Des Gens et des Faits 26e partie

“LE SERMENT”

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Taos M’HAND Publié 19 Avril 2021 à 00:47

Résumé : Mounir ne pourra pas le faire tout de suite, il dut déposer une demande de congé. Meriem craignait qu’il ne revienne plus, mais après plusieurs semaines de silence et d’absence, il revint pour lui donner de l’argent. Il proposa à sa mère d’emprunter de chez son patron pour relancer les affaires de son père, mais elle refusa. Elle ne voulait rien lui devoir. Mounir était prêt à le suivre.

La soirée se passa bien, Meriem avait retrouvé son garçon calme et rêveur. Elle manqua de fondre en larmes lorsqu’il lui demanda pardon.
-Pourquoi ? 
-Je sais que tu t’inquiètes pour moi et l’autre fois, je me suis mal comporté.
-Ce n’est rien. Je suis très contente pour m’en rappeler.
-Est-ce que papa se confie à toi ?, l’interrogea-t-il. Je voudrais discuter avec lui, d’homme à homme, mais j’ignore si c’est le bon moment. À ton avis ?
-Attendez un peu.
La nuit sembla longue pour Meriem. Levé à l’aube. Djamel se préparait à partir sans dire au revoir quand elle sortit de la chambre. 
-Il faut que j’y aille, dit-il en l’embrassant. Salue les filles de ma part. Si tu as besoin de quoi que ce soit, tu peux me joindre à ce numéro. C’est celui de la salle de jeux. Mais uniquement en cas d’extrême urgence, insista-t-il. Prends soin de toi et de papa.
-Reviens-nous vite, le pria-t-elle avant de lui donner sa bénédiction. Qu’Allah te protège et te garde mon fils. 
Après avoir fermé la porte derrière lui, elle alla regarder de la fenêtre du salon. Elle le vit s’éloigner de la maison, vite suivi par Mounir. 
Elle espérait qu’il réussirait à en savoir plus, sur les activités et les fréquentations de son fils. Elle attendait les nouvelles, ne sortant pas dans le jardin pour ne pas rater les appels. Mounir avait promis de la contacter. Les jours passèrent sans qu’il ne se manifeste. Puis, il y eut un ratissage dans la région. On voyait défiler des convois de militaires et de gendarmes. Les gens évitaient de sortir. Ceux qui le faisaient, ne tardaient pas. Une fois, le pain et le lait achetés, ils retournaient chez eux. Ceux qui étaient contraints à travailler partaient la peur au ventre, ignorant sur quoi ils tomberaient. Ils priaient pour rentrer vivants. Les femmes ne sortaient plus, seules, celles qui travaillaient osaient sortir en hidjab, les yeux baissés, pressant le pas pour échapper aux regards suspects et parfois à la mort. 
Un jour, Zaher vint en catastrophe chez eux, des journaux à la main.  
-Khalti, est-ce que vous êtes au courant ?
-Mon fils, ton oncle et moi ne sortons jamais. Et nous ne recevons plus, ni la famille, ni les amis. Ton oncle ne supporte pas le regard des autres, il ne veut ni de la pitié ni de la charité des autres, il est trop fier. Mais dis-moi, de quoi voulais-tu me parler ?
-Khalti, la présence des militaires n’était pas pour rien. Au début, on suspectait la présence de terroristes. En fait, ils ont ratissé toute la région et ils ont retourné la terre, dans plusieurs endroits, dans les forêts…
-Ah bon ? Et pourquoi ? Ils cherchaient quoi ?
-Je viens de lire dans la presse qu’ils ont trouvé des cadavres.
-Allah Akbar ! Est-ce qu’ils savent à qui appartiennent-ils ? demanda Meriem. 
-Je n’en sais pas plus, mais j’ai pensé aux filles qui avaient disparu, dit Zaher. J’espère que Djamel n’a pas le temps de lire la presse. Ou qu’il n’en fera pas le rapprochement. Le pauvre… J’ai tout de suite pensé à lui en apprenant la nouvelle. 
-Il est venu plusieurs fois, mais jamais il n’a parlé de son ancienne amie. Je crois qu’il l’a oubliée. Et c’est tant mieux. 
Mais Djamel l’apprendra aussi. En fait, elle ne sera pas surprise de le voir arriver à la maison pour déposer son sac avant de se rendre à la gendarmerie. Son visage défait par la peur, parlait pour lui. Elle pria pour que Djamila ne figure pas parmi les victimes.

(À SUIVRE)
T. M. 
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