Des Gens et des Faits 45e partie

“LE SERMENT”

  • Placeholder

Taos M’HAND Publié 11 Mai 2021 à 18:14

Résumé :  Djamel avait envie de rentrer chez lui, mais la peur de mettre en danger sa famille l’en empêcha. Depuis qu’il pensait à s’éloigner d’eux et à les faire tomber, il se sentait observé et suivi. De retour à la résidence universitaire, des camarades lui apprirent qu’on avait souvent demandé après lui. Mounir vint le voir. Il était triste, son cousin avait trouvé la mort en allant garder leur maison. Djamel se sentait coupable.

Il changea de couleur en voyant la photo. Il se rappelait bien de l’homme qu’il avait abattu.         -Allah Akbar… Rabbi yarahmou inchallah. Courage et patience à sa famille, à toi… Je suis 
désolé.
Mounir le regardait de travers, les sourcils froncés. 
-Comment ça désolé ?, l’interrogea-t-il. 
-Quand j’ai lu la presse et qu’on parlait de notre région, de notre quartier, j’ai tout de suite prié pour que ce ne soit pas quelqu’un que nous connaissons ou de la famille, dit Djamel qui voulait lui raconter la vérité, mais il se ravisa à la dernière seconde. J’avais peur pour mon père… Je pensais…
-Comme s’il t’arrivait de penser, répliqua Mounir. Je sais ce que tu fais comme boulot. Tu es payé pour les renseignements que tu donnes. Tu es un traître. Par ta faute, des hommes, des femmes meurent de la pire façon qui puisse exister. Qu’est ce qui t’a pris ? 
-Je te jure qu’au début, j’ignorais que je travaillais pour eux. Je pensais prendre des vitamines et en fait, c’était de la drogue.
-On sait que tu te drogues. Ta mère avait fouillé dans les affaires que tu avais laissées et elle a trouvé des pilules, des comprimés. En plus de la drogue, tu es un informateur. Tu aurais été l’indic de la police, j’aurais compris, mais avec des terroristes...
-Je te jure sur ce que j’ai de plus cher que je me suis retrouvé impliqué sans savoir, tenta de le convaincre Djamel. J’ai fait des choses horribles. Je ne le voulais pas… Je n’en avais pas conscience. Je te le jure sur la tête de ma mère.
-Comment peux-tu jurer sur sa tête alors que tu mens ? Alors que tu fais tout pour les mettre en danger. As-tu seulement pensé une seule fois à ta famille ? 
-Au début, tout ce que je voulais, c’était gagner de l’argent pour ma famille, jura Djamel. Après, je me suis retrouvé complètement dépassé. 
-Tu es avec eux ! Tu es devenu un terro… Tu as compris ? 
-Oui, oui… Mais je ne partage pas leurs idéaux. Crois-moi, dit le jeune homme. Je ne suis plus le même, depuis hier soir. Je suis redevenu moi, insista-t-il. J’ai retrouvé l’amie de Djamila, de Zaher… Elle m’a dit qui a commandité les incendies et l’attaque où mon père devait mourir. Ce sont eux qui ont tué Djamila. D’après Louiza, il y a des preuves, chez Hadj Said. Je dois les trouver et les livrer à la police. Je sais que je risque ma vie, mais je refuse de rester les bras croisés. J’aurais besoin de ton aide. 
-Mon pauvre Djamel ! Pour la police, tu es un terroriste et tu vas payer cher tes actes. Aux yeux des autres, si tu te fais prendre, tu deviendras un traître qu’il faudra abattre. Ils peuvent aussi s’en prendre à ta famille. Tu sais, les représailles, c’est toujours quand on ne s’y attend pas. 
-Mais si je remets tout à la police sur le groupe, je pourrais leur demander de protéger ma famille. Je pourrais négocier, non ?
Mounir secoua la tête. 
-Je ne crois pas que tu sois en position de pouvoir demander quoi que ce soit. 
-Tu pourrais aller voir le chef de la gendarmerie, l’ami de mon père. Parle lui de mon cas et de l’aide que je pourrais apporter, insista Djamel. Est-ce que je peux compter sur toi ?
-Oui, mais tu sais ce qui t’attend ? La prison, les procès… Personne ne peut dire comment tu vas finir. Tu risques la prison à vie, ou même de mourir en prison.
-Ou avant…
Mais Djamel y tenait. Il en avait conscience, mais sachant qu’il sera traqué soit par la police ou par le groupe de Hadj Said, il n’avait plus qu’une envie avant de mourir ; en finir avec ceux qui avaient détruit sa famille et ses rêves. Il se vengera quoi qu’il lui en coûte.

À SUIVRE 
[email protected]
Vos réactions et vos témoignages sont les bienvenus.

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

    • Placeholder

    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00

  • Chroniques DROIT DE REGARD Trajectoire d’un chroniqueur en… Liberté

    Pour cette édition de clôture, il m’a été demandé de revenir sur ma carrière de chroniqueur dans ce quotidien.

    • Placeholder

    Mustapha HAMMOUCHE Publié 14 Avril 2022 à 12:00