Des Gens et des Faits 107e partie

“LE SERMENT”

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Taos M’HAND Publié 26 Juillet 2021 à 17:38

Résumé : Le médecin n’apportait pas de bonnes nouvelles, Djamel était si mal en point qu’il lui demanda d’avertir sa famille. Djamila hésitait à le faire. Elle n’avait pas le cœur à leur dire la vérité. Elle voulait attendre qu’il revienne à lui et qu’il s’en sorte pour le faire. Mais même le chauffeur partageait l’avis du médecin. Après qu’il soit rentré chez lui, elle chercha un taxiphone et appela sa belle-famille. Meriem savait déjà qu’il était arrivé malheur à Djamel. Norredine ne fut pas tendre avec elle. Djamel et elle n’auraient jamais dû se marier. Elle lui portait malheur.

-Vous avez passé la nuit ici !, s’étonna la femme de ménage. Vous n’auriez 
pas dû. 
Djamila grimaça un sourire, ses yeux étaient enflés et rouges à force d’avoir pleuré. La femme de ménage s’assit près d’elle et la serra contre son épaule. Elle lui prit la main et suit les lignes de sa paume.  
-Ma fille, tu as la ligne de la chance. Regarde…
-Wesh men z’har. Raki tchoufi fiya, koul hem fiya.
-Mais si, tu l’as et tu l’ignores. Aujourd’hui, tu auras de bonnes nouvelles, insista la femme de ménage. Il est en vie et il va s’en sortir. Je te le jure sur ce que j’ai de plus cher. J’ai ce don, et je lis l’avenir. Je vous vois ensemble et heureux. Il t’aime autant que tu l’aimes. Jamais il ne renoncera à toi... Malgré tout. 
-Je veux seulement qu’il vive. Même loin de moi… Il ne lui est arrivé que des malheurs. Je promets de rester loin de lui. Maâlich nous nous séparons. Je comprends que sa famille ne veuille pas de moi, ils ont raison.
La femme de ménage la secoua. 
-Arrête de dire des bêtises. Ces embûches sur votre chemin, ne vous arrêteront pas. Rien ni personne ne pourra vous séparer. Anaya rani chouf lewled. Vous allez avoir des enfants.
-Barka men khorti. Tu passes ton temps avec moi au lieu de faire ton travail. Laisse-moi à ma peine. 
-Crois-moi ! Vous partirez ensemble très loin d’ici, promit la femme de ménage. Vous serez heureux, je t’en fais le serment. Je pars gagner ma croute… Qu’Allah vous protège.
-S’Il l’avait fait, mon mari ne serait pas entre la vie et la mort. 
-Ne blasphème pas. Hamdi Rebbi. Il est en vie. Va te rincer le visage, tu vas l’effrayer à son réveil.
La femme de ménage la laissa ruminer sa peine et va effectuer son travail. Djamila se leva et alla se dégourdir les jambes. Elle profita qu’une salle d’eau soit ouverte pour se rafraîchir et se rendit présentable. 
-Ya Rebbi khelili Djamel. 
Elle retourna à sa place lorsqu’elle vit Maître. B accompagné d’un jeune homme. Elle se figea, devinant que c’était Norredine. 
-Bonjour ma fille, j’étais en déplacement, s’excusa-t-il. Sinon je serais venu hier soir. Comment a-t-il passé la nuit ? Comment va-t-il ce matin ?
-Il est en réanimation, je n’ai pas pu le voir, dit-elle, la gorge serrée, évitant le regard de Norredine. Le médecin fera la tournée, j’ignore à quelle heure. Je n’en sais pas plus que vous.
-Inchallah khir. N’aie pas peur, il a vu pire. Djamila, je te présente ton beau-frère.
-Je l’ai eue au téléphone, dit ce dernier, toujours remonté contre eux. Si vous m’aviez écouté, on n’en serait pas là ! J’ai laissé ma mère morte d’inquiétude. Pourquoi vous n’écoutez jamais ?
Maître. B intervint, lui rappelant qu’ils étaient dans un hôpital. Il lui demanda de se calmer. 
-Un peu de retenu, de respect. C’est ta belle-sœur. Et puis, ce qui leur arrive, même toi en étant présent, tu n’aurais pas pu l’en empêcher. Vous avez besoin d’être soudés. Djamel ne doit pas ressentir de l’animosité. Je vous prie de faire un effort. Djamila était prête à fondre en larmes, mais elle respira un bon coup, en apercevant le médecin. Il marchait rapidement, épuisé par sa nuit de garde, craignant d’avoir d’autres cas urgents qui nécessiteraient sa présence.
-Excusez-moi ! Bonjour docteur. Comment va-t-il ?
-Ils vont le monter au service de médecine interne, leur apprit-il. Il va bien, il est sorti d’affaire. En attendant, allez lui acheter des vêtements et prenez lui des tisanes.
-C’est vrai ? J’ai bien entendu ? Il va bien ?, demanda Djamila.
-Oui, oui…
-Merci docteur. Hamdoullah ya Rebbi.
En se tournant, elle aperçut la femme de ménage qui s’éloignait, voulant croire de tout cœur à ses prédictions.

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