Des Gens et des Faits 93e partie

“LE SERMENT”

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Taos M’HAND Publié 07 Juillet 2021 à 20:31

Résumé : Djamel poursuivit ses confidences. Il lui raconta tout au risque d’être rejeté. Il lui expliqua comment il en était arrivé là sans le vouloir. La drogue qu’il prenait l’avait coupé de la réalité. En voyant Louisa, en tenant compte des informations qu’elle lui avait données, il eut un déclic salvateur. S’il n’avait pas joint la sécurité militaire, s’il n’avait pas sauvé des vies, il sera en cet instant en prison ou mort. Djamila le crut sur parole. Elle lui conseilla de partir, refusant qu’il lui arrive malheur. Djamel refusait de la quitter. Il la demanda en mariage.

-C’est de la folie ! On vient de se retrouver… Je ne peux pas répondre à ta question ce soir. J’ai besoin de temps… Même toi. 
Djamel secoua la tête. 
-J’en ai perdu assez pour savoir ce que je veux vraiment. Te rappelles-tu que nous devions nous fiancer après les examens du bac ? Et que nous devions aller à la fac ensemble ? Je me souviens que je t’attendais jusqu’à la dernière seconde devant le portail. Je te cherchais… Je ne comprenais pas que ton absence…
-Ils en avaient décidé autrement pour toi, pour moi, pour les autres, répondit-elle. Toi, tu l’as eu et tu as été à la fac. C’est bien, il faudra que tu y retournes, ici ou ailleurs.
-Quand je t’entends parler, j’ai l’impression que tu en es ressortie plus forte et plus mûre, remarqua-t-il. Je crois qu’une autre que toi serais brisée et abattue. Je suis admiratif devant ton courage. À peine sortie du foyer, tu t’es mise à travailler. 
-Le courage, je le puisais dans les souvenirs et dans l’espoir de te retrouver, confia-t-elle. Je voulais m’assurer que tu allais bien. Je suis heureuse et soulagée que tu t’en sois bien tiré. Il faut que tu continues. Pars avec ta mère, lui conseilla-t-elle. Ne perds pas ton temps.
-L’avenir, c’est toi ! Si tu ne veux pas que j’en perde davantage, réponds-moi par oui, la pria-t-il avant de voir qu’il était plus de minuit. On dit que la nuit porte conseil. Nous en reparlerons demain. Tu as besoin de dormir et de récupérer. Bonne nuit Djamila.
-Bonne nuit à toi aussi… Après la discussion que nous avons eue, je doute de pouvoir trouver le sommeil. Depuis que je ne prends plus les calmants, je fais des nuits blanches… Mais je suis plus tranquille. La psychologue m’a beaucoup aidée. 
-J’avais peur de te trouver dans un sale état. Louanges à Dieu, tu vas mieux que je ne l’espérais. Mais va… essaie de dormir. Repose-toi, sinon, je vais te harceler jusqu’à ce que tu dises oui. 
-Alors, j’y vais. Bonne nuit.
Djamel espérait qu’elle reste encore un peu, mais elle quitta le salon sur la pointe des pieds, sans se retourner une seule fois. Ils ignoraient que Meriem ne dormait pas. Elle ne les avait pas écoutés, mais attendait avec impatience le matin pour en savoir plus. Le fait qu’ils ne se  criaient dessus, la rassurait. Djamila savait tout maintenant. Même si la vérité n’était pas belle à entendre, elle l’avait écouté et cru. Elle lui faisait toujours confiance. La mère espérait que s’ils s’aimaient comme au début de leur histoire, ils sauront tirer une leçon des épreuves passées. 
Le matin alors qu’elle préparait le petit déjeuner, elle fut surprise d’entendre le téléphone sonner. Elle s’empressa d’aller répondre. Elle fut surprise d’entendre la voix de Maître B , de si bon matin.
-Khir inchallah, souhaita-t-elle, sans prendre de ses nouvelles. Que se passe-t-il ? Rien de grave, j’espère !
Il la rassura. 
-Réveillez Djamel, il doit m’accompagner pour identifier des corps. Lors d’un ratissage, l’armée est tombée sur un groupe qui quittait la région. Il y a eu des morts des deux côtés, l’un d’eux ressemble à Hadj Said. Il se peut qu’il y ait son bras droit, un certain Ilyès. Espérons-le. Ils ont besoin de Djamel et des filles. Dites-lui d’être prêt à 8h.
-Il le sera. J’espère qu’ils iront en enfer. Ce Hadj Said et Ilyès qu’ils soient maudits… Notre vie est devenue un vrai cauchemar depuis qu’ils ont manipulé et drogué mon fils.
-Je prends la route. À plus tard.
Meriem raccrocha et lorsqu’elle se tourna, elle retint son souffle en voyant Djamila. Elle était toute pâle.
-Vous avez dit Ilyès?
-Oui. Pourquoi ?
Djamila s’accrocha à la poignée de la porte, proie à un malaise. Meriem accourut la soutenir, devinant qu’elle avait déjà eu affaire à lui.

 

 

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