Des Gens et des Faits 42e partie

“LE SERMENT”

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Taos M’HAND Publié 08 Mai 2021 à 17:30

Résumé :  Djamel avait retrouvé l’amie de Djamila. Louiza était surprise de le voir parmi les terroristes. Elle le connaissait gentil et bon. Le savoir avec eux la fit douter. Elle crut qu’il était derrière leur enlèvement. Elle raconta en pleurs comment Djamila leur avait tenu tête. Elles avaient été séparées. Djamel se confia à elle, lui expliquant comment il en était arrivé là. Il était devenu un criminel sans le vouloir. Il le regrettait.

-Accroche-toi Louiza ! Je ne vais pas te laisser ici. Personne ne mérite ça.
-Toi aussi, tu es une victime, affirma-t-elle. Ils te tiennent avec cette drogue. Elle te détache de la réalité, te rend fort quelques heures et insensible à la douleur. Quand tu es en manque, tu vendrais père et mère pour en avoir.
-J’en ai pris ce soir, mais j’ai retrouvé mon esprit. Je vois tout le mal que j’ai fait à ma famille, à moi-même. Maintenant, dit-il, tout est clair. Je maudis le jour où je suis tombé sur Ilyès. Je vais le tuer. Il m’avait présenté à Krimo, un poissonnier très connu dans la région. C’est lui qui m’a mis en contact avec Hadj Said. Je vais tous les tuer. Par leur faute, j’ai les mains pleines de sang. Je suis devenu un criminel. Qu’Allah me pardonne, je te fais le serment de me venger. 
-Si tu tentes quoi que ce soit maintenant, ils nous tueront, affirma-t-elle, en essuyant ses larmes. L’essentiel est que tu sois redevenu toi, le Djamel que ma chère amie aimait tant. Tu dois être prudent. Promets-moi de ne pas faire de folie. 
-C’est promis. Je vais tout faire pour nous sauver de là. Je trouverais une solution, promit-il. J’ignore quand je retournerais en ville. Hadj Said doit s’assurer que je ne suis pas recherché par les forces de l’ordre. Parfois je pense que je suis perdu.
Louiza posa la main sur son bras. 
-Tu parles du trafiquant qui joue le rôle du bon samaritain ? Djamel, méfie-toi de lui. C’est le diable en personne. Il embauche les jeunes perdus, rejetés par l’État, des pauvres…etc. Si tu savais… C’est dramatique ce qui vous est arrivé. Ton pauvre père a failli mourir, je connais Hadj Said. Je suis au courant de tout.
-Que sais-tu ?, l’interrogea Djamel. Raconte-moi.
Louiza lui rapporta avoir été présente quand il avait ordonné qu’on mette le feu à la marchandise et de liquider ton père et son chauffeur. 
-Mais il n’est pas de la région. Et mon père n’a jamais eu affaire à eux, s’écria Djamel. Je me rappelle qu’il avait été menacé… Comme il n’avait pas cédé au chantage… Mais en es-tu sûre ?
Louiza retira sa main et baissa les yeux, honteuse.
-J’étais sa préférée, confia-t-elle, pendant quelques semaines. Au début, je ne savais pas de qui il parlait, mais un soir où il s’était absenté quelques minutes, j’avais tenté de m’enfuir, mais tout était fermé. J’ai eu le temps de fouiller les tiroirs de sa bibliothèque et de son bureau. Je cherchais des clefs… Et puis, je suis tombée sur les photos de ton père, de ta famille. Il vous faisait suivre. Si un jour, tu vas chez lui, tu trouveras toutes ces preuves.
Djamel, l’esprit en ébullition, n’en revenait pas. Il pensa à son père, à sa mère qui devait se ronger les sangs, à leur vie brisée. Il avait envie de se taper la tête contre le mur. Il travaillait pour ceux qui voulaient tuer son père. 
-Je jure de leur faire payer. Et je te libèrerais, lui promit-il. Tu penses pouvoir tenir le coup ?
Louiza haussa les épaules, en se mordant les lèvres. Elle secoua la tête, elle l’ignorait. Chaque nuit pouvait être la dernière. 
-Si l’espoir fait vivre, leur présence le tue…
-Louiza, tu n’es plus seule, maintenant que je t’ai trouvée, je ne t’abandonnerai pas à ton sort. Tu es une sœur pour moi et l’amie de ma bien-aimée. Je te jure de te sortir de là. Ce sera une question de jours. Je trouverais une solution. Supporte encore un peu. 
-Je n’ai pas le choix.
Djamel défit le lit, jeta les coussins ici et là. 
-Mets du désordre dans tes cheveux, déshabille-toi et au lit. S’il te voit aussi impeccable, ils vont se douter de quelque chose. Ce n’est pas le moment. 
Louiza lui obéit. À peine s’était-elle glissée sous les draps qu’on tambourina à la porte. À travers la porte, Ilyès ordonna à Djamel de ne pas tarder. Ils l’attendaient pour partir.

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