Des Gens et des Faits 99e partie

“LE SERMENT”

  • Placeholder

Taos M’HAND Publié 14 Juillet 2021 à 20:20

Résumé : À la veillée et à l’enterrement seront présents la famille de Mounir et les voisins. Djamila, très éprouvée, fut emmenée chez un médecin qui la mit sous traitement. Plusieurs jours passèrent sans qu’elle ne se ressaisisse. Meriem s’emporta et lui dit le fond de sa pensée. Djamel traînait comme une âme en peine et s’exposait au danger en restant dehors. Le temps filait et il y avait des décisions à prendre. Djamila finit par accepter sa demande en mariage. Meriem décida qu’ils se marieraient avant son départ. 

Il n’y eut pas de fête pour marquer ce jour qui devait être le plus beau de leur vie. Meriem invita à dîner la famille de Mounir et les voisins. On leur apporta des cadeaux que Djamila n’ouvrit pas. Il fut rare de la voir sourire. Le souvenir de son amie la hantait. Les invités partirent avant l’heure du couvre-feu les laissant seuls. Les mariés n’avaient pas dîné. Djamila, épuisée, s’était retirée dans sa chambre. Meriem la rejoignit et elle la vit pleurer. 
-Ma fille, tu me donnes l’impression qu’on t’a forcé la main à te marier. Qu’est-ce que tu me caches ? 
-Yemma, je ne cache rien. Tout s’est fait si vite. Et rien ne s’est fait comme nous le voulions avant… Avant… Pas de famille, pas d’amis…
-Allah ghaleb, si nous savions où les trouver, il y auraient assisté… Pense positif, lui conseilla-t-elle. Tout ne s’est pas passé comme vous le vouliez, mais le sentiment est toujours là. Toi, tu es son premier et dernier amour. Je vous ai mariés rapidement parce qu’il le fallait, sans attendre que vous soyez guéris de vos blessures. Le temps était contre nous. Je ne tarderais pas avec vous, même si je n’ai pas le cœur à vous laisser... Mais il le faut, ton beau-père a besoin de moi. 
-Je sais… Yemma, merci d’être si patiente avec moi. J’espère seulement que nous resterons unis malgré tout. Je n’arrive pas à dépasser ma tristesse et j’ignore s’il me supportera longtemps.
-Il t’en a fait le serment, lui rappela Meriem. N’en doute jamais.
Elle sentait qu’ils s’évitaient et repoussaient l’instant où ils se retrouveraient seuls. Elle ne pouvait pas et refusait de bousculer les choses. La situation était délicate. L’un et l’autre devaient faire le premier pas. Ils le feront quand ils le voudront. 
La sonnerie du téléphone lui rappela que sa famille attendait de leurs nouvelles. Ils furent surpris d’apprendre que Djamel et Djamila étaient mariés officiellement. Meriem eut beau leur expliquer les raisons qui l’avaient poussée à accélérer les choses, ils jugeaient qu’ils s’étaient précipités. 
-Ici, ce n’est pas l’Occident. Ils ne peuvent pas vivre sous un même toit sans être mariés. Je voulais bien faire les choses avant de partir.
-Tu devais convaincre Djamel de venir avec toi mais de le lier, de lui rajouter un boulet, râla Norredine, à l’autre bout du fil. Sa situation était assez compliquée pour que tu en rajoutes. Pourquoi tu ne m’as pas consulté ?
-Te consulter ? Tu es sérieux ? Je sais que j’ai bien fait. 
-Ils vont vivre où ? De quoi ? 
-Ils ne mourront pas de faim, affirma Meriem, fâchée contre son fils aîné. Et nous serons là pour eux. Je serais loin, mais je prendrais soin d’eux, comme je le peux.
-Tu sembles oublier que c’est à cause du manque d’argent qu’il s’est embourbé dans les problèmes. Il n’a pas fini ses études, il ne travaille pas, et tu le maries avec une fille à problèmes ! Ce sera dur pour eux et pour nous, car nous ne pourrons pas faire grand-chose quand ça ira mal entre eux.
-Tu es devenu pessimiste. Bezzaf alik ! Tu noircis le tableau, s’écria Meriem. La famille est faite pour les bons et les mauvais jours. Mais tu en as déjà assez fait. Ne t’inquiète pas pour eux. Nous serons là. Tu retourneras à ta petite vie tranquille quand j’aurais posé les pieds là-bas. Je comprends que tu sois fatigué. Ta femme te mène la vie dure, c’est ça ?
-Yemma… Je vois loin. Je ne suis pas un enfant. Et même si c’est compliqué avec ma femme, ces derniers temps, je reste solidaire avec ma famille. Sauf que tu n’aurais pas dû le marier, insista Norredine. Ce n’est pas le bon moment. 
-Toi, quand tu t’es marié, tu n’as demandé la permission à personne, lui rappela-t-elle. Alors Djamel et Djamila, c’est normal qu’ils soient ensemble. En plus de s’aimer avant et de se retrouver après tous ces problèmes, leur couple sera plus solide que le tien. Je n’ai de compte à rendre à personne. 
Meriem raccrocha, très remontée après lui. Elle n’avait pas remarqué la présence des mariés. Ces derniers étaient surpris et gardaient le silence.  
-Comme toujours, il veut avoir raison sur tout, dit-elle avant de leur conseiller, ne me faites pas regretter de vous avoir mariés. Prouvez leur que j’ai bien fait. Vous avez compris ?

 


.À SUIVRE


[email protected]
Vos réactions et vos témoignages sont les bienvenus.

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

    • Placeholder

    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00

  • Chroniques DROIT DE REGARD Trajectoire d’un chroniqueur en… Liberté

    Pour cette édition de clôture, il m’a été demandé de revenir sur ma carrière de chroniqueur dans ce quotidien.

    • Placeholder

    Mustapha HAMMOUCHE Publié 14 Avril 2022 à 12:00