Des Gens et des Faits 53e partie

“LE SERMENT”

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Taos M’HAND Publié 22 Mai 2021 à 22:32

RésuméMounir et Mohand-Arab emmenèrent Djamel chez un procureur. Il lui raconta tout depuis le début. Il voulait les aider à mettre hors d’état de nuire le groupe armé. Même si c’était risqué, il retournera travailler chez Hadj Said. Il tenait à réparer ses fautes, en sauvant d’autres vies. Il remit les noms des victimes du groupe et les photos qu’il avait volées.

-Djamel, tu devrais réfléchir, dit Mounir. S’ils se doutent de quoi que ce soit, ils vont te liquider. Même si la police ou les gendarmes sont au courant et se préparent, ils ne pourront pas te protéger. Tu seras face à tes ennemis. Mon frère…
-S’ils ont ma photo, ils ne tireront pas sur moi.
-Mais tu as dit que vous portiez à chaque fois des cagoules, lui rappela-t-il. 
-La première fois, j’étouffais. J’avais retiré ma cagoule, le type sur qui Ilyès avait tiré pourra me reconnaître. Lorsque je me suis jeté sur lui pour le sauver, je n’avais pas pensé à la remettre. Il m’a bien vu, il pourra témoigner en ma faveur.
-Inchallah.
-Alertez les postes de police, les barrages de ne pas tirer sur moi. J’enlèverais ma cagoule s’il le faut, dit Djamel. 
-On le fera quand on saura où et quand. Courage mon garçon. 
Dans le fond, tous savaient qu’ils ne pourront  rien faire pour le protéger et qu’il risquait de mourir. À moins qu’il y ait un miracle.
-Je vous remercie de m’avoir écouté.
-J’espère qu’on se reverra bientôt. Qu’Allah te protège. 
Ils partirent sans tarder. Mounir avait le visage fermé. Il éprouvait de la colère, de la tristesse. Djamel devina pourquoi. 
-Je n’ai pas le choix, je dois le faire...  Je dois payer pour mes erreurs. 
-Moi, j’ai peur de te perdre. Qu’est-ce que je dirais à ta sœur ? Que j’étais au courant et que je n’ai rien fait pour que tu abandonnes cette idée suicidaire ? Elle ne voudra plus de moi après.
-Elle n’a pas besoin de le savoir.
-C’est facile pour toi, mais moi, je ne pourrais pas vivre avec ces omissions, s’écria Mounir. Il n’y a aucun doute sur le sort qu’ils te réserveront s’ils découvrent la vérité. Ta sœur m’en voudra à vie. Ton frère n’a plus donné signe de vie. Ton père n’est pas en état de protéger ta famille. Pense à ta mère et à tes sœurs. Dans le fond, elles n’ont plus personne que toi. Imagine la peine qu’elles auront si elles te perdent.  Mets-toi à leur place.
-Je sais, mais je ne pourrais pas me regarder dans un miroir si je ne fais rien pour me racheter. 
-Prends garde à toi ! 
Avant de se séparer, Mounir le prit dans ses bras et le serra comme si c’était la dernière fois qu’ils se voyaient. Djamel avait été déposé loin de la résidence. Il retourna dans sa chambre et déposa son sac. Il n’y tarda pas, il étouffait. Il ressortit pour marcher. Il pensait à l’avenir... En aurait-il un ? S’il lui arrivait malheur, qu’adviendrait-il de sa famille ? 
Perdu dans ses pensées, il ne vit pas une voiture s’arrêter à sa hauteur. Deux jeunes de son âge en descendirent et avant même qu’il put réagir, il se vit pousser à l’arrière, un couteau à la gorge. 
-Ne bouge surtout pas. 
-Qu’est-ce que vous me voulez ? 
-Tu ne vas pas tarder à le savoir. 
Djamel, le souffle coupé, sentait la pointe du couteau le piquer. Le chauffeur s’engagea dans une ruelle et se gara dans un garage dont le portail déjà ouvert, se referma rapidement sur eux. 
-Tiens-toi tranquille.
-Qui êtes-vous ?, demanda Djamel, en s’efforçant à garder son calme. Qu’est-ce que vous me voulez ? 
-Descends ! Tu vas vite le savoir. 
Djamel obéit, le jeune ne le lâchait pas,  le maintenant contre lui, prêt à l’égorger. Ilyès et Krimo apparurent. 
-Louanges à Dieu, vous êtes là, murmura-t-il. J’ai cru que ma dernière heure était arrivée. 
-Ne te réjouis pas trop vite, répliqua Ilyès. Qui te dit que tu verras le jour se lever ? Où étais-tu parti ? Qui était avec toi dans cette voiture ? Qu’est-ce qu’on te voulait ? Qu’est-ce que tu leur as dit ?
Djamel réalisa qu’il avait été pris en filature. Il aurait dû écouter son sixième sens. Cela faisait un moment qu’il se sentait suivi.
 

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