont en salle de réanimation, mais ils ne vont pas tarder, ils ont été blessés par balles. Sachez que les opérations se sont bien passées.   
-Dieu merci. 
-Avec une bonne prise en charge et du repos, ils s’en remettront vite, assura l’infirmier. Vous pouvez aller les attendre au premier. Ils ne devraient pas tarder à les y emmener.
Ils le remercièrent, mais ne furent rassurés qu’une fois qu’ils purent les voir. Djamel qui avait toujours connu son père fort, pleura en le voyant si pâle, si souffrant et en larmes. Il s’accrochait à leurs mains comme à la vie qu’il avait failli perdre.

 

 


(À SUIVRE)
T. M.

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