Des Gens et des Faits 76e partie

“LE SERMENT”

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Taos M’HAND Publié 18 Juin 2021 à 20:08

Résumé :  Mohand-Arab lui apprit que d’autres filles ont été libérées. L’une d’elles correspondait à la description de Djamila. La nouvelle perturba Mounir qui se demandait s’il devait en parler à sa belle-famille. Pour s’assurer que c’était bien Djamila, la sécurité militaire emmena Louisa la voir. Ils lui confièrent qu’elle avait été maltraitée et mise sous calmant. Mais même ainsi, Djamila reconnut son amie. Jamais elles n’auraient cru se revoir un jour. 

-Oh mon amie, ma sœur… Louanges à Dieu, tu es vivante. Pleure ! Je sais que ce sont des larmes de joie et de soulagement. Je te croyais morte et enterrée. Oh mon amie, ma sœur, si tu savais. 
Louisa étreignit son amie qui s’accrochait à elle comme à une bouée de sauvetage. 
-N’aie pas peur. Nous nous ne quitterons plus. Plus jamais…
Djamila la repoussa un peu et regarda autour d’elle, s’attardant sur les militaires qui patientaient un peu plus loin. L’officier la salua d’un hochement de tête. 
-Pourquoi m’a-t-il dit bonjour ? Qu’est-ce qu’il me veut ? 
-C’est lui qui m’a sauvée et qui m’a amenée jusqu’à toi. Il ne te veut rien de mal, tu n’as plus rien à craindre. Nous sommes en sécurité maintenant, promit Louisa, en lui essuyant les larmes. C’est grâce au courage d’hommes comme lui que nous sommes libres, lui rappela-t-elle, très reconnaissante. Plus personne ne nous fera du mal.
-Et Djamel ? Il n’est pas venu ? Il ne veut plus de moi ?, demanda Djamila. C’est ça ? Je ne vaux plus rien à ces yeux. 
-Ne dis pas de bêtises, la réprimanda Louisa en passant la main sur la mèche rebelle. 
Il était fou de toi. Je sais qu’il te pleurait, il t’adorait. J’ignore quelle sera sa réaction quand il apprendra que tu es encore en vie. On le saura 
bientôt.
-Pourquoi il n’est pas venu ? Qu’est ce qui l’en empêche ? 
-Il…
La dame lui fit signe de ne pas lui raconter. 
-Il te racontera tout. Sois patiente, vous allez bientôt vous retrouver.
-Djamila, est-ce que tu veux le revoir ? Lui parler ?, demanda la dame qui était psychologue et qui faisait du bénévolat au sein de plusieurs associations dans l’aide à l’enfance et aux personnes en difficulté. D’après ton amie, il tenait beaucoup à toi. Vous vous entendiez bien ?
L’ombre d’un sourire passa sur le visage de la jeune fille. 
-Oui... Mais il ne voudra plus de moi, je ne suis plus vierge et je suis enceinte d’eux. Ils m’ont souillée ! Je suis si sale !
Elle poussa Louisa, puis se recroquevilla sur le banc. Elle ferma les yeux et les poings. 
-Non, ne pense plus à ça. Pense à la joie que vous aurez de vous revoir. Si avant, il était ton amoureux, il peut encore l’être ou bien devenir ton meilleur ami, poursuit la psychologue, espérant être convaincante. Les sentiments sincères ne meurent jamais. 
Djamila secoua la tête, puis la baissa. Louisa ne put se retenir et s’accrocha à son bras. 
-On s’en fout qu’il veuille de toi ou pas, ce qui compte vraiment, c’est que tu sois en vie et que nous nous soyons retrouvées. Si on me le permet, je resterais ici. 
La psychologue trouva que c’était une bonne idée. 
-Je vais en parler à la directrice, dit-elle. La décision sera prise au niveau de la Dass. Il faudra voir s’il y a une place de disponible et d’autres conditions, mais ils auront mon Ok. Je voudrais bien vous voir ensemble. Les épreuves de la vie sont plus supportables quand on est entourés de ceux qu’on aime.
-Inchallah. Est-ce que vous pouvez leur parler maintenant ? Je voudrais rester près d’elle, mais c’était sans compter sur l’officier qui se rapprocha de la psychologue. 
-Nous étions venus pour confirmer s’il s’agissait bien d’elle. Maintenant qu’elle a été identifiée, Louisa doit nous aider à la faire parler. Elle pourra nous aider à mettre des noms, des visages sur les terroristes qui l’ont gardée captive, après qu’elles aient été séparées.
La psychologue lui déconseilla fortement de mettre la pression sur la jeune fille. 
-Je vous interdis de l’interroger. Le sentiment d’insécurité et la peur l’empêchent même de dormir. Elle en a assez subi et vu pour que vous en rajoutiez une couche. Les calmants qu’elle prend ne suffisent pas pour la calmer, c’est la première fois que je la vois parler. Ce qui est arrivé aujourd’hui est un miracle. Ne gâchez pas tout.

 


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