Des Gens et des Faits 41e partie

“LE SERMENT”

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Taos M’HAND Publié 07 Mai 2021 à 17:06

Résumé :  Aussitôt après avoir tiré, il le regretta. Il était bouleversé du fait d’avoir ôté la vie à Mounir. Au lieu de s’enfuir, il alla le voir. Il fut surpris et soulagé, ce n’était pas Mounir. Mais il regrettait son geste. Ilyès le poussa dans le fourgon qui ne les emmena pas loin. Ils furent acceuillis dans une villa, par d’autres frères. Ils fêtaient sa réussite. Ilyès lui donna un nouveau nom et le fit entrer dans une chambre pleine de filles enlevées.

-Passe une bonne nuit. Si tu as besoin de quelque chose, tu n’as qu’à demander. 
-Merci…
Djamel ferma la porte à clef, il s’appuya à la porte et regarda la jeune fille. Elle se tenait dans le coin de la pièce, semblant ne pas le reconnaître. Elle était effrayée. Malgré tout la drogue prise, après s’être sali les mains, il n’en revenait toujours pas. Son visage lui rappela sa bien-aimée. Pendant un moment, il eut mal au cœur.
-Est-ce que j’ai des hallucinations ? Est-ce que c’est bien toi Louiza ?
La jeune fille leva des yeux surpris. 
-D’où me connais-tu ?
-Nous étions au lycée avant, répondit-il en s’approchant lentement, des larmes aux yeux. C’est moi… Djamel, l’ami de Zaher…
-Toi ? Mais qu’est-ce que tu fais ici avec eux ? Comment as-tu fait pour en arriver là ? Aâlech ? Enta wlid familia ? Tu es un bon garçon. Comme tu as changé. Je ne te reconnais plus. Ce n’est pas possible que tu sois devenu un terroriste. Toi, le poète, le rêveur !
-Il est mort et enterré quelque part, répliqua-t-il, amer. Louiza, tu avais disparu en même temps que… Djamila… Il y a quelques mois, elle a été retrouvée avec d’autres filles…
-Erhem waldik, elle est vivante ? Dis-moi qu’elle est vivante, le pria-t-elle en larmes et elle tomba à genoux à ses pieds. Oh ! mon amie, comme elle me manque. 
-Vous étiez ensemble au début ?
-Oui… Mais elle était difficile. Elle ne se laissait pas faire. Elle leur tenait tête, raconta Louiza. Elle en a reçu des coups la pauvre… Un jour, ils l’ont emmenée ailleurs. Mais toi, ajouta-t-elle, qu’est-ce que tu fais parmi ces monstres ? Est-ce que tu étais déjà avec eux quand on nous a enlevées ? Est-ce que tu t’es rapproché de nous pour gagner notre confiance ? Tu es derrière notre enlèvement ? Pourquoi ? H’ram alik ! Nous te faisions confiance. Djamila croyait que tu l’aimais… Malheur à toi. Sois maudit !
-Non, non… Je l’aime toujours. Je te jure que je n’y suis pour rien. 
-Qu’est-ce que tu fais là ?
-C’est trop long à raconter… Je ne peux même pas t’expliquer. La misère m’a poussé à travailler chez Hadj Said. J’étais bien payé, j’étais devenu soutien de famille. Tu te rends compte ! J’étais coursier. Je l’ignorais au début, mais il fait du trafic de psychotropes. Et puis un jour, il m’a confié une mission. Je devais accompagner Ilyès. Il a failli tuer un homme, un militaire en permission. Quand ils ont découvert qu’il avait échappé à la mort, ils m’ont emmené au maquis… Ils disaient que je devais être recherché. J’avais essayé de sauver l’homme en question, il m’avait vu. Depuis, je suis avec eux. Quand je travaillais dans la salle de jeux, je prenais des vitamines pour tenir la nuit. 
-Tu veux dire de la drogue ? 
-Je ne savais pas… Maintenant quand je suis en manque, je souffre. Figure-toi que ce soir, j’ai dû faire mes preuves. J’ai tiré sur un homme qui ne m’a fait aucun mal. Je suis devenu un criminel. Leur cause, moi, je n’y adhère pas. Je ne suis pas comme eux. Je ne suis pas un terroriste.
-Ce sont des monstres, dit-elle. Même les bêtes ont plus d’humanité qu’eux. Si tu savais tout ce dont ils sont capables. Si tu savais tout ce qu’on a subi, tu ferais tout pour qu’ils crèvent de la pire mort qui soit.
Djamel l’aida à se relever. Ils vont s’asseoir sur le lit. Louiza se tordait les mains tout en regardant vers la porte. Des rires, des injures, parfois des cris leur parvenaient jusque dans la chambre.  
-Tu sais… Parfois je préfèrerais mourir. Plusieurs fois, j’ai voulu me suicider, mais l’idée d’aller en enfer m’empêchait de le faire. Mais dis-moi est-ce que cet enfer n’est pas pire ? 

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