Des Gens et des Faits 87e partie

“LE SERMENT”

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Taos M’HAND Publié 30 Juin 2021 à 20:54

RésuméLe chauffeur les déposa devant l’entrée d’une cour réservée spécialement aux femmes. En plus du bain maure, il y avait un salon de beauté. Meriem connaissait déjà l’endroit, étant une habituée avant que la roue ne tourne. Guemra la nouvelle propriétaire du bain maure, était très suspicieuse. Elle ne comprenait pas pourquoi elle voulait savoir si elle avait une jeune masseuse. Elle voulait la protéger, elle menaça d’appeler l’agent de sécurité. Elle s’adoucit lorsqu’elle lui parla de Djamel.

-Montrez-moi vos papiers, lui 
demanda Guemra. Qu’est-ce qui prouve que vous êtes bien la mère de ce garçon ?
-Il n’y a pas de problème…
Meriem ne chercha pas sa pièce d’identité. Elle l’avait encore en poche. Elle la lui remit et alla s’asseoir sur le banc. Elle croisa son reflet, dans la glace. Elle ne se reconnaissait pas. Elle était soulagée que l’ancienne propriétaire soit partie. Celle-ci l’aurait interrogée sur son changement de statut et elle n’aurait pas supporté sa pitié. La chute avait été brutale. Si avant, sa richesse était visible au nombre de parures en or qu’elle portait, maintenant il ne reste que les boucles d’oreilles héritées de sa mère, et son alliance. 
Guemra était revenue. Elle sortit du frigo des jus et vint s’asseoir près d’elle. Son hostilité et sa suspicion avaient disparu. 
-Il faut me comprendre, je me suis prise d’affection pour elle. Elle est seule… Lorsque Kamel, mon fils, me l’a ramenée, je n’ai pas eu le cœur à la laisser dehors. Comme elle est jeune, je lui ai proposé de travailler ici. Elle n’est jamais sortie… J’ignore qui elle fuit, mais elle est terrorisée à l’idée qu’il puisse la retrouver.
Meriem en déduit qu’elle ne lui a pas tout raconté et qu’elle devait aussi ignorer qu’elle avait fait une fausse-couche, sinon elle ne la laisserait pas travailler dans le hammam. 
-La seule personne qu’elle voulait voir est votre fils. Mais cela lui a fait plaisir de savoir que vous l’accompagniez.
-Elle tarde, fit remarquer Meriem qui imaginait Djamel s’impatienter dehors.
-Elle sera là dans quelques minutes… Elle prend une douche et se prépare, dit Guemra avant de retourner derrière le comptoir pour remettre aux clientes les sacs à main et les objets précieux et d’encaisser. 
Lorsque Djamila apparut, Meriem ne la reconnut pas tout de suite. 
-Khalti... bonjour…
-Djamila ? Oh Mon Dieu… Dieu soit loué ! Tu vas bien ?, lui demanda-t-elle en la prenant dans ses bras pour la serrer. 
-Oui… C’est vrai que Djamel est là ? 
-Oui, il nous attend dehors… On va partir…
Meriem se rapprocha de Guemra. Elle la remercia de lui avoir donné du travail et un toit. 
-Je n’ai rien fait. Je ne pouvais pas la laisser à la rue. Ce soir, je vais dormir  tranquille puisqu’elle sera entourée de sa famille. Prenez-en soin. 
-Pas besoin de me le rappeler… On se revoit bientôt inchallah.
-Avec plaisir, vous serez les bienvenues.
Guemra sortit plusieurs billets. Le salaire de toute la semaine, en plus du pourboire qu’avaient laissé des clientes. Djamila les glissa dans le sac où elle avait réuni ses quelques affaires. Avant de se séparer, Guemra lui fit un gros câlin, des larmes aux yeux. 
-Qu’Allah soit avec toi ma fille ! Allez, partez avant que je me transforme en fontaine. Partez en paix.
Meriem prit Djamila par le bras. Elles quittèrent le hammam et la cour sans dire un mot. Comme elle s’en doutait, Djamel ne tenait plus en place à l’extérieur. Dès qu’elles apparurent, Meriem le vit se figer et rougir. Elle ignorait qui avait fait le premier pas, mais avant que l’agent de sécurité et elle ne s’en rendirent compte, Djamel et Djamila coururent l’un vers l’autre. Djamel la prit dans ses bras un long moment. Tous deux pleuraient. Même Meriem…
-Je croyais que nous nous ne reverrons jamais, dit la jeune fille avant de se détacher de lui, sous le regard désapprobateur de l’agent de sécurité. Djamel, est-ce que je rêve ?
-Non, ma fille, répondit Meriem à sa place. Nous ferons bien de rentrer à la maison. Allons prendre taxi ! 
-Oui, allons-y ! Nous ne pouvons pas tarder ici…
C’était dangereux pour eux…
 

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