Des Gens et des Faits 108e partie

“LE SERMENT”

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Taos M’HAND Publié 27 Juillet 2021 à 16:57

Résumé : Djamila avait passé la nuit aux urgences. La femme de ménage vint lui remonter le moral. Elle lit dans sa main qu’il s’en sortirait et qu’ils vivraient heureux. Ils auront même des enfants. Djamila n’y crut pas un seul instant. Elle fut surprise de voir Maître. B et Norredine arriver. Comme toujours, l’ancien procureur et ami de la famille eut les bons mots pour détendre l’atmosphère. Norredine était toujours remonté contre eux. Djamila vit le médecin qui finissait sa garde. Il leur apprit que Djamel était hors de danger.

-Tu as de la chance que tu sois blessé et que tu reviennes de loin. Je t’aurais mis une sacrée raclée au point que tu la raconterais à tes gosses plus tard. Tu aurais dû y réfléchir à deux fois avant de te rendre au village. Il faut être taré pour se jeter dans la gueule du loup.
Norredine lui tapota le bras ce qui fit gémir Djamel de douleur. 
-Nous étions partis pour quelques minutes, nous ne pouvions pas savoir. Ce qui compte, c’est qu’ils n’aient pas eu le temps de s’en prendre à Djamila. Le chauffeur avait bien fait de démarrer.
-Vous avez eu de la chance, dit Maître. B avant de s’adresser à Norredine. Cette fois, tu le prends avec toi. Ne le laisse pas. La situation me dépasse. Djamel, ne le prends pas mal, mais il faut que tu partes d’ici. Ta femme te rejoindra un jour. Je te promets de l’assister dans toutes les démarches.
-Vous parlez à une tête de mule, s’écria Norredine. Il nous donne des soucis. Si vous voyez l’état de maman, elle va devenir folle d’angoisse. Ya khoya, mon frère, ne le fais pas pour moi ou pour toi. Fais-le pour notre mère pour nos parents. Même ta femme partage mon avis, j’en suis sûr. 
Djamila approuva. Elle était prête à se séparer de lui pour son bien. 
-Ils ont raison, dit-elle. Djamel, il est question de sécurité. Regarde, nous sommes venus qu’une fois et regarde où cela t’a mené. Je ne supporterais pas de te perdre. Tu es mon mari et je n’ai que toi. Je te rejoindrais, je te le jure. Je te le promets. Si tu m’aimes, pars. 
-Vous ne pouvez pas me forcer à partir, répliqua Djamel. Je ne peux pas me séparer de ma femme. 
-C’est pour notre bien, insista cette dernière. Je te rejoindrais. Après, nous ne nous quitterons plus, promit-elle. Sauve-toi, selek rouhek. Fais- le pour nous tous. Sinon, c’est moi qui partirai et tu ne me reverras plus jamais. 
Djamel savait qu’elle ne plaisantait pas. Deux semaines plus tard, il se prépara à partir avec son frère. Djamila allait vivre chez la fille de Maître. B, à Alger-Centre, en attendant de le rejoindre. Les au-revoir ressemblaient beaucoup plus à des adieux. Ils se promirent de s’appeler souvent. Tous deux pleurèrent au moment de se séparer, se demandant si vraiment un jour, ils se retrouveront comme ils se l’étaient promis. 
Djamel rejoignit sa famille. Norredine regagna sa femme, soulagé que la famille soit au complet et en sécurité. Se présentant comme victime du terrorisme, il déposa une demande d’asile qui fut accepté au bout de quelques semaines. Dès que Djamila obtint ses pièces d’identité, elle demanda un visa, dans le cadre du regroupement familial. Lorsqu’elle l’eut, elle crut rêver. Les préparatifs du départ passèrent rapidement comme dans un rêve. Ils attendaient ce jour-là depuis si longtemps qu’ils commençaient à désespérer.
-S’ils avaient refusé, je me serais rendu en Tunisie où tu m’aurais rejoint. On y aurait vécu ! 
-Plus besoin de faire des plans, cette fois, nous allons vraiment nous retrouver. Si Allah le veut, ce sera pour toujours. 
La fille de Maître. B, Amel, tint à l’accompagner à l’aéroport. Elles sont devenues de vraies amies et l’heure de séparation les fit pleurer. Elles se promettaient de s’écrire et de s’appeler. Djamila ne les oubliera jamais. Elle leur sera reconnaissante à vie. 
Dans l’avion qui l’emmenait loin du pays où elle avait perdu sa famille et son innocence, elle se rappela ces mois passés au maquis, entre les mains des terroristes, à côtoyer la mort. Sa famille et tant d’autres avaient abandonné la terre de leurs ancêtres pour fuir la mort et la désolation.  
Chaque jour était marqué par des assassinats et les attentats. Maintenant qu’elle partait, même si elle était heureuse de retrouver Djamel, elle pleurait ce pays cher à son cœur, sa famille qu’elle n’avait pas revue, mais qu’elle espérait en vie et en sécurité. Un jour, elle les retrouverait.

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