Des Gens et des Faits 109e partie

“LE SERMENT”

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Taos M’HAND Publié 28 Juillet 2021 à 17:18

Résumé : Norredine était très remonté contre son frère. Il était décidé à l’emmener à l’étranger. Maître. B et Djamila le raisonnèrent. Djamila menaça de disparaître dans la nature s’il ne partait pas. Leur séparation fut éprouvante, mais nécessaire. Djamila resta chez Amel, la fille de Maître. B, le temps d’obtenir des pièces d’identité et le fameux visa qui allait lui permettre de rejoindre son mari. Dans l’avion, les souvenirs affluèrent. Tel un film, elle revit tous les évènements bouleversants. Elle pleurait sa famille et son pays, tous deux lui sont si chers.

La nouvelle vie qui l’attendait aurait pu rendre heureuse plus d’une. Sa belle-famille l’accueillit très bien et fut prévenante avec elle. Djamel ne cachait pas sa joie. Son amour mit du baume au cœur. Elle finit par oublier cette douleur sourde. Le fait d’ignorer où se trouvait sa famille et comment ils vivaient, la rendait triste, même dans les moments de joie. 
-C’est incroyable ! C’est à croire que ta présence lui fait plus de bien que tous ces traitements, remarqua Meriem. Merci pour tout Djamila. Tu es un ange ! Je comprends pourquoi Djamel ne voulait pas se séparer de toi. 
-C’est avec plaisir que je m’occupe de mon oncle Fayçal. C’est aussi mon père maintenant. Vous êtes ma seule famille.
-Un jour, tu retrouveras la tienne. Et tu en auras une aussi en ayant des enfants. J’ai hâte de pouvoir les câliner.
-En attendant, j’ai d’autres priorités. Remettre mon beau-père sur pied.
Les efforts ne furent pas vains. Au bout de quelques mois, il allait beaucoup mieux. Il reparlait lentement, mais il s’exprimait. Les médecins parlaient même de miracle. Fayçal se déplaçait maintenant avec un déambulateur. Djamila l’emmenait au parc prendre l’air lorsque sa belle-mère s’absentait deux ou trois jours, pour profiter de ses filles qui habitaient dans un autre département. 
Djamel étudiait et travaillait après les cours. Il encouragea sa femme à en faire autant. 
-Tu dois penser à l’avenir, mon père va mieux grâce à toi. Ma mère ne doit pas toujours compter sur toi, c’est son devoir.
-Ce n’est rien. J’aimerais avoir la chance de m’occuper de mes parents, dit-elle. Tu crois que je les reverrais un jour ?
-Inchallah… Nous nous sommes bien retrouvés à un moment où nous n’y croyons plus. Je te croyais morte… Hamdoullah, tu es vivante. Il faut aller de l’avant. Suis mes conseils et donne un second sens à ta vie. 
Djamila finit par accepter et suivit une formation d’agent commercial. Ils avançaient dans la vie, soudés et toujours aussi amoureux. Même s’ils cachaient la douleur, derrière les sourires forcés. Djamel envoyait de l’argent à Mounir pour aider la famille de son cousin. 
Ses erreurs, qu’il ne se pardonnait pas dans le fond, avaient aussi gâché l’avenir de sa sœur. Mais il ne pouvait pas arranger les choses.  De son côté, Djamila suivait l’actualité du pays de près. Elle tremblait à chaque attentat. Certains reportages parlaient de ces familles qui fuyaient la barbarie, des journalistes et des intellectuels qui avaient pu s’exiler dans des pays européens, comme eux… Même si elle était bien entourée, même si elle ne manquait de rien matériellement, son unique rêve était de retrouver sa famille. Au fil des années, la paix revint. Djamila qui avait gardé contact avec Amel et son père, apprit que l’État avait encouragé et aidé financièrement des familles à retourner chez eux, améliorant leur qualité de vie. Les vieilles pistes avaient été bitumées. Le développement des zones rurales reculées permit aux hameaux d’avoir de la lumière et de l’eau dans les foyers. Les habitants eurent le sentiment que le pays était maintenant libre et indépendant. Le destin de leur région n’avait pas changé après le départ des forces coloniales. Des écoles primaires y furent construites. Les enfants n’avaient plus à faire des kilomètres à pied pour s’instruire. Djamila se rappela que Louisa et elle, et tant d’autres jeunes marchaient une dizaine de kilomètres pour rejoindre les établissements scolaires de la commune. 
-Ce sont de bonnes nouvelles. Savez-vous si ma famille est revenue ? Mes oncles ? Mes tantes ? 
-On sait qu’ils sont nombreux à avoir retapé leurs maisons et d’autres ont même reçu une aide afin de réaliser une auto-construction. Des petits logements ont poussé comme des champignons, ici et là. La vie a repris son cours normal ici.
Djamila était heureuse pour eux. Si seulement sa famille réapparaissait. C’était elle qui leur offrirait un appartement.  
-Dès que j’aurais le temps, j’irais à la commune. Ils ont recensé les revenants. S’ils sont dans la région je le saurais. Je t’appellerais dès que j’ai du nouveau, promit-il. 
Djamila le remercia du fond du cœur. Elle savait qu’elle pouvait compter sur lui. L’espoir la laissait éveillée de longues nuits. Lorsqu’elle mit au monde son premier enfant, elle pleura de ne pas avoir sa famille près d’elle pour partager sa joie. Djamel eut du mal à la réconforter. Maître. B tardait à les rappeler et lorsqu’ils appelèrent au bureau ou bien même sa fille, ils apprirent qu’il avait pris un congé. Djamila râla longtemps, ne comprenant pas pourquoi il n’avait pas fait une priorité de son cas.

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