Des Gens et des Faits 31e partie

“LE SERMENT”

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Taos M’HAND Publié 24 Avril 2021 à 21:34

RésuméMeriem s’inquiétait pour Djamel. Le fait de trouver ces drogues lui donna un mauvais pressentiment. Hadj Said allait profiter de Djamel. Elle ne se trompait pas, il lui demanda d’accompagner son cousin, sans donner la destination et le but de cette sortie nocturne. Djamel se rendit à la mosquée. Il confia à Ilyès, les raisons de sa peine et de sa colère. Ilyès émit des doutes sur les commanditaires des massacres.

Djamel secoua la tête, comme pour chasser l’image des forces de l’ordre, en train de massacrer la population qu’ils étaient censés protéger des terroristes. Lui, le jeune homme n’y croyait pas. Pour lui, toutes uniformes confondues, les agents lui inspiraient la confiance et la sécurité. Les propos d’Ilyès le mirent dans la gêne. Il n’avait pas l’habitude de parler politique. Il ne s’était pas encore remis du drame arrivé à sa famille parce que son père avait refusé de céder aux menaces. S’il avait payé, il n’aurait rien perdu, il aurait soutenu les terroristes. 
-Non, il y a les bons et les mauvais. Les bons protègent la population et les biens de l’État, dit Djamel. Les mauvais agissent la nuit et ils terrorisent les grands, les petits, les riches, les pauvres quand ils ne les soutiennent pas. 
-Crois-moi mon frère, ils font tout pour que le peuple soit contre eux. Ils trouvent leur compte dans les agressions, les sabotages, et les viols qui sont commis.
-Comment peux-tu parler avec autant d’assurance et de conviction de ce qu’ils font ? Tu ne les connais même pas. Et crois-moi, c’est une chance de ne pas croiser leur chemin. Ils ne sèment que mort et désolation sur leur chemin. À raison ou à tort, ils n’ont pas le droit de s’en prendre aux gens qui ne pensent pas comme eux ou qui refusent de les aider à prendre le pouvoir. Tu défends l’indéfendable. Ce sont des monstres ! 
-Je sais que les groupes armés font la guerre au pouvoir. Ils ne s’en prennent jamais au peuple. Tu te trompes.
-Mais tu es aveugle ma parole ! C’est atroce ce qu’ils font subir à ceux qui sont contre eux, insista Djamel. Aux filles qui refusent de porter le voile ou à leurs familles lorsqu’elles refusent de les marier avec eux. 
-Comme dans toute guerre, il y a des dommages collatéraux. 
-Tu sembles bien les connaître, remarqua Djamel. 
-Oui, je les connais et je les fréquente depuis longtemps. Je fais partie d’un groupe. Nous combattons pour une cause juste. On nous a privés de notre victoire. Ceux qui se trouvent en travers de notre chemin, le regretteront tôt ou tard. El-Hadj t’a parlé de la mission de ce soir ?
-Oui et non, répondit Djamel. J’ai bien rendez-vous avec son cousin, mais j’ignore où irons-nous et ce que nous ferons. Comment se fait-il que tu sois au courant ? 
Djamel avait froncé les sourcils, suspicieux. La discussion qu’ils venaient d’avoir, l’avait mis mal à l’aise. 
-Moi aussi, j’en fais partie, lâcha Ilyès en jetant un coup d’œil à sa montre. C’est bientôt l’heure. 
-Pourquoi ? Nous allons vraiment y aller ensemble ?
-Oui, allez, lève-toi. Dépêchons-nous, sinon nous serons en retard au rendez-vous.
-Tu fais vraiment parti de la mission ?, s’écria Djamel, en se levant pour le suivre dehors. Pourquoi on n’a jamais travaillé avant ensemble ?
-El-Hadj avait ses raisons. Nous pouvons dire que maintenant tu es prêt. Il te fait entièrement confiance.  
Ilyès lui donna un survêtement noir et une cagoule. Il le laissa se changer à l’arrière d’une camionnette bâchée, pleine de cagettes de légumes et de fruits. Djamel n’avait plus vraiment le choix. Il aurait voulu en savoir plus, mais il s’était engagé à faire ce travail sans poser de questions. 
-Tu restes à l’arrière et pas un bruit, si nous sommes arrêtés.
-Et s’ils décident de fouiller ?
-Cache toi derrière les cagettes.
-Si c’est pour remettre des légumes, pourquoi cet accoutrement et se cacher ? 
-Tu poses trop de questions. Je crois que Hadj Said t’a surestimé, dit Ilyès avant de lui donner un petit cabas très lourd. Tu as de quoi te protéger… Moi, je vais me mettre au volant sinon nous serons en retard.
Le temps qu’il rabatte la bâche, Djamel ouvrit le cabas et découvrit des armes et des chargeurs. C’était la première fois qu’il en avait entre les mains.
 

(À SUIVRE)
T. M.

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