Résumé : Djamel eut la peur de sa vie. Il attendit que le silence revienne pour bouger. Il fouilla la suite de Hadj Said, il trouva le trousseau de clefs qui permirent d’ouvrir les tiroirs où étaient rangées des photos. Il tomba sur un carnet où étaient notés des noms, des dates, des adresses ainsi que les sommes d’argent pris à leurs victimes. Son père avait payé plusieurs fois. Il remit tout en place avant de retourner à la chambre d’amis. Ilyès et Krimo entrèrent sans frapper. Ils avaient amené des caisses d’armes.
-Hé ! Doucement, murmura Djamel. Les coups peuvent vite partir.
Il fixa le canon. Il voudrait sourire, même plaisanter, pour paraître normal, mais il se sentait pâlir sous le regard d’Ilyès qui le visait vers la tête. Djamel sentit que son heure était arrivée. Il regrettait d’être venu chez Hadj Said. Même s’il tenait à les faire tomber, il risquerait de se mettre en danger pour rien. Sa mort ne servira à rien. Il aurait dû se rendre à la police ou à la gendarmerie. Il aurait eu au moins la vie sauve.
Il se rappela avoir tué un patriote qui se rendait chez lui pour garder leur maison. Le cousin de Mounir allait être vengé par ceux-là même qui avaient droit de vie sur lui. Ilyès, le regard dur, gardait l’arme pointée sur lui, semblant hésiter.
-À quoi penses-tu ? Est-ce que tu souffriras ? Où iras-tu ? Au Paradis ou en Enfer ?
-Dans son état, dit Krimo, il ne fera pas la différence !
-Dans mon état, osa rectifier Djamel, je pourrais tuer mon père, ma mère. El-Hadj a parlé d’une mission pour bientôt. Dès que j’irais mieux, je lui ramènerais des jeunes que vous pourrez former.
-En effet, dit Ilyès en baissant l’arme. La mission aura lieu dans quelques jours, juste après tes examens. El-Hadj compte sur toi pour réussir. Il veut les meilleurs près de lui. Surtout s’ils sont jeunes et beaux.
Djamel respirait mieux en le voyant vider l’arme et la remettre dans la caisse. Il soupira de soulagement.
-Je lui ramènerais tout ce qu’il veut.
-On fera équipe ensemble ! Le prochain coup va marquer notre histoire. On va taper fort... Très fort même !
-Ah oui ? On s’en prendra à qui ?
-Ne pose pas trop de questions, dit Krimo. Le plan n’est pas au point. Dès que tu auras fini tes examens, on s’entraînera un peu. On se reverra à la mosquée ou à la salle de jeux.
-Inchallah ! Je veux prouver à Hadj Said que je peux devenir son homme de confiance et son bras droit, insista Djamel qui ne voulait pas être mis à l’écart de cette mission. Si vous le permettez, je voudrais déjeuner… Si vous n’avez encore rien pris, on peut manger ensemble.
-N’en fais pas trop ! Tu ne prendras pas notre place. Pour devenir un homme de confiance, tu devras sacrifier ta famille, l’avertit Ilyès. Ne tente pas le diable.
Djamel hocha la tête. Il retourna dans la chambre d’amis et s’adossa à la porte. Le cœur battant à tout rompre, il se demandait s’il pourra vraiment les empêcher de commettre le prochain attentat. Il devait rester sur ses gardes, glaner toute information utile qui permettrait de sauver des vies. Pour cela, il devra garder son calme et se comporter normalement.
Ce soir-là, lorsqu’ils dînèrent tous ensemble, Hadj Said l’encouragea à réviser.
-Maintenant que tu vas mieux, reprends les cours et révise ! Prends tout ce dont tu as besoin de la bibliothèque. Fais comme chez toi. S’il te manque quoi que ce soit, dis-le moi ou demande-le à Ilyès.
-Merci.
-Tu peux aller à ta chambre. On se voit demain matin, le congédia-t-il. Bonne nuit.
-Je prends quelques livres avec moi, en attendant le sommeil, dit Djamel qui aurait tout donner pour participer à cette réunion nocturne et ne rien rater de ce qui allait se dire. Bonne nuit.
Il se rendit à la bibliothèque et choisit une encyclopédie. Il alla à la chambre d’amis. Sur la table de nuit, on avait posé une corbeille de fruits. Il s’empressa de vérifier que les photos étaient encore là où il les avait cachées.
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